Question 7 - Causalité et Une pensée trois mille

Question 

Quelle compréhension pouvons-nous avoir de la causalité (cause et effet) dans la doctrine d’ichinen sanzen ? La compréhension parfaite, absolue.

Réponse

Le bouddhisme enseigne que tout phénomène existant est le résultat d'une cause précédente et que tout effet futur dépend de la cause présente. Cette notion est appelée "Loi de la causalité" ou "Principe du karma" (karma signifiant « acte »). Selon le bouddhisme, nos actions (physiques, verbales et mentales) ont des conséquences qui déterminent notre avenir. La Loi de la causalité permet aux gens de comprendre comment les actions et les pensées créent leur propre réalité et comment ils peuvent travailler pour améliorer leur existence future.

Dans son Abhidharmakośa sastra, Vasubandhu parle de « cause acquise » et de « effet acquis », indiquant une continuité entre les différentes causes et leurs effets. Un moment antérieur de chaque état psychique est cause semblable des moments postérieurs de cet état psychique, de la même manière que le blé est cause du blé et non pas du riz.

Dans les Notes sur les significations du Sutra du Lotus (Hokke giki) Fa-Yün écrit :

« la mauvaise cause, la bonne cause ou la cause neutre générées dans une pensée se poursuivent telles quelles dans la pensée suivante, devenant bon effet, mauvais effet ou effet neutre ».

Dans son Traité sur la transmission des trois enseignements secrets, au chapitre de la Définition quantitative d’Une pensée trois mille, Nichikan Shōnin explique les Dix ainsi de la manière suivante :

« Les dix Ainsi sont l'aspect, la nature, la substance, l'énergie, la production, la cause, la condition, l'effet et la rétribution.

"Ainsi est l’aspect" (Nyoze sō), évoque la manifestation de chaque monde, avec, par exemple, un air malsain à l’instant suprême (la mort) représentant l'enfer et une allure radieuse représentant les cieux.

"Ainsi est la nature" (Nyoze shō), indique la nature bonne ou mauvaise des dix mondes. La nature s'inscrit dans les pensées les plus intimes d'une personne et reste inchangée jusqu'à la vie suivante ».

Il est important de noter que "Ainsi est la nature" fait référence à la manière dont la nature, bénigne ou malfaisante des dix mondes est profondément ancrée dans l'esprit de chaque être, représentant des propriétés et des caractéristiques transmises non seulement dans cette vie, mais aussi dans les vies à venir, restant immuables.

« "Ainsi est la substance" (Nyoze tai), représente le corps-même de chacun des dix mondes, sa racine, son essence.

"Ainsi est l’énergie" (Nyoze riki), représente la capacité à agir de chacun des dix mondes, sa compétence intrinsèque.

"Ainsi et la production" (Nyoze sa), représente les actions bonnes ou mauvaises exercées par le biais de nos trois formes d’actes ».

Ce passage signifie que "Ainsi est la production" représente les actions bonnes ou mauvaises exercées physiquement, verbalement et mentalement.

« Il y a des causes acquises et des effets acquis dans le bien et le mal. La pensée précédente est la cause, la pensée suivante est l’effet ».

En somme, les "causes acquises", sont le fruit d'actions et de pensées si souvent répétées qu'elles deviennent une partie intégrante de notre être au point de devenir une habitude profondément ancrée dans notre corps et notre esprit. C'est ainsi que, par conséquence, nous voyons se produire un effet régulier et ininterrompu, fruit de ces causes acquises.

Ainsi, pour chaque bien ou mal que nous pouvons ressentir, il y a une cause qui est devenue une habitude incrustée en nous, ainsi qu'un effet qui découle de cette habitude. Les pensées et les sentiments qui nous poussent à agir proviennent de ces causes acquises, qui sont profondément enracinées en nous. Ainsi, ces causes et ces effets sont indissociables et c'est en comprenant ce processus de causes acquises qui influencent notre vie que nous pouvons espérer changer les effets que nous en ressentons.

« En conséquence, il peut être dit que les pensées pernicieuses engendrent le mal, tandis que les pensées bénéfiques sont à l'origine du bien. Les pensées qui viennent par la suite, qu'elles soient bonnes ou mauvaises, sont le fruit de pensées précédentes. C'est ainsi que la première pensée est la cause acquise, qui, comme le dit l’axiome, "Ainsi est la cause", tandis que les pensées qui lui succèdent sont les effets acquis, qui, de la même manière, se traduisent par l’axiome "Ainsi est l’effet" ».

En d'autres termes, il peut être affirmé que les mauvaises pensées et les sentiments pernicieux produisent des effets funestes, alors que les bonnes pensées et les sentiments bénéfiques entraînent des effets bénéfiques. Les pensées et les sentiments qui se présentent plus tard, qu'ils soient bons ou mauvais, sont causés par les pensées et les sentiments qui ont précédé l'action.

Ainsi, les pensées et les sentiments qui précèdent l'action sont considérés comme "Ainsi est la cause", ayant pris racine dans notre esprit et notre corps et devenus une cause acquise, tandis que les pensées et les sentiments qui découlent de l'effet de l'action sont appelés "l'effet acquis" et sont décrits comme "Ainsi est l'effet".

« La condition qui vient enrichir la substance des actes bons et mauvais est "Ainsi est la condition" ».

La condition qui agit en tant que médiateur, renforçant la cause et l'effet, est connue sous le nom de "Ainsi est la condition".

« En conséquence des actes karmiques, résultant des causes acquises et des effets acquis, la juste récompense, qu'elle soit bénéfique ou pernicieuse, est appelée "Ainsi est la rétribution" ».

La récompense bénéfique ou pernicieuse, qui découle des actes vertueux ou malveillants, causés par les effets nés des causes acquises ancrées dans le corps et l'esprit, est connue sous le nom de "Ainsi est la rétribution".

« Considérez le premier (Ainsi) "l’aspect" comme l’origine, et le dernier, "la rétribution" comme la fin. La substance de cette origine et de cette fin, qui est l’aspect véritable de la voie du milieu, est appelée "l'égalité totale de l’origine à la fin" (Honma’ku kyō tō) ».

Cela signifie que depuis "Ainsi est l’aspect" jusqu'à "Ainsi est la rétribution", tout cela est contenu et maintenu dans une seule pensée, qu'il s'agisse d'une activité, d'un comportement ou d'une apparence, et qu'ils sont tous en parfaite harmonie et cohérence.

Dans ses commentaires, le 59ème grand patriarche Nichikō Shōnin indiquait :

« Pour ce qui est de "Nyoze" (Ainsi), "Nyo" possède le sens de "Vacuité" et de "Vérité". "Ze" possède le sens de "conditionné" et de "phénoménal". Si l’on fusionne les deux idéogrammes "Nyoze", on obtient alors le sens du milieu.

Constituant la triple vérité de la Vacuité, de la Conditionnalité et de la Médianité, l’aspect, la nature, la substance et tous les dix Ainsi représentent le véritable aspect de la Vacuité, de la Conditionnalité et de la voie du Milieu.

  • L’"aspect" est ce qui est visible de l'extérieur, c'est-à-dire l’apparence.
  • La "Nature" est ce qui est à l'intérieur et ne peut être vu, c'est-à-dire la nature immuable.
  • La "substance" est le support du corps, composé de l’aspect externe et de la nature interne, comme les deux faces d'une même pièce.
  • L’"énergie est la force motrice et la "production" est la manifestation de l’énergie.
  • La "cause" est la cause principale, la "condition" est la cause auxiliaire.
  • Dans la relation entre l’"effet" et la "rétribution", l’effet est le résultat inévitable et la rétribution est la récompense inévitable ».

L'écart entre la notion de "l'effet" et celle de "la rétribution" réside en ce que "l'effet" se manifeste précédemment, tandis que "la rétribution" intervient plus tard. "L’effet" est latent (insidieux, se cachant aux yeux) tandis que "la rétribution" est manifeste (évidente et compréhensible).

De plus, "la rétribution" est composée de deux éléments distincts : "la rétribution du principal", représentant les êtres sensitifs qui habitent les dix mondes, et "la rétribution du support", qui est l'environnement non-sensitif dans lequel les êtres sensitifs vivent. Les êtres sensitifs eux-mêmes sont subdivisés en deux catégories : nous, constitués des cinq agrégats (forme, perception, conceptualisation, réaction et conscience) et les autres êtres. Par conséquent, on peut affirmer que "la rétribution" est formée de trois domaines distincts : les cinq agrégats, les êtres et l'environnement non-sensitif. Enfin, ces éléments font partie intégrante de la doctrine de "Une Pensée Trois Mille", de sorte que l'on peut dire que tout, y compris nous et notre environnement, n'existent qu'à partir du moment où nous en prenons conscience, et non en dehors de notre "Une Pensée".

Dans le Gosho Sur les présages, Nichiren Daishōnin écrit à ce sujet :

« Les dix directions représentent la rétribution du support ; les êtres représentent la rétribution du principal. La rétribution du support est comme l’ombre ; la rétribution du principal est comme le corps. Sans corps, il ne peut y avoir d’ombre, sans la rétribution du principal, il n’y a pas de rétribution du support. De plus, la rétribution du principal crée également la rétribution du support ».

 

Cette dernière phrase « la rétribution du principal crée également la rétribution du support » est bien la preuve que ce que nous percevons et croyons se situer à l’extérieur de nous-même n’est que « reflet » de notre Une pensée.

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