Question 5 - La fiabilité des conciles

Question

Du fait que le Bouddha n'a rien écrit lui-même, n'y a-t-il pas eu des déviations ? Qu'est-ce qui rassure que ces compilations soient fidèles aux enseignements du Bouddha ?

 

Réponse

Les premières écritures bouddhistes sont basées sur une compilation effectuée après sa mort, des sermons et des enseignements donnés pendant 50 ans par Gautama Bouddha, le fondateur du bouddhisme. Voici quelques-unes des caractéristiques uniques de sa méthode de prédication.

  1. En tant que prédicateur, l'approche fondamentale du Bouddha consistait à se faire une idée du caractère de son auditoire (traits de personnalité tels que la disposition d'esprit, la capacité à comprendre, le type, le degré et le contenu du problème à résoudre, et la réceptivité) sur la base de la vérité qu'il avait acquise et à donner des enseignements efficaces de manière opportune, souple et immédiate en réponse à ces traits.
  2. D'autre part, les disciples et les adeptes du Bouddha qui écoutaient ces enseignements oraux les comprenaient sur la base de leurs propres racines et, dans la mesure où ils étaient capables de comprendre le contenu en termes qualitatif et quantitatif, ils le gravaient dans leur esprit. Cette attitude et cette méthode d'écoute sont symbolisées par la phrase bien connue "ainsi ai-je entendu", que l'on retrouve au début de nombreux sutras existants.

Dans ces circonstances, les enseignements oraux du Bouddha n'ont été accumulés que de mémoire par ses disciples et ses adeptes, mais le contenu complet était naturellement divers et varié en niveau.

Par conséquent, après la mort du Bouddha, la nécessité de maintenir et de transmettre l'ensemble de ses enseignements (enseignements posthumes) en tant que "doctrines bouddhistes", avec leur contenu confirmé avec précision par ses disciples survivants, avant qu'ils ne soient perdus en raison de la mort et de la disparition de la mémoire, a été fortement reconnue. Les entreprises les plus importantes et les plus urgentes de l'ordre bouddhique à cette époque furent appelées rassemblements (saṅghīti, saṅghāyana) et furent réalisées peu après la mort du Bouddha. Au cours de la longue histoire du bouddhisme, qui s'étend sur quelque 2 500 ans, d'autres rassemblements ont été organisés, six fois au total, en fonction de la situation historique et sociale et des besoins de l'Ordre. Le premier de ces rassemblements est historiquement connu sous le nom de "premier concile". Ces rassemblements se sont poursuivis en Inde, au Sri Lanka, au Myanmar (Birmanie) et dans d'autres pays bouddhistes Theravada du sud.

Le premier rassemblement aurait eu lieu peu après la mort du Bouddha, réunissant 500 anciens à Gijjhakūṭa dans la banlieue de Rājagrha, la capitale du Magadha, dans le nord de l'Inde à l'époque.

Cette assemblée était présidée par Mahākāśyapa, qui dirigea l'ordre bouddhique après la mort du Bouddha. Les enseignements posthumes du Bouddha y furent rassemblés dans le "Dharma" et les "Commandements" (Vinaya).

Le Dharma était centré autour de Ānanda, qui fut toujours le plus proche assistant du Bouddha pendant de nombreuses années et eut la plus grande opportunité d'entendre ses enseignements en personne. D'ailleurs, lorsque les dix disciples aînés du Bouddha furent loués en tant que "Dix Disciples Majeurs" à une époque ultérieure, le fait qu'Ananda et Upali aient été cités comme étant respectivement le "Meilleur en nombreuses écoutes" et le "Meilleur dans le respect des commandements" est considéré comme une bonne illustration de leurs caractéristiques exceptionnelles. Quoi qu'il en soit, c'est dans cette première assemblée que les enseignements posthumes du Bouddha ont été compilés et rassemblés pour la première fois, avec la confirmation et l'accord de nombre de ses plus éminents disciples. Ces textes ont ensuite été progressivement étendus et organisés pour former les premières écritures bouddhistes Pali (Sanzō, Tripiṭaka) qui constituent la triple corbeille, le noyau originel des doctrines et enseignements bouddhistes actuels.

Ainsi, les enseignements uniquement oraux du Bouddha furent compilés après sa mort sur la base de la mémoire de ses disciples, en particulier de son cousin et fidèle assistant Ananda.

Vu d’aujourd’hui, on est peut-être en droit de se demander « est-ce qu’Ananda a bien tout entendu, tout compris et retransmis fidèlement les enseignements du Bouddha sans y ajouter ses propres interprétations » ? « Est-ce que les scribes ont bien retranscrit ce qu’ils entendaient d’Ananda, sans faire de fautes ou d’extrapolation » ? Et puis, plus tard, ces sutras, commandements et traités furent traduits en Chinois avec plus ou moins de maestria. Alors oui, est-ce que tout ça reflète bien l’enseignement du Bouddha ?

A mon avis, les capacités physiques et mentales des humains vivant il y a trois mille ans et celles de ces mêmes humains (nous) vivant aujourd’hui ne sont pas comparables. Que ce soit en Inde, au Japon ou en Europe, à l’époque où les voitures n’existaient pas et que le seul moyen pour se déplacer était la marche à pied, parcourir des centaines de kilomètres était normal et ne faisait peur à personne. « Il y a douze jours de marche de Kamakura à Kyōto », ce qui fait en réalité 491 kilomètres. Qui parviendrait à parcourir cette distance à pied aujourd’hui ? Qui déjà l’envisagerait ?

Je suppose que c’est la même chose pour les capacités mentales, mémorielles etc. A l’époque où il n’y avait rien pour écrire, la seule façon d’apprendre était d’abord d’écouter et, en même temps de faire fonctionner sa mémoire. Et puis, il ne faut pas oublier la chose sans doute la plus importante : Ananda, Upali et tous les autres, non seulement écoutaient le Bouddha, l’entendaient, mais en plus, ils pratiquaient tel qu’il leur enseignait. Cette relation de maître à disciple, vivant ensemble, pratiquant ensemble faisait que l’éveil des disciples se rapprochait de plus en plus de celui du maître. Shariputra (Sharihotsu) le « premier en sagesse » comprit l’enseignement du Bouddha à l’écoute des dix ainsi du chapitre des Moyens. Quatre autres grands disciples, Maudgalyayana, Mahākāśyapa, Kātyāyana et Subhūti le comprirent en écoutant la parabole de la maison en feu et des trois véhicules du chapitre Parabole. Le reste des disciples et des auditeurs comprirent l’enseignement du Bouddha en entendant la causalité du passé des trois mille grains de poussière d’éon du chapitre de la Ville transitoire. On ne peut absolument pas faire de comparaisons avec nous.

Les vingt-quatre successeurs de Shakyamuni ont progressivement fait évoluer la doctrine bouddhique en la précisant, en l’adaptant au temps. Plus tard, Zhiyi, Dengyō (tous deux renaissances du bodhisattva Roi-des-Remèdes à qui Shakyamuni confia la mission de propager le Sutra du Lotus dans la période de la Semblance du Dharma) la firent encore évoluer avec le principe d’Une pensée trois mille (ichinen sanzen), jusqu’à ce que Nichiren Daishōnin apporte la touche finale en inscrivant le Dai Gohonzon, matérialisation d’Une pensée trois mille.

 

Il y a donc une continuité de Shakyamuni à nos jours, certes basée en premier sur les capacités mémorielles des premiers disciples, mais qu’on ne peut mettre en doute.

 

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