Question n° 4

Avons-nous des vies antérieures ?

Question

Je discute quelquefois avec des pratiquants de l'étude, et on me parle souvent des vies antérieures, de la réincarnation.

Il me semble que ça appartient plus à l'enseignement de Shakyamuni, car Nichiren Daishōnin ne parle que du présent et du futur

Dans l'assise IV, "la multitude des obstacles dus aux offenses au Dharma accumulées au cours des très anciens éons passés...", on peut penser qu'il y a des vies antérieures.

Voilà j'aimerais bien avoir un avis éclairé.

Réponse

Certes, en haut à droite du Gohonzon, il est inscrit « i gen to nise », ce qui signifie « pour les deux phases du présent et du futur » et on retrouve la même expression dans la quatrième assise des méditations : « Et qu’aux deux phases du présent et de l’avenir, s’accomplisse le grand vœu de l’éveil merveilleux ».

Toutefois, ce n’est pas pour autant que Nichiren Daishōnin ne parle pas du passé, des vies passées.

Dans le Traité qui ouvre les yeux, il écrit :

« Si vous voulez connaître les causes du passé, regardez les effets du présent. Si vous voulez connaître les effets de l'avenir, regardez les causes du présent ».

Toujours dans le Traité qui ouvre les yeux, il écrit encore :

« En réprimandant avec force les offenseurs du Dharma pullulant dans le pays, j’ai subi ces grandes difficultés. C’est sans doute parce que mes actes pour protéger le Dharma dans cette vie, ont fait apparaître les rétributions de mes graves fautes du passé ».

Ou encore, dans la Réponse à Dame nonne Sen’nichi datée du 28 juillet de la 1ère année de Kōan (1278) il écrit :

« Dans le Sutra du Lotus, il est dit que ceux qui ont fait des offrandes à cent mille millions de bouddhas dans le passé sont ceux qui n’abandonnent pas la pratique dans cette vie. Si c'est le cas, vous êtes une femme qui a fait l’offrande à cent mille millions de bouddhas ».

Je n’ai pas dénombré tous les autres nombreux exemples.

Effectivement, Shakyamuni a enseigné que la vie se poursuit dans les trois phases de passé, du présent et du futur et cette notion d’éternité étant entendue comme un fait établi, Nichiren Daishōnin n’avait pas besoin d’en parler davantage.

Considérons le "continuum de la vie" du point de vue de la raison.

Tout d'abord, je voudrais considérer le fait que la vie est continue dans les trois phases du point de vue des principes généraux.

Dans la science actuelle, il existe la loi de l'invariance de la masse.

Cette loi stipule que la masse absolue de la matière dans l'univers reste la même, ce qui implique que même si sa forme change, le nombre de molécules qui la composent est invariant. Par exemple, si vous mettez le feu à une feuille de papier et que vous la brûlez, elle se transforme en cendres et cesse d'exister sous forme de papier. Est-elle pour autant devenue "rien" ? Les molécules qui composaient le papier se combinent avec l'oxygène de l'air (c'est ce qu'on appelle la combustion) et le papier se transforme en cendres, mais les molécules qui composaient le papier ne disparaissent pas, ni ne diminuent. Elles se sont simplement combinées à l'oxygène et ont pris une forme différente. C'est ce qu'on appelle la loi d'invariance de la masse.

Par conséquent, tous les êtres de l'univers existent éternellement selon la loi de l'invariance de la masse, ce qui signifie que même s'ils changent de forme, ils ne disparaîtront jamais. Alors, pourquoi seule la vie ne serait plus rien lorsqu'elle meurt ?

À l'instar de cette "loi d'immuabilité de la masse", le Dharma du Bouddha enseigne que nos vies existent éternellement, changeant de forme en passant de la vie à la mort et à nouveau de la mort à la vie.

On peut certes émettre alors le doute suivant : La "loi d'invariance de la masse" considère que la vie est séparée du corps et que si le corps peut se transformer en d'autres molécules et rester immuable selon la "loi d'invariance de la masse", la vie, elle, n’étant "ni rien ni être", elle ne possède pas de masse.

Considérons alors le "continuum de la vie" dans les trois phases du point de vue du Bouddhisme.

Tout d'abord, parlons de "l’existence des vies antérieures". Nous sommes tous nés en ce monde avec des différences naturelles ou de circonstances de naissance différentes. Par exemple, certaines personnes sont nées dans une famille riche, d'autres dans une famille pauvre, certaines sont nées avec un corps sain, d'autres avec des handicaps, certaines sont nées avec une nature douce, d'autres avec un tempérament violent.

Ainsi, chaque personne naît dans des circonstances différentes et, à tous points de vue, aucune ne peut être exactement la même qu’une autre.

Alors pourquoi cette différence à la naissance ? L’erreur serait de penser que si nous sommes nés pauvres, c’est la faute des riches, que si nous sommes nés handicapés, c’est la faute des parents, que si nous avons mauvais caractère, c’est la faute de la société.

En fait, tout ce qui existe dans le monde a une cause et un effet. Parce qu’il y a des causes, il y a des effets. Il ne peut y avoir d’effet sans cause. Reconnaître la cause et l'effet en toutes choses s'appelle "la raison" ou "la logique". Si tel est le cas, même si une personne naît avec un handicap, dans la pauvreté ou avec des parents qui se disputent constamment, ce ne sont que des effets, et il doit y avoir une cause qui les a provoqués avant cela.

Dès lors, où sont donc les causes ? Si nous naissons avec une différence, cela signifie que la cause qui a généré l’effet était là avant notre naissance.

L’autre erreur serait de penser que c’est la volonté d’un Dieu, le hasard ou la destinée, ce qui annihilerait en nous toute velléité de transformation et pire, d’en rejeter la faute sur les autres.

Nous devons donc dire qu'il y a eu une vie antérieure, que notre mode de vie et notre conduite dans cette vie antérieure en sont la cause et que nous avons reçu ces effets à la naissance.

Ensuite, en ce qui concerne la question de savoir s’il y a une vie ou non après la mort, le bouddhisme enseigne que, si vous commettez des offenses au Dharma au cours de votre vie, vous tomberez en enfer après votre mort, mais si vous pratiquez l’enseignement correct et accumulez des œuvres et vertus, vous pouvez non seulement éliminer les causes karmiques du malheur et être heureux dans cette vie, mais aussi les porter avec vous jusqu'après votre mort. En d'autres termes, c'est l’état de vie de la bouddhéité impliquant que même après la mort, on peut jouir d'un sentiment de bonheur reposant.

Pour preuve, une différence marquée apparaît sur le corps d'une personne décédée. Cela se traduit par l’aspect de l'enfer si elle est tombée en enfer, et l’aspect de la bouddhéité si elle a atteint la bouddhéité.

Passons à présent à l’explication de la première partie de l’assise quatre : « Que la multitude des obstacles dus aux offenses au Dharma accumulées au cours des très anciens éons passés et jusqu’à ce jour, voient leur extinction ».

Les obstacles dus aux offenses au Dharma sont des obstacles à la bouddhéité causés par nos actes karmiques négatifs ou nos mauvaises actions qui entravent la voie vers la bouddhéité. Ils font référence aux mauvaises actions et aux offenses au Dharma accumulés par les êtres depuis des temps immémoriaux, qui entravent la pratique du bouddhisme et empêchent l'accès à la bouddhéité.

Parmi toutes les mauvaises actions que nous avons pu commettre dans nos vies passées, l’offense au Dharma est la plus grave.

Dans son écrit sur les Différences entre le Petit et le Grand véhicules, Nichiren Daishōnin énonce :

« Cela fait à présent plus de deux cents ans que nous sommes entrés dans la Fin du Dharma. Tous ceux qui ont reçu l’ensemencement du Sutra du Lotus dans le passé et le présent ont finalement complètement disparu. Et même si quelques-uns ayant reçu l’ensemencement subsistent, le pays est rempli d'un nombre infini de personnes ayant commis de grands méfaits mondains et offensé le Dharma dans l’extra-mondain. Aussi, ils sont comme verser une petite quantité d’eau dans un grand feu, introduire une flammèche dans beaucoup eau, comme de l'eau douce dans le grand océan et l'or dans la terre, il n'y a que du mauvais karma, il n'y a pas de bon karma dans le passé, ni de bon karma dans le présent ».

En outre, dans la Lettre aux frères, il écrit :

« Ne doutez pas du fait que vous ayez commis l’offenses au Dharma dans le passé ».

Comme l’affirme Nichiren Daishōnin, les êtres nés dans la Fin du Dharma ont accumulé de graves offenses au Dharma depuis des très anciens éons passés.

En ce qui concerne la nature des obstacles venant entraver notre pratique menant à la bouddhéité, j’en ai déjà parlé dans la question numéro 1 de notre première réunion, aussi, ne vais-je pas revenir sur le sujet.

Voyons plutôt comment s’opère l’extinction des obstacles dus aux offenses au Dharma et l’atteinte de l’éveil par le fait de recevoir et de garder le Dharma merveilleux.

Dans Lettre de Sado, Nichiren Daishōnin écrit :

« Si je suis persécuté de la sorte, c’est en raison de mes actes karmiques précédents. (…) Mon exil actuel n’est pas dû à un crime séculier. C’est seulement de cette façon que je pourrai effacer en cette vie mes graves fautes passées et me libérer des trois mauvaises voies dans la prochaine ».

Nichiren Daishōnin parle ici du point de vue d'un homme ordinaire, suggérant que lui-même a subi la grande épreuve de l'exil sur l'île de Sado uniquement pour la cause de la propagation du Dharma merveilleux et qu'il a ainsi détruit le mauvais karma de ses graves péchés.

Ses paroles d'or enseignent que tous les êtres éprouvent de grandes souffrances physiques et mentales en raison de leurs divers actes karmiques, et qu'à leur mort, ils tombent dans l'enfer aux souffrances sans intermittence. Toutefois, Nichiren Daishōnin dit aussi que si l'on reçoit avec foi le Dharma correct et que l'on continue à pratiquer le shakubuku malgré les persécutions et les calomnies, les œuvres et vertus de ce shakubuku permettent au lourd karma des fautes du passé de se manifester dans un premier temps, puis de le purifier et de l’effacer.

En d'autres termes, lorsque nous, qui avons accumulé les offenses au Dharma depuis des temps immémoriaux, gardons le Dharma correct et pratiquons shakubuku, divers obstacles, ou entraves dues à nos fautes se produisent en raison de notre lourd karma d’offenses. Cependant, ce n'est rien d'autre que l'apparition de la grande souffrance que nous devrions normalement subir en enfer et qui est allégée dans cette vie grâce aux grandes œuvres et vertus d'avoir reçu avec foi le Dharma correct.

Dans la Transmission orale de la doctrine, Nichiren Daishōnin enseigne :

« Les obstacles karmiques qui découlent des actions de nos six racines sont innombrables et tombent sur nos vies comme le givre et la rosée. Cependant, on peut dire que lorsque le soleil se lève et brille, le givre et la rosée disparaissent instantanément. Le soleil de la sagesse est Nam Myōhōrengekyō que Nichiren Propage à présent dans la Fin du Dharma ».

Ou encore, dans le dialogue entre un Saint et un sot, il écrit :

« Lorsque l’on récite avec respect Nam Myōhōrengekyō, quelle faute resterait ineffacée ? Quel bonheur manquerait de se produire ? C’est vrai, c’est profond, vous devez le recevoir avec foi ».

Comme l’affirme Nichiren Daishōnin, si nous croyons fermement en son enseignement et récitons le Daimoku Nam-Myōhōrengekyō pour la pratique personnelle et la conversion d’autrui, il n'y a absolument aucun karma de fautes qui ne puisse être effacé. Toutes les graves fautes peuvent être effacées comme la rosée du matin à la lumière du soleil.

Comme nous l’avons vu le mois dernier dans la première question concernant les démons et les divinités, Nichiren Daishōnin écrivait aux frères Ikegami :

« Si vous parlez de cette doctrine, les démons ne manqueront pas d’apparaître. S’ils n’apparaissaient pas, il n’y aurait aucun moyen de savoir qu’il s’agit de l’enseignement correct. Dans le même cinquième volume on peut lire : "À mesure que la pratique et la compréhension s’approfondissent, trois obstacles et quatre démons émergent sous des formes trompeuses, rivalisant les uns avec les autres. Il ne faut pas leur obéir, ni s’en effrayer. Leur obéir nous mènerait dans les mauvaises voies. S’en effrayer nous empêcherait de pratiquer l’enseignement correct". »

L'apparition de divers obstacles et démons est due au fait que le Dharma de Nichiren Daishōnin est le seul Dharma correct, et c'est aussi une preuve du progrès de la pratique de la personne concernée. C'est alors qu'il est important d'inspirer enfin une foi forte et d'affronter les obstacles et démons. Si nous les craignons et sommes submergés, nous nous retirerons assurément de la pratique et, à cause de ce grave karma d’offense au Dharma, nous souffrirons de diverses afflictions dans cette vie et tomberons dans les Trois mauvaises voies dans la vie suivante. Nous devons être convaincus que le Dharma de Nichiren Daishōnin est le seul véritable enseignement capable d'annihiler toutes les fautes karmiques, et il est essentiel de nous consacrer à la propagation par shakubuku, quels que soient les obstacles et les démons qui peuvent se dresser sur notre chemin. Ce n'est qu'en demeurant dans une telle foi que l'on peut atteindre l’état de vie de la bouddhéité.

 

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