Question n° 19

Une pensée ? Trois mille quoi ?

Question

Lors de la session de décembre il y avait la citation suivante : « la perle de "Une pensée trois mille" enveloppée dans les cinq idéogrammes accrochés au cou des êtres infantiles de la période de la fin du Dharma. Ceci attestant la grande compassion du Bouddha pour ceux qui ignorent ce concept. »

-1- Une pensée : s’agit-il du contenu d’une pensée, de sa durée ?

-2- Trois mille : trois mille quoi ? Les trois mille ensemble ou un/une parmi trois mille et ce, au cours de la temporalité d’une pensée, ou du fait du contenu de la pensée en question ? Ou rien de tout cela ?

 

Réponse

Pour répondre à la partie de la question concernant le mot « pensée », il convient en premier lieu d’étudier le caractère kanji '' « nen », qui signifie « pensée ». Lorsqu’on examine attentivement ce kanji, on s’aperçoit qu'il s'agit d'une combinaison de deux kanji "" se prononçant « ima », qui signifie « maintenant » et "" « kokoro », qui signifie « le cœur » « l’esprit. Autrement dit, il s’agit de « l’esprit au moment présent ». Les mots contenant "" comprennent "信念" « shin’nen » (croyance), "祈念" « kinen » (prière), "念願" « nengan » (le souhait le plus cher), "丹念" « tannen » (minutie), "一念" « ichinen » (détermination, dans son acception moderne) et "念力" « nenriki » (volonté, pouvoir de la pensée).

Ichinen signifie donc « la pensée telle qu’elle est maintenant ».

Ensuite, il faut considérer la pratique de l’observation de l’esprit (kanjin) de Tendai. Il s’agit de « l’arrêt et contemplation » (shikan).

Le grand maître du Tendai explique "l’arrêt" et la "contemplation" de la manière suivante.
« L’arrêt » désigne la méditation, l'état d'esprit ultime, libre de toute illusion,
La « contemplation » fait référence à la sagesse qui consiste à observer calmement la pensée, l'esprit lui-même, à l'origine des illusions.

Ces deux lois sont comme les deux roues d'une voiture ou les deux ailes d'un oiseau : pencher pour l'une ou l'autre, fait tomber dans les pensées erronées.

En d'autres termes, si l’on se consacre uniquement à la pratique de la méditation et néglige l’apprentissage de la sagesse, au lieu d’obtenir l’éveil, des pensées erronées surgissent et l’on est alors incapable d’échapper au monde de l’illusion.

C'est pourquoi, selon le grand maître du Tendai il est nécessaire d'apprendre les deux lois de "l’arrêt" et de "la contemplation", correctement et en même temps.

Dès lors, comment s'y prendre pour pratiquer la sagesse correcte qu’est "la contemplation" ?

Voilà ce qu’en dit Zhiyi le grand maître du Tendai.

L’arrêt et contemplation peuvent être pratiqués de différentes manières, mais comme la méditation est la meilleure, il est préférable de pratiquer l’arrêt et contemplation dans le contexte de la méditation.

Toutefois, il ne faut pas seulement pratiquer la méditation, mais aussi observer rigoureusement les mouvements de son esprit.

Il donne également cinq exemples de la manière de procéder, selon les étapes de la méditation.

  1. Pratiquer l’arrêt et contemplation afin de briser l'esprit turbulent du débutant.
  2. Pratiquer l’arrêt et contemplation pour corriger les hauts et les bas de l'esprit
  3. Pratiquer l’arrêt et contemplation en accord avec les mouvements de l'esprit
  4. Pratiquer l’arrêt et contemplation pour corriger les erreurs subtiles de l'esprit pendant la méditation.
  5. Pratiquer l’arrêt et contemplation afin d’uniformiser la méditation et la sagesse.

 

Nous verrons sans doute en détail la pratique et les effets de cette pratique tels que les conte Zhiyi dans son grand arrêt et contemplation. Il faut toutefois savoir que si nous tentions de les appliquer, ces pratiques ne nous mèneraient à rien, sinon à l’hôpital.

C’est pourquoi, Nichiren Daishōnin a inscrit le Dai Gohonzon, matérialisation du principe d’Une pensée trois mille, disant « Juji soku kanjin », ce qui signifie que « recevoir et garder (le Dai Gohonzon) équivaut à l’observation de l’esprit ».

A présent, voyons le problème des « trois mille ».

Comme vous le savez, le principe d’Une pensée trois mille est composé des dix mondes, des dix ainsi et des trois domaines. Les dix mondes contiennent eux-mêmes ces dix mondes, ce qui fait cent mondes qui, multipliés par dix ainsi, font mille ainsi, que l’on multiplie de nouveau par les trois domaines, ce qui donne trois mille domaines.

Ou encore, dix mondes contiennent ces dix mondes, ce qui fait cent mondes, multipliés par les trois domaines donnent cent domaines, multipliés par dix ainsi, donnent trois mille ainsi.

On peut faire la même démonstration et obtenir trois mille mondes.

C’est pourquoi on parle de trois mille, sans définir quoi, car ça peut être trois mille mondes, trois mille ainsi ou trois mille domaines.

En fait, on parle de dix mondes, mais en réalité, il y a cent trente-six enfers et, en ce qui concerne les esprits affamés, le Sutra de la pleine conscience du bon Dharma fait état de trente-six catégories et le Traité sur le principe correct, de trois et neuf catégories. Les animaux se répartissent en six mille quatre cents espèces de poissons, quatre mille cinq cents espèces d'oiseaux, deux mille quatre cents espèces de mammifères, soit treize mille trois cents espèces d'animaux. Les cieux sont les six cieux du monde des désirs, les dix-huit cieux du monde de la matière et les quatre cieux du monde de l’esprit.

En ce qui concerne les auditeurs, ils sont de quatre catégories et il y a cinquante-deux degrés de boddhisattvas.

Ce qui donne en fait un chiffre infini. Autrement dit, on pourrait dire Une pensée une infinité de mondes, de domaines, d’ainsi. Tout cet infini est généré par notre Une pensée.

Il faut savoir en outre qu’il y a trois sortes d’ichinen sanzen :

  1. Ichinen sanzen de la doctrine éphémère,
  2. Ichinen sanzen de la doctrine originelle
  3. Ichinen sanzen du profond des phrases

 

Ichinen sanzen représente la finalité du bouddhisme et le Dai Gohonzon est sa matérialisation. Or, en raison des explications dévoyées données par des béotiens qui n’avaient rien compris à cette doctrine fondamentale, je veux parler de la Sōka Gakkai et des diverses Nichiren Shū, beaucoup de gens la considèrent d’une manière trop superficielle. Aussi, il me semble important de remettre de l’ordre à tout ça sous la forme de « conférences sur Une pensée trois mille » qui commenceront dès la prochaine séance.

 

Mais ne vous méprenez pas. Je ne me considère pas comme en sachant plus que les autres. Simplement, ayant eu la chance d’avoir des maîtres remarquables et ayant accès aux explications de Nichiren Daishōnin, de Nichikan Shōnin, des divers grands patriarches, ainsi qu’aux textes de Tendai et de Nagarjuna et autres maîtres, je peux transmettre leur enseignement sans trop y mêler mes opinions personnelles.

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