Question n° 12

Faut-il pratiquer pour obtenir des bienfaits apparents et non apparents ?

Réponse

A l’époque où je vivais au Japon, je pratiquais, j’étudiais, je travaillais, je participais aux activités de la Sōka-Gakkai dont j’étais devenu un petit responsable de quartier, je faisais Tozan aussi souvent que possible. Pourtant, je ne voyais aucune connexion entre ces différents aspects de ma vie quotidienne. En fait, je me plaignais de ne pas avoir de bienfaits. Quand j’allais au Taisekiji, je fouinais toujours chez les libraires pour voir s’il n’y avait pas de livre susceptible de m’éclairer dans ma pratique. C’est ainsi qu’un jour, je suis tombé sur un petit livre écrit par le 56ème grand patriarche Nichiō Shōnin, intitulé, tout simplement « la doctrine d’Une pensée trois mille. 

Je vais vous lire quelques passages de son introduction. 

« Dans le chapitre des Moyens du Sutra du lotus il est dit : 

"Quand les Bouddha apparaissent au monde Ils peuvent être éloignés et difficiles à rencontrer. 

Et quand bien même ils viennent au monde, 

Rarement ils daignent la loi exposer. 

Au cours des éons incalculables et innombrables 

Entendre cette loi est également difficile. 

Et celui-là qui la peut écouter 

Est lui aussi extrêmement rare. 

Ainsi en est-il de la fleur Udumbara 

Que tous aiment et chérissent, 

Rare aux hommes et aux dieux 

Et qui n'éclot qu'une fois dans le temps. 

Entendre la loi, s'en réjouir et la louer 

Ne serait-ce que d'une parole, 

C'est déjà avoir porté l'offrande 

À tous les Bouddhas des trois phases ». 

Dans cette phrase du Sutra, à la fois « la loi exposer » et « entendre cette loi » désignent la doctrine d'Une pensée trois mille. 

Ô vous, hommes ou femmes de notre ordre ou non, rarement vous êtes nés sur cette terre et rarement aussi en un corps humain. Même en ayant un corps d'homme, il est plus difficile encore de voir le jour en un pays où la loi bouddhique a déjà été propagée. Et si, tel est le cas, il est souvent improbable que l'époque et les capacités s'accordent à la diffusion du Sutra du lotus. Admettons qu'il en soit ainsi, alors, surcroît de difficulté encore, il faudrait parvenir à la bonne loi et au bon maître pour entendre la doctrine d'Une pensée trois mille en sa réalité, véritable signification de ce sutra et semence enfouie au profond des phrases de la Durée de la vie dans l'enseignement originel.  

(…) 

Né en ce pays où grouillent les oppositions à la loi, il est bien plus difficile de rencontrer le vrai maître et la vraie loi, d'entendre, de croire et de garder la loi merveilleuse de la profonde, de la cachée, de la subtile Une pensée trois mille que de voir la fleur udumbara qui n'éclot qu'une fois en trois mille ans ou, pour la tortue borgne, que de se hisser sur un arbre flottant. Nous possédons la vie dans le monde des hommes, ce qui est rare et, qui plus est, dans cette ère avilie de la Fin du Dharma, nous croyons et recevons la grande loi de Nam Myōhōrengekyō de la Une pensée trois mille en sa réalité. Cela est plus heureux encore que pour un aveugle de naissance, le premier regard sur ses parents et plus inespéré que pour celui qui a été capturé par des ennemis féroces, d'être relâché et pouvoir retrouver sa femme et ses enfants. Rien ne peut être comparé à cette joie et à part nos larmes, quoi donc témoignera de notre gratitude ?  

Ce texte fut une véritable révélation pour moi. J’ai compris d’une part, que je me plaignais de pas avoir de bienfaits, alors que j’avais reçu le plus précieux des joyaux sans même l’avoir recherché, à savoir le Gohonzon et, d’autre part, que pendant tout le temps que j’avais été membre de la Sōka Gakkai, je n’avais en fait jamais été bouddhiste. Pensant à tous mes camarades restés en France et ignorant la supercherie de l’organisation dans laquelle ils recherchaient en vain quelque chose qui n’avait rien à voir avec la bouddhéité, et étant le seul à pouvoir leur faire ouvrir les yeux, j’ai eu une sorte de vertige et me suis senti le devoir de les aider.

Depuis, je ne pratique donc plus pour avoir des bienfaits, mais pour devenir Bouddha, avoir la vision correcte à l’instant suprême, ce qui est en définitive, le plus grand des bienfaits et pour la vaste propagation. J’essaie de mettre en pratique le conseil que donnait Nichiren Daishōnin au Nyūdō Toki : « La vie est brève, il ne faut pas la ménager. Ce à quoi il faut finalement aspirer est la terre du Bouddha ». 

 

Je me suis rendu compte qu’à partir du moment où je me suis sans cesse posé la question « comment faire pour contribuer à la vaste propagation », toute ma vie a changé. J’ai toujours rencontré les personnes qu’il fallait au moment où il le fallait, que ce soit dans le cadre de la pratique et de l’étude du bouddhisme, comme dans celui de la vie quotidienne. J’avais tout ce qui m’est nécessaire sans avoir à le demander. D’ailleurs, demander à qui ? A quoi ? Au Gohonzon, comme si c’était un Dieu ou le Père-Noël ? En définitive, cette notion de bienfaits, si chère à la Sōka gakkai n’est rien, comparée au véritable bienfait qui est, comme je l’ai déjà dit, la purification des six racines. 

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