Question n° 15

Est-ce que croire en ce que les chrétiens appellent Dieu est antinomique avec le bouddhisme ?

Réponse

Pour les raisons que j’ai développées jusqu’ici, il est évident que croire en un Dieu est antinomique avec le bouddhisme. 

Si les causes des inégalités dans le monde, comme le bonheur, le malheur, le bien et le mal, la richesse et la pauvreté, la beauté et la laideur, sont attribuées à une divinité omnipotente, alors tous les efforts et l'éthique humaine pour surmonter l'inégalité n'auront aucun sens. Cela conduit également à la question de savoir pourquoi le Dieu omnipotent impose une telle injustice et une telle inégalité à ses créatures. Il s'agit, après tout, d'une question de karma. Nous sommes les seuls responsables de ce qui nous arrive. Le 57ème grand patriarche Nisshō Shōnin a écrit : « Le cœur qui pense que tout est la rétribution de ses propres causes et effets est Bouddha ». 

Faisons un comparatif entre les notions de Dieu et de Bouddha 

Premièrement, examinons les dieux qui apparaissent dans les histoires. 

Tout d'abord, Dieu, le Dieu de la création tel qu'il est enseigné dans le christianisme et les autres religions monothéistes, est un personnage issu des paroles d’un prophète (écritures) et n'est jamais apparu sur terre. 

Deuxièmement, il y a ensuite des êtres humains, des animaux, et autres, qui ont été transformés en dieux pour la commodité de l'homme. 

Les êtres appelés "dieux", tels que Tenri-O-no-Mikoto dans la religion Tenri ou Tenchi Kin-No-Kami dans la religion de la Radiance d’or, sont également des êtres imaginaires que leur fondateur a soudainement mentionnés un jour, comme si leur image leur était venue tout d’un coup à l’esprit. Ces dieux ne sont jamais apparus dans le monde, ce qui rend leur croyance extrêmement difficile.

Certains sanctuaires Shinto, comme les temples Tenmangu, Meiji Jingu et Toyokuni, sont dédiés à des personnages historiques tels que Sugawara no Michizane, l'empereur ou Toyotomi Hideyoshi, ou encore, à des animaux considérés comme des "dieux", tels que les renards (Inari) et les crocodiles (Kompira).

Cependant, il ne s'agit que de "divinités" qui ont été adorées comme des "dieux" de leur propre chef, sur la base de sentiments de révérence à l'égard de grands personnages, des agendas politiques de l'époque, ou de la pensée et de la commodité humaines, afin d'utiliser les pouvoirs magiques des animaux ou d'apaiser les hantises des morts.

Tout d'abord, ce n'est pas parce qu'une personne a accompli de grandes actions, qu'elle est adorée par de nombreuses personnes et qu'elle est morte, qu'elle devient immédiatement un "dieu" ou un être précieux qui sauve les gens.

Et même si cela était possible, il y aurait des dieux partout dans le monde, et dans ce cas, qui devrions-nous vénérer en tant que "dieux" ?

Et même si, parce qu'ils sont morts, ceux qui se sont battus l'un contre l'autre dans la vie sont tous deux devenus des dieux, lequel de ces deux dieux devons-nous prier afin que nos souhaits soient exaucés ?

Troisièmement, examinons à présent l'existence de "Dieu".

À l'origine, le terme "dieu" était un produit du culte de la nature, issu de l'idée que chacune des diverses actions naturelles de l'univers possède sa propre vie mystérieuse, ou tamashii (âme). Par conséquent, l'existence de Dieu, telle qu'elle a été conçue à l'origine, ne se référait pas à une personnalité ou à une individualité unique, et n'était pas non plus un objet de culte invité à être enchâssé dans des sanctuaires ou d'autres lieux.

Par exemple, l'un des dieux vénérés au Japon est Amaterasu. Il est considéré comme le dieu ancestral impérial du Japon (vénéré dans le sanctuaire d'Ise), mais en fait, c'est tout simplement le soleil.

Le soleil réchauffe la terre de sa grande puissance et est la source de vie de tous les êtres vivants. Il est important d'être reconnaissant pour les grands bienfaits du soleil et de la nature. Pour autant, vénérer le soleil lui-même en le personnifiant, ne lui confère aucune action magique et ne lui permet pas d'accomplir des miracles.

Cela signifie seulement que les bienfaits du soleil (Amaterasu) sont un objet de gratitude.

Ainsi, plus les bienfaits de cette action de la nature sont importants, plus les gens peuvent vivre dans la paix et l'abondance.

Dans le bouddhisme, l'action des divinités est motivée par les œuvres et vertus du Dharma correct, lorsque les divinités des différents corps célestes goûtent la saveur du Dharma correct (Nam-Myōhōrengekyō), c'est-à-dire lorsque le monde naturel est enrichi par les œuvres et vertus du Sutra du Lotus.

Bénéficiant de la majesté lumineuse du Bouddha et du pouvoir du Dharma merveilleux, elles protègent alors la vie humaine et exercent leur pouvoir pour protéger la société, en tant que divinités bienfaitrices.

Quatrièmement L'existence du "Bouddha".

Ensuite, en ce qui concerne les bouddhas, la plupart des nombreux bouddhas et bodhisattvas décrits dans les écritures bouddhiques ne sont jamais apparus sur terre. L'Ainsi-venant Amida vénéré par les écoles du Nenbutsu (écoles de la Terre pure) et l’Ainsi-venant Dainichi vénéré par l’école du Shingon sont tous des rôles (des personnages) apparus dans les récits des enseignements du Bouddha né en Inde, et qui n'ont jamais existé.

Pourquoi alors le vénéré Shakya a-t-il parlé de tant de bouddhas et de bodhisattvas imaginaires dans sa prédication ?

Afin d'expliquer la véritable nature du monde cosmique du Dharma et l'origine de la vie, le Bouddha a essayé de présenter les fonctions et les vertus de sa propre vie d'une manière figurative et anthropomorphique facile à comprendre.

Par exemple, la figure du bodhisattva Monju était décrite comme symbolisant l'œuvre de sagesse du Bouddha, celle du bodhisattva Maitreya comme symbolisant l'œuvre de compassion, tandis que le pouvoir de prévenir et de guérir les maladies était décrit par le biais des histoires du bouddha Yakushi, du bodhisattva Yaku-ō, et ainsi de suite. Tous ces personnages étaient simplement décrits dans les sutras pour illustrer les différents pouvoirs et vertus inhérents à la vie du Bouddha.

Il faut donc savoir que tous les Bouddhas autres que Shakyamuni sont soit fictifs, soit évoqués par Shakyamuni pour guider les gens, soit des manifestations des pouvoirs qu’il possédait lui-même.

(Cela signifie que ni Amitabha, ni Dainichi, ni aucun autre. ne sont des objets de foi).

En revanche, le Bouddha Shakyamuni est réellement apparu dans l'histoire et, lorsqu'il est entré en contact avec la souffrance des gens, il a personnellement fait preuve d'une grande compassion, quitta la demeure et, après une longue période de pratique ascétique, est devenu Bouddha et a présenté des enseignements pour sauver les êtres. Par conséquent, ceux qui croient au bouddhisme ne devraient pas être fascinés par les différents bouddhas, mais devraient fonder leurs croyances sur les enseignements prêchés par le Bouddha Shakyamuni, c'est-à-dire les sutras.

En gardant à l'esprit ce principe de base, il est important de se rappeler que le Bouddha Shakyamuni a prêché l'enseignement ultime, le Sutra du Lotus, comme point culminant d'une vie d'activité de diffusion de son enseignement. Ce Sutra du lotus est, selon les termes du Bouddha lui-même, "l'enseignement véritable et le plus élevé".

Dans son Sutra du Lotus, il annonçait l'émergence du Bouddha fondamental, qui apparaîtrait à l'époque de la Fin du Dharma. En effet,

Tous ceux qui vécurent en même temps que le Bouddha Shakyamuni et tous ceux qui naquirent dans les deux mille ans qui suivirent sont extinction purent être sauvés par ses vertus et ses pouvoirs, mais dans la "Fin du dharma" après deux mille ans, personne ne peut plus être sauvé uniquement par ses enseignements (ceux du Bouddha Shakyamuni).

Dans la Fin du Dharma, le véritable Bouddha apparaîtra et prêchera le Dharma originel (Nam-Myōhōrengekyō), cachée à la racine du Sutra du Lotus, afin de sauver fondamentalement tous les peuples. Telle est la prophétie du Bouddha Shakyamuni.

Comme indiqué ci-dessus, Nichiren Daishōnin est apparu dans la Fin du Dharma et a guidé les êtres de cette période, que même le Bouddha Shakyamuni ne put sauver, par le biais de Nam- Myōhōrengekyō du Sutra du Lotus, et a révélé le Gohonzon pour l’atteinte de la bouddhéité éternelle de tous les peuples dans le futur. Nichiren Daishōnin est le Bouddha Fondamental.

Nichiren Daishōnin a montré l’état de vie du Bouddha dans la réalité, sur la base d'une personnalité humaine.

Cela enseigne que même nous, tous les êtres ordinaires, si nous suivons l'exemple de Nichiren Daishōnin et récitons Nam-Myōhōrengekyō en tant que pratique personnelle et pour la conversion d’autrui, nous serons alors en mesure d'ouvrir le précieux état de vie du bouddha au cours de notre vie.

Ouvrons une parenthèse.

Quelle est la différence entre les Divinités et le Bouddha ?

Les personnes qui croient en des Divinités disent souvent qu’elles sont plus élevées que le Bouddha et qu'elles accordent donc plus d'importance à ces Divinités. Cependant, par essence, les Divinités et le Bouddha ne sont pas sur le plan, d’infériorité ou de supériorité l’un par rapport à l’autre. En d'autres termes, les Divinités et le Bouddha ont des rôles différents. 

La différence entre les rôles des Divinités et du Bouddha, peut être classée dans les grandes lignes comme suit : les Divinités protègent les gens de loin et le Bouddha les guide.

Par exemple, la divinité de la Lune illumine les pas des gens pour éviter qu'ils ne tombent sur le chemin la nuit.

Cependant, la lumière de la lune ne protège pas contre le risque que la personne prenne un mauvais chemin, différent des indications, et tombe dans un ravin.

C'est pourquoi nous avons besoin de quelqu'un qui puisse nous indiquer la voie à suivre et dire : "Cette route est dangereuse, "Le bon chemin, c'est celui-ci".

C'est le rôle du Bouddha.

Le Bouddha est un être qui nous enseigne et nous guide sur le bon chemin à suivre en tant qu'êtres humains. On peut donc dire que ce en quoi nous devons croire pour suivre le chemin d'une vie heureuse n'est pas la foi en Dieu ou en des divinités, mais dans le Dharma du Bouddha (en particulier dans la Fin du Dharma, le Sutra du Lotus).

Le véritable problème qui nous concerne est que beaucoup de pratiquants de notre bouddhisme s’adressent au Gohonzon comme à un Dieu. Ils prient le Gohonzon, comme on le ferait à un Dieu ou à un Saint. La NichIren Shōshū est la seule école à placer le Gohonzon au centre de son credo. Elle en parle comme de l’unique grand Dharma secret, incluant le Daimoku et le sanctuaire. 

Curieusement, la Sōka Gakkai, même lorsqu’elle faisait partie des organisations affiliées à la NichIren Shōshū, donnait plus d’importance au Daimoku, comme le font les autres écoles Nichiren. Elle parlait de « loi de l’univers » qui n’est en fait qu’une autre formulation de Dieu. C’est sans doute pour ça qu’elle a du succès auprès de ceux qui rejettent Dieu sans rejeter la pensée du divin.

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