Question n° 18

Unicité de la personne et du Dharma : quel rapport avec le Gohonzon ?

Question

Dans la deuxième Assise du Gongyō de la Nichiren Shōshū, qui représente notre offrande au Dai Gohonzon, il est écrit « ..., unicité de la personne et du Dharma ».

Quel rapport y-a-t-il avec le Gohonzon ?

Réponse

L’unicité de la Personne et du Dharma (en japonais ninpō ikka), que l’on appelle également Unicité substantifique de la Personne et du Dharma (ninpō tai-ichi), signifie que le Dharma est la Personne et que la Personne est le Dharma. La Personne et le Dharma forment un tout harmonieux.

Bien entendu, la signification fondamentale de l’unicité de la Personne et du Dharma se trouve dans le Bouddha fondamental. La réalité du Dharma est la grande réalisation du saint dans le passé infini de Kuon ganjo, tel que le décrit la phrase du Traité sur ce que les Bouddhas des trois phases jugent bon de garder et d’écarter au sein des enseignements :

« Lorsque, dans le passé de cinq cents grains de poussières, l’Ainsi-venant Shakya était encore un homme ordinaire, réalisant que son corps était composé de terre, d’eau, de feu, de vent et d’espace, il ouvrit instantanément l’Eveil ».

Ce saint est le Bouddha doté du corps d'un homme ordinaire s’ouvrant au Dharma merveilleux. C’est pourquoi, la Personne ayant réalisé cet éveil est le Dharma merveilleux et le Dharma merveilleux ne peut exister ailleurs qu’en cette Personne ayant attesté de cet éveil. Telle est la substance de l’Unicité substantifique de la Personne et du Dharma.

Afin de permettre le salut de tous les êtres pour l’éternité de la Fin du dharma, Nichiren Daishōnin, renaissance du corps qui librement reçoit et emploie dans le passé infini de Kuon Ganjo, a manifesté l’âme du Bouddha de la substance de l’unicité de la Personne et du Dharma sous la forme du grand Mandala Honzon.

Au centre de ce Dai Gohonzon (et de tous les Gohonzon de la Nichiren Shōshū), nous lisons : « Nam Myōhōrengekyō Nichiren » et trois petits caractères situés en-dessous de Nichiren, qui se prononcent « Zai gohan », ce qui signifie « sceau de sa présence ». Il faut comprendre à travers cette disposition, qu’en réalité, le Bouddha fondamental est Nichiren Daishōnin et, qu’en même temps, elle exprime la signification de l’unicité de substance entre la Personne et le Dharma.

La raison de cette disposition provient d’un écrit de transmission intitulé « Transmission des sept points du Gohonzon » dans lequel Nichiren Daishōnin donne ses dernières instructions au regard du Gohonzon, notées par Nikkō Shōnin.

Le point concernant la formulation « Nichiren Zai gohan » est le suivant :

« Pour quelle raison les héritiers de successives générations devront-ils écrire " Nichiren Zai gohan" ? Le maître répond : " il s’agit-là d’un secret profond. Cela signifie que les saints de successives générations seront tous Nichiren" ».

La retranscription du Dai-Gohonzon n'est pas comme de l’entraînement à la calligraphie, où vous auriez un modèle du Gohonzon à côté de vous et le copieriez fidèlement. La mise par écrit du Dai Gohonzon de l’Estrade des préceptes, qui demeure dans la propre vie du grand Patriarche, héritier de la transmission vitale, en vue de sa diffusion au peuple est appelée retranscription. C’est pourquoi il est dit que tous les Shōnin du moment sont Nichiren. C’est pourquoi, encore, dans son Exégèse du Traité sur le Honzon de l’observation de l’esprit, Nichikan Shōnin écrivait :

« La retranscription du Honzon n’est-elle pas la conversion d’autrui » ?

En outre, afin de raviver et de renouveler chaque jour la vie du Bouddha fondamental, le Souverain du Dharma effectue Ushi-Tora Gongyō qui est une reconstitution de Tatsunokuchi, à partir de 2h30, la même heure que la persécution subie par Nichiren Daishōnin.

Par conséquent, il est tout à fait naturel qu'un Honzon qui n'a pas été autorisé par le Grand Patriarche, même s’il est imité grâce à la technologie de copie et d'impression sophistiquée d'aujourd'hui, ne puisse pas être le Gohonzon nous permettant de devenir Bouddha dès ce corps.

Par ailleurs, le corps de Nichiren Daishōnin contient la Personne et le Dharma. Le Dai Gohonzon contient la Personne et le Dharma. Nichiren Daishōnin est la Personne identique au Dharma et le Dai Gohonzon est le Dharma identique à la Personne. La Personne et le Dharma en eux-mêmes forment une substance unique, sont dans une relation de deux choses ne formant qu’un (en japonais ni ni funi).

Dans de nombreux Gosho, Nichiren Daishōnin exprime la profonde signification de l’unicité de la Personne et du Dharma. On peut toutefois classer ces explications en quatre catégories :

1.       du point de vue des trois vertus de Souverain, Maître, et Parents,

2.       du point de vue du pratiquant du Sutra du Lotus,

3.       du point de vue du triple corps sans artifice et

4.       du point de vue du bodhisattva Pratique-Supérieure (Jōgyō).

En ce qui concerne l’approche de l’unicité de la Personne et du Dharma du point de vue des trois vertus de Souverain, Maitre et Parents, Nichiren Daishōnin commence son Traité qui ouvre les yeux par :

« Il y a trois catégories de personnes que tous les êtres doivent respecter. Ce sont le Souverain, le Maître et les Parents ».

Il conclut ce long traité par :

« Nichiren est le Souverain, le Maître, le Père et la Mère de tous les gens du Japon ».

Selon ces phrases, Nichiren Daishōnin montre l’unicité substantifique de la Personne et du Dharma, affirmant qu’il est lui-même le Bouddha doté des trois vertus de Souverain, Maître et Parents.

En ce qui concerne l’approche de l’unicité de la Personne et du Dharma du point de vue du pratiquant du Sutra du Lotus, la Transmission orale de la doctrine indique :

« Le Honzon est la substance du corps du pratiquant du Sutra du Lotus ».

Concernant ce « pratiquant du Sutra du Lotus », Nichiren Daishōnin précise dans le Traité qui ouvre les yeux :

« En observant le monde actuel, qui, parmi tous les moines, hormis Nichiren, a été critiqué et calomnié, frappé par le sabre et le bâton pour la cause du Sutra du Lotus ? Sans Nichiren, ces stances prophétiques ne seraient que mensonge ».

Précisons que « les stances prophétiques » sont les stances en vingt lignes du chapitre Exhortation à garder du Sutra du Lotus, contant les difficultés rencontrées par le pratiquant du Sutra du Lotus propageant ce sutra dans le Fin du Dharma.

Il n’y a effectivement que Nichiren Daishōnin qui ait lu ces stances avec son corps. Ainsi, En tant qu’identité du Honzon et du pratiquant du Sutra du Lotus, il y a là aussi une dimension de Personne et de Dharma. Bien entendu, la notion de « pratiquant du Sutra du Lotus » revêt diverses significations, mais en fin de compte, l’identité du pratiquant fondamental et du Bouddha est la signification première.

Du point de vue du triple corps sans artifice, le Traité sur les trois grands Dharmas ésotériques énonce :

« Le Honzon érigé dans le chapitre Durée de la vie est le vénéré Shakya, souverain de l’enseignement, au triple corps sans artifice présent à l’origine, ayant un profond et durable lien avec cette terre depuis avant le passé des cinq cents grains de poussières d’éon ».

Par ailleurs, dans la Transmission orale de la doctrine, Nichiren Daishōnin indique :

« L’Ainsi-venant est le vénéré Shakya. Dans son acception générale, il s’agit des Bouddhas des trois phases et des dix directions. Dans son sens particulier, il s’agit du triple corps dont la nature originelle est sans artifice. Aujourd’hui, la signification de Nichiren et des siens est que l’Ainsi-venant est, au sens général tous les êtres sensitifs. Au sens particulier, c’est Nichiren, ses disciples et ses bienfaiteurs. Dès lors, le triple corps sans artifice est le pratiquant du Sutra du Lotus dans la Fin du dharma. Le nom précieux du triple corps sans artifice est Nam Myōhōrengekyō ».

Cet extrait montre l’unicité de substance entre la Personne et le Dharma en tant que triple corps sans artifice.

J’ajoute que dans cette transmission orale de la doctrine, Nichiren Daishōnin utilise deux fois les expressions « sens général » et « sens particulier ». La distinction entre « sens général » et « sens particulier » est un point des plus importants dans notre foi, notre pratique et notre étude. Ces deux expressions sont synonymes des expressions « du point de vue superficiel » (ichi-ō) et « du point de vue profond » (sai-ō) et des « enseignements qui restent encore dans une certaine dimension (tōbun) et ceux qui s’étendent au-delà (kasetsu), que l’on trouve dans de nombreux Gosho.

Nichiren Daishōnin traduit dans cette Transmission orale de la doctrine, les notions de « général » et de « particulier » dans le cadre du corps du Bouddha.

Ainsi, les deux distinctions général et particulier se déclinent de diverses manières dans l’enseignement, comme la distinction entre l’époque du vivant du Bouddha et la Fin du Dharma, entre l’ensemencement et la maturation, et la récolte, et la distinction entre les souverains de l’enseignement du Dharma merveilleux. De plus, comme chacune de ces deux significations représente une logique majeure au sein de l’enseignement du Bouddha, on peut dire qu'il s'agit d'une doctrine importante qui détermine la nature et le statut du Dharma.

Dans la réponse à Messire Soya, Nichiren Daishōnin indique :

« Le bodhisattva Pratique-Supérieure reçut l’eau de la sagesse du Dharma merveilleux de l’Ainsi-Venant Shakyamuni, pour la répandre dans le désert asséché de la vie des êtres en ce monde mauvais de l’ère finale. Tel est le sens de la sagesse. Le Vénéré Shakya transmit cet enseignement au bodhisattva Pratique-Supérieure. Or, Nichiren propage maintenant cette doctrine au Japon. Il y a là les deux sens du général et du particulier. Si vous confondez le général et le particulier si peu que ce soit, inutile de penser atteindre la bouddhéité et vous errerez sans fin à travers le cycle des vies et des morts ».

D’où l’importance de faire la distinction entre le général et le particulier.

Je reviens au sujet d’aujourd’hui, du point de vue du bodhisattva Pratique-Supérieure (Jōgyō), toujours dans la Transmission orale de la doctrine, nous lisons :

« Mille herbes, dix mille arbres ne sont autres que le bodhisattva jaillis de terre. En effet, leur état originel est le bodhisattva jaillis de terre. "Originel" signifie que le bienfait du passé infini des cinq cents grains de poussière d’éons est le bienfait sans commencement ni fin. Ce bodhisattva est la Personne détentrice du Dharma originel. Le Dharma originel est Nam Myōhōrengekyō ».

Ce passage enseigne que la Personne détentrice du Dharma originel est le bodhisattva Jōgyō, indiquant par là-même l’unicité de la Personne et du Dharma.

En réfléchissant à toutes ces indications, il s’avère que les notions de trois vertus de souverain, maître et parents, de pratiquant du Sutra du Lotus, de triple corps sans artifice, de bodhisattva Pratique-Supérieure, désignent toutes Nichiren Daishōnin apparu dans la Fin du Dharma. Et le Grand Mandala, exprimant tel quel l’action et l’enseignement de Nichiren Daishōnin doit être vénéré en tant que Dai Gohonzon de l’unicité de la Personne et du Dharma.

Lorsque les êtres de la Fin du Dharma récitent Daimoku avec foi et sans autres pensées, ils sont alors de substance unique avec le Dharma et la Personne du grand Mandala en tant que pratiquant et réalisent immédiatement le but de leur venue en ce monde qu’est la bouddhéité.

Or, seuls nous, pratiquants de la Nichiren Shōshū, avons foi dans cette profonde doctrine de l’unicité de la Personne et du Dharma, substantifique moelle de l’enseignement du profond des phrases de la doctrine originelle.

Dans Le saint connaît les trois phases (Shōnin chi sanze ji - 聖人知三世事), Nichiren Daishōnin écrit :

« Si je me surestime, on pensera que je suis orgueilleux ; si je me rabaisse, je mépriserai alors le Sutra. Si le pin est haut, la glycine est longue ; si la source est profonde, le courant est long ».

Ce passage souligne la difficulté d’enseigner cette doctrine. Les écoles erronées des courants de la Nichiren Shū ne comprenant pas la doctrine profonde enseignée au profond des phrases du Sutra du Lotus, en particulier l’identité de la Personne et du Dharma, prennent pour Honzon le Bouddha éphémère Shakyamuni, Personne inférieure au Dharma.

Précisons cette différence entre les notions de « Dharma supérieur à la Personne » et « Unicité de la Personne et du Dharma ».

Certaines personnes pensent que le Dharma existe préalablement dans l'univers, comme une Loi et que le Bouddha est celui qui s'y est éveillé. Cette manière de penser est représentative des enseignements provisoires et éphémères. La manière de penser de la Nichiren Shōshū est fondée sur l'enseignement de Nichiren Daishōnin, c'est-à-dire l'identité (Ikka) de la Personne (Nin) et du Dharma (). La personne et le Dharma étant "non deux" (Funi), ils sont inséparables. Il y a ici une philosophie très profonde. Même si le Dharma semble exister seul, en fait, il n’en est rien.

Contrairement à la loi universelle de la gravitation que découvrit et développa Isaac Newton, loi qui existait avant lui, en réalité, la Loi (Dharma) « sans précédent » à laquelle s’est éveillé le Bouddha n’existe que dans le corps du Bouddha, à l’intérieur de la sagesse du Bouddha dont elle est le contenu, ni avant son éveil, ni en dehors de lui. En bouddhisme, c'est lorsque le Bouddha s'est éveillé et qu'il nous montre son éveil que nous, humains ordinaires, pouvons y avoir accès. Il n'y a que le Bouddha qui puisse voir Nam Myōhōrengekyō, car seul le Bouddha s'y est éveillé. Les autres ne peuvent uniquement devenir Bouddha qu'en ayant foi dans l'éveil que nous indique le Bouddha.

Ceci constitue le problème du bouddhisme, en particulier dans notre école. En effet, certains considèrent Nam Myōhōrengekyō seulement comme une loi extérieure qui régit l’univers (comme Dieu en somme). Or, ce n'est que lorsque le Bouddha s’y est éveillé que, pour nous, le Dharma prend toute sa valeur. Tant que le Bouddha n'a pas obtenu l'éveil, ce Dharma n’existe pas. A ce sujet, le 65ème grand patriarche Nichijun Shōnin, parlant de la Sōka Gakkai sans la nommer, écrivait ceci :

 « Certains pensent que Nam Myōhōrengekyō existe quelque part dans l’univers. Ceci représente une grave erreur. Nam Myōhōrengekyō est le corps du Bouddha. En réalité, il n'existe qu'à l'intérieur de la sagesse du Bouddha". Nam Myōhōrengekyō n 'est pas une simple loi ; c 'est le Bouddha. Nam Myōhōrengekyō n'est pas une simple loi, c'est le Nam Myōhōrengekyō de l'unicité de la personne et du Dharma. Dans notre école, le Gohonzon n'est pas seulement un Mandala ; ce n'est pas seulement une loi ; c 'est le corps du Bouddha ».

Ces mêmes, utilisant la doctrine de l’unicité de la Personne et du Dharma à des fins pernicieuses prétendent que le Dharma est l’organisation (Sōka Gakkai) elle-même, tandis que la Personne est la force motrice (Daisaku Ikeda) de l’organisation. Or, toutes ces allégations ne sont que doctrines erronées, causes principales de la chute en enfer de ceux qui les adoptent et les professent.

Nichiren Daishōnin commença à inscrire des Gohonzon à partir de son exil à l’île de Sado. Il en modifia le contenu progressivement pour finalement parvenir à sa forme définitive et ultime, le Dai Gohonzon, inscrit le 12 octobre de la 2ème année de Kōan (1279) qu’il transmit à Nikkō Shōnin.

Lorsque nous faisons face à ce Gohonzon et que nous récitons le Daimoku, notre foi, qui était cachée dans nos cœurs depuis le passé de kuon, est éveillée par le pouvoir du Bouddha et du Dharma, grandit et devient finalement la une pensée indestructible comme un diamant. De cette manière, nous obtenons le grand bienfait dans notre vie qui nous mène à l’éveil du Bouddha. Ici, la foi dans le Honzon est la clé pour atteindre la bouddhéité au cours de notre vie et établir la base du bonheur.

 

 

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