Septembre 2015

Débat sur le fait de garder la Fleur du Dharma merveilleux

(持妙法華問答抄 - jimyô hokke mondô shô)

Après avoir reçu un corps d’être humain difficile à recevoir, après avoir rencontré l’enseignement du Bouddha difficile à rencontrer, pourquoi vivre de manière futile ? Si vous prenez la foi, au sein du Mahayana, du Hinayana, du circonstanciel et du véritable, vous devez croire seulement dans le véhicule unique, voie directe vers l’atteinte de la bouddhéité pour les êtres, intention originelle de l’apparition de tous les bouddhas en ce monde. Ce sutra étant supérieur à tous les autres sutras, celui qui le garde est lui-même supérieur à tous les hommes. En ce sens, le sutra énonce : « Celui qui garde correctement ce sutra est le meilleur parmi l’intégralité des êtres ».

 

Je suis très heureux de votre présence, grâce à laquelle, nous avons pu, ensemble, exprimer notre gratitude envers la bienfaisance de notre fondateur Nichiren Daishônin par le biais de la cérémonie de Okô de ce mois.

 

(Samedi seulement)

 

Nous sommes aujourd’hui le 12 septembre, date de la persécution à Tatsunokuchi. Pour cette raison, en même temps que la veillée de Okô, j’ai procédé au rite de « Gonan é ».

 

(Dimanche seulement)

 

Nous étions hier le 12 septembre, date de la persécution à Tatsunokuchi. Pour cette raison, en même temps que Okô, j’ai procédé au rite de « Gonan é ».

 

(Ci-après pour le samedi et le dimanche)

 

Les raisons ayant provoqué la persécution à Tatsunokuchi sont multiples. Toutefois, la cause la plus directe était la remontrance faite au shogounat de Kamakura.

 

Je vais aborder succinctement le contexte.

 

En janvier 1268 (5ème année de Bun’ei), un émissaire Mongol est arrivé au Japon porteur d’un message officiel. Ce message était une demande d’établissement de relations amicales entre le Japon et l’empire Mongol. Il s’agissait en fait d’une demande d’allégeance à laquelle, si le Japon ne se soumettait pas, elle serait suivie de l’usage de la force par les Mongols.

 

La rumeur de l’arrivée de ce message officiel se répandit dans tout le pays et eut pour effet l’augmentation de la tension au niveau national.

 

Informé de la situation, Nichiren Daishônin devait rappeler aux personnages importants du gouvernement que sa prédiction du « désastre de l’invasion du pays par une nation étrangère » faite en 1260 (1ère année de Bunnô) par le biais du Traité sur la sérénité du pays par l’établissement de la rectitude se réalisait. Pour ce faire, il envoya la « Génèse du Traité sur la sérénité du pays par l’établissement de la rectitude » au dénommé Hôganbô, un officiel du gouvernement.

 

Aucune réaction ne faisant suite à cette lettre, Nichiren Daishônin envoya un nouvel écrit au Nyûdô Yadoya Saemon, tentant par ce biais qu’il en fasse un rapport de manière secrète au régent Hôjô Tokiyori. Cette dernière lettre est la « Remontrance de Nichiren Daishônin » lue tous les ans lors de la cérémonie de Oéshiki. Je pense donc que vous en connaissez le contenu.

 

Encore une fois, le shogounat n’eut aucune réaction. Alors, Nichiren Daishônin envoya onze lettres de remontrance aux personnages principaux du shogounat et à tous les grands temples. Un des destinataires, le moine Gyôbin, porta plainte à la Haute Cour (le tribunal) du shogounat contre Nichiren Daishônin.

 

Suite à cette plainte, Nichiren Daishônin fut convoqué le 10 septembre 1271 (8ème année de Bun’ei) au centre d’inquisition où il fut interrogé par Hei no Saemon no Jô Yoritsuna. L’interrogatoire se termina par une exposition magistrale de la doctrine correcte et une nouvelle remontrance de la part de Nichiren Daishônin.

 

Le 12 septembre, Nichiren Daishônin envoya à Hei no Saemon no Jô Yoritsuna une lettre sur « L’avant-veille », par laquelle il le pressait de faire un examen de conscience.

 

Le même jour, Hei no Saemon no Jô Yoritsuna accompagné d’une centaine de soldats fit brusquement irruption dans l’ermitage de Matsuba ga Yatsu, pour y arrêter Nichiren Daishônin. Telle fut la réponse du shogounat.

 

Alors, s’adressant à Hei no Saemon no Jô Yoritsuna qui, comme un dément saccageait l’ermitage, Nichiren Daishônin s’écria d’une voix puissante :

 

« Comme c’est drôle ! Regardez Hei no Saemon est devenu fou ! Vous tous venez de renverser le pilier du Japon ».

 

Hei no Saemon no Jô Yoritsuna et ses comparses reprenant leurs esprits, appréhendèrent Nichiren Daishônin et l’emmenèrent au centre d’inquisition. Là, il fut condamné à l’exil à Sado. Ce verdict, toutefois n’étant qu’une façade, Nichiren Daishônin fut conduit au milieu de la nuit au lieu des exécutions de Tatsunokuchi.

 

Après son arrivée, Nichiren Daishônin s’assis sur le lieu de la sentence, mais au moment où l’un des soldats levait son sabre un objet brillant comme la lune apparut dans le ciel. Finalement, l’exécution ne put avoir lieu.

 

Evoquant cette persécution dans le Traité qui ouvre les yeux, Nichiren Daishônin disait qu’elle renfermait la signification la plus importante de sa vie :

 

« Le douzième jour du neuvième mois de l'année dernière, entre l'heure du rat et celle du bœuf, un dénommé Nichiren a été décapité et son âme est parvenue au pays de Sado. Au deuxième mois de cette année, il écrit au milieu de la neige au disciple avec lequel il a un lien. C'est effrayant mais il ne faut pas s'en effrayer. Ceux qui l'ont vu ont dû en être terrifiés ».

 

En effet, au moment de cette persécution, Nichiren Daishônin rejeta son aspect éphémère d’homme ordinaire Jôgyô Nichiren pour révéler sa nature véritable de Bouddha originel au degré de dénomination dans le passé infini. C’est ce qu’on appelle « Hosshaku kenpon » où le rejet de l’éphémère pour révéler l’originel.

 

C’est pourquoi, dans la Nichiren Shôshû, tous les ans, le 12 septembre, nous célébrons « Gonan é », qui commémore la persécution de Tatsunokuchi et par le biais de laquelle nous exprimons notre gratitude envers la bienfaisance du Bouddha de Nichiren Daishônin. En même temps, remémorant ses difficultés devant tant de persécutions, nous promettons de pratiquer la vaste propagation du dharma correct avec l’esprit de ne ménager ni notre corps, ni notre vie, quelles que soient les difficultés que nous aurions à affronter.

 

Je termine là mes brèves explications sur le rite de Gonan é.

 

Je vais parler à présent du Gosho de ce mois.

 

Il s’agit d’un extrait du « Débat sur le fait de garder la Fleur du Dharma merveilleux ».

 

Ce Gosho n’est pas daté. Depuis toujours, on considère qu’il aurait été écrit en 1263 (3ème année de Kôchô). La grâce de l’exil à Izu ayant été promulguée en février de la même année, on suppose qu’il a été écrit après.

 

Comme l’indique son titre, c’est un Gosho écrit sous la forme d’un questions-réponses. Il est ainsi constitué de cinq échanges.

 

Dans le premier échange, la question est : nous avons pu naître en tant qu’êtres humains et rencontrer l’enseignement du Bouddha. Or, du fait qu’il existe des différences de profondeur au sein de l’enseignement et des différences de niveau parmi les êtres, que faut-il pratiquer ? La réponse est : il est vrai qu’au sein du bouddhisme, il existe les enseignements du petit véhicule et du grand véhicule, des enseignements circonstanciels et l’enseignement véritable. Ceci dit, le Sutra du Lotus est le roi de tous les sutras et constitue la voie directe pour devenir Bouddha dès ce corps.

 

Dans le deuxième échange, la question est : les maîtres hommes ont compris les sutras et les traités et ont donné des commentaires. Dès lors, il ne devrait pas y avoir de différences dans la voie menant à la réalisation de la bouddhéité. Aussi, dire que seul le Sutra du Lotus est supérieur n’est-ce pas là faire preuve d’étroitesse d’esprit ? La réponse est : dire que le Sutra du Lotus est le meilleur des sutras n’est pas fondé sur les maîtres hommes, mais uniquement sur les phrases des sutras elles-mêmes.

 

Dans le troisième échange, la question est : dans les sutras antérieurs au Sutra du Lotus aussi, on trouve des phrases disant « ce sutra est le meilleur », « il est le roi des sutras ». Malgré cela, ne faut-il pas les utiliser ? La réponse est : seul le Sutra du Lotus indiquant « pendant plus de quarante ans je n’ai pas encore révélé la vérité » et « il est le meilleur au sein des sutras que j’ai enseignés, que j’enseigne et que j’enseignerai » est véritablement le roi des sutras et la voie véritable vers l’obtention de la bouddhéité ne se trouve nulle part ailleurs.

 

Dans le quatrième échange, la question est une doctrine erronée de Tokuitsu de l’école de la Nature des dharmas (Hossô), affirmant que « la phrase "pendant plus de quarante ans je n’ai pas encore révélé la vérité" s’adresse aux deux véhicules et non pas aux bodhisattvas ». La réponse est que les deux véhicules à qui l’obtention de la bouddhéité était interdite dans les sutras antérieurs peuvent devenir Bouddha uniquement par le Sutra du Lotus et que c’est justement cette possibilité de l’éveil aux deux véhicules qui révèle que le Sutra du Lotus est la voie de l’obtention de la bouddhéité pour l’ensemble des êtres.

 

Dans le cinquième échange, la question est : de quelle manière faut-il pratiquer le Sutra du Lotus ? Après avoir répondu que seule la foi est importante, Nichiren Daishônin conte le caractère terrible de l’offense au Dharma et celui respectable du pratiquant du bon Dharma. Il termine alors ce Traité en disant que réciter Nam Myôhôrengekyô sans s’attacher à la renommée ni aux profits, tout en le préconisant à autrui permet de construire la vie la meilleure.

 

L’extrait de ce mois se situe dans ce cinquième échange de questions et de réponses.

 

Je vais à présent en commenter chaque phrase.

 

Après avoir reçu un corps d’être humain difficile à recevoir, après avoir rencontré l’enseignement du Bouddha difficile à rencontrer, pourquoi vivre de manière futile ?

 

Le bouddhisme enseigne que naître en ce monde sous forme humaine est une chose extrêmement rare.

 

On peut d’ailleurs lire le même genre de phrases dans le Sushun Tennô Gosho ou la Lettre à Jakunichibô.
En particulier, dans la
Lettre à Jakunichibô, Nichiren Daishônin écrit :

 

Il est rare de naître en tant qu’être humain. Et vous avez reçu ce corps d’être humain si difficile à obtenir. Vous avez aussi rencontré le dharma du Bouddha si difficile à croiser. Au sein de l’enseignement du Bouddha, vous avez rencontré le Daimoku du Sutra du Lotus et, finalement, vous êtes devenu un pratiquant du Sutra du Lotus. Vraiment, vraiment, vous avez fait l’offrande dans le passé à cent mille millions de Bouddhas.

 

Ce passage est un encouragement disant que grâce à l’accumulation de grandes racines de bien dans le passé, nous avons pu rencontrer l’enseignement du Dharma merveilleux.

 

Selon l’édition 2008 du Livre blanc de l’environnement publié par le ministère Japonais de l’environnement, « le nombre global de genres connus dans le monde entier est d’environ 1 750 000. (…) Le nombre de genres sur la terre, y compris les êtres vivant encore inconnus serait d’environ de 5 à 30 millions ». Le genre humain ne représente qu’un seul de cette quantité de genres. On peut en présumer facilement du reste.

 

Alors qu’on a eu la chance de recevoir cette vie humaine si rare à rencontrer et qu’on a pu rencontrer le dharma du Bouddha difficile à rencontrer, passer sa vie dans la futilité en fait perdre toutes les œuvres et vertus.

 

Nous devons graver profondément ce principe dans nos cœurs et nous efforcer quotidiennement dans la pratique.

 

Passons à la suite

 

Si vous prenez la foi, au sein du Mahayana, du Hinayana, du circonstanciel et du véritable, vous devez croire seulement dans le véhicule unique, voie directe vers l’atteinte de la bouddhéité pour les êtres, intention originelle de l’apparition de tous les bouddhas en ce monde.

 

Il existe toutes sortes d’enseignements au sein du bouddhisme, mais seul le Sutra du Lotus, qualifié de roi des sutras, constitue l’intention originelle du Bouddha Śākyamuni et est l’enseignement permettant à tous les êtres de devenir Bouddha. C’est pourquoi, il faut pratiquer le véhicule unique du Lotus.

 

Aujourd’hui, ans la Fin du dharma, l’enseignement du véhicule unique du lotus est le Dai Gohonzon du Kaidan de la doctrine originelle, Nam Myôhôrengekyô des trois grands Dharmas ésotériques. Il est donc essentiel d’avoir la foi correcte dans le Honzon de la doctrine originelle et de réciter le Daimoku de la doctrine originelle.

 

La suite

 

Ce sutra étant supérieur à tous les autres sutras, celui qui le garde est lui-même supérieur à tous les hommes.

 

Là encore, on trouve ce genre de phrase dans d’autres Gosho.

 

Dans Les trois sortes d’aspects doctrinaux Nichiren Daishônin écrit :

 

Le Dharma étant merveilleux, l’homme est estimable. L’homme étant estimable, son lieu est respectable. Le lieu étant respectable, la cause est parfaite. La cause étant parfaite, l’effet est ultime.

 

Dans une Réponse à Messire Nanjô

 

C’est de cela que l’on parle lorsqu’on dit que le Dharma étant merveilleux, l’homme est estimable. L’homme étant estimable, son lieu est respectable.

 

Il écrit aussi dans le Traité sur le Honzon de l’observation du cœur :

 

Il convient d’établir en ce pays le meilleur Honzon de tout le janbudvipa.

 

Nichiren Daishônin inscrivit le Dai Gohonzon du Kaidan de la doctrine originelle pour que les êtres deviennent Bouddha pour l’éternité de la Fin du Dharma.

 

Le Dai Gohonzon est la substance de l’unicité de la Personne et du Dharma et contient les trois grands Dharmas ésotériques. C’est pourquoi, ce Dharma est le meilleur du janbudvipa.

 

Aussi, ceux qui gardent ce Dharma sont les meilleurs de tout le janbudvipa.

 

Il ne faut cependant pas se méprendre. Nous pouvons dire cela parce que nous avons foi dans le Gohonzon et non pas parce que nous sommes respectables nous-mêmes. Si l’on intervertit les rôles, l’orgueil apparaît alors dans notre cœur et il devient impossible de devenir Bouddha.

 

Nous arrivons à la dernière phrase.

 

En ce sens, le sutra énonce : « Celui qui garde correctement ce sutra est le meilleur parmi l’intégralité des êtres ».

 

Il s’agit là d’une phrase du 23ème chapitre du Sutra du Lotus, La conduite originelle du bodhisattva Roi-des-remèdes. Du point de vue de l’enseignement de Śākyamuni, « ce sutra » désigne le Sutra du Lotus, mais du point de vue de celui de Nichiren Daishônin, il s’agit du Gohonzon.

 

Les moines et pratiquants de la Nichiren Shôshû qui ont foi dans le Gohonzon et le protègent sont les bodhisattvas de l’enseignement originel ayant promis de diffuser le Dharma correct dans la période de la Fin du dharma, autrement dit les bodhisattvas jaillis de terre. Chacun d’entre eux endosse une partie de leur noble mission.

 

Si ceux qui gardent le meilleur Gohonzon du janbudvipa ont la foi et la pratique correcte, indépendamment de la présence ou de l’absence de sagesse, indépendamment de la profondeur ou de la légèreté de leur expérience de la pratique, grâce aux pouvoirs du Bouddha et du Dharma du Gohonzon, ils deviendront les meilleurs. Ils pourront alors surmonter toutes les difficultés et tous les obstacles et obtiendront infailliblement l’effet ultime de devenir Bouddha.

 

Pour cela, il est essentiel de réciter Daimoku d’une voix puissante tous les jours et de parler au plus grand nombre possible du Dharma merveilleux.

 

Je termine mon sermon de gratitude de Okô en priant pour l’accentuation de vos efforts courageux. Je vous remercie de votre visite au temple.

 

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