Septembre 2014

Lettre à Hôren

『Hôren shô - 法蓮抄』

Pratiquer ce sutra sans foi est comme pénétrer dans une montagne de trésors sans mains, tenter de parcourir une route de mille lieues sans jambes.

Je remercie les nombreuses personnes venues participer à la cérémonie de Okô de ce mois et d’avoir pu, avec elles, exprimer notre reconnaissance envers la bienfaisance de notre fondateur Nichiren Daishônin. 

 

Par ailleurs, j’ai en même temps célébré le rite de Gonan é.

Gonan é est le rite célébré pour exprimer notre gratitude envers la bienfaisance de Nichiren Daishônin par la commémoration de la persécution de Tatsunokuchi, survenue le 12ème jour du 9ème mois de la 8ème année de Bun’ei (1271).

Comme vous le savez, la vie de Nichiren Daishônin a été :

« Une suite de grande persécutions tombant comme la pluie, s’amoncelant comme les nuages ».

Effectivement, il dut affronter comme il le dit lui-même : « par quatre fois de grandes persécutions et un nombre incalculable de petites difficultés », chose que même les grands diffuseurs du bouddhisme que furent Nāgārjuna Vasubandhu, Zhiyi et Saichô, ne subirent pas. Au sein de cette suite de graves persécutions, celle de Tatsunokuchi revêt une signification extrêmement importante.

Dans le Traité qui ouvre les yeux, nous pouvons lire :

« Le dénommé Nichiren a eu la tête tranchée à l’heure du rat et du bœuf, le douzième jour du neuvième mois de l’année dernière. Son âme est parvenue au pays de Sado. L’année suivante au cours du deuxième mois, dans la neige, il envoie (cet écrit) aux disciples avec lesquels il a le lien. C’est effrayant, mais il n’y a rien d’effrayant. Ceux qui le liront s’en effraieront ».

Au milieu de la nuit du 12 septembre de la 8ème année de Bun’ei, Nichiren Daishônin quitta la résidence de Musashinokami Nobutoki, située au centre de Kamakura où il était alors détenu et, à l’heure du bœuf, à Tatsunokuchi, il fut sur le point d’être décapité lorsqu’un mystérieux objet lumineux surgit dans le ciel en direction du nord ouest depuis l’île d’Eno Shima. Aveuglé, le bourreau fut dans l’incapacité de décapiter Nichiren Daishônin.

Du point de vue du bouddhisme, l’heure du bœuf et du tigre possède une profonde signification. En effet, l’heure du bœuf signifie la fin du Yin, la fin de la mort, tandis que l’heure du tigre désigne le début du Yang, le début de la vie. En outre, l’heure du rat et du bœuf désigne l’errance dans l’illusion, alors que celle du tigre est l’heure de l’éveil. Entre les deux, autrement dit l’heure du bœuf et du tigre est donc un moment important.

Dans une Réponse à Messire de Ueno, Nichiren Daishônin écrit :

« L’obtention de l’éveil par tous les Bouddhas des trois phases s’accomplit à la fin de  l’heure du rat et du bœuf, à l’heure du tigre. Les trois pays placent le lieu de résidence du Dharma en direction de la porte de l’ogre ».

C’est pourquoi, l’heure du rat et du bœuf en ce 12ème jour du 9ème mois de la 8ème année de Bun’ei, représente la mort, la fin de l’homme ordinaire Nichiren Daishônin au degré de dénomination. L’heure du tigre, moment où Nichiren Daishônin se révéla être tel quel le corps qui reçoit et emploi lui-même au début du passé hors le temps, représente la vie, le début du Bouddha originel. A cet instant, Nichiren Daishônin abandonna son aspect provisoire d’homme ordinaire et révéla sa nature véritable de Bouddha originel de la Fin du Dharma. C’est ce qu’on appelle « le rejet de l’éphémère pour révéler l’originel » (Hosshaku Kenpon - 発迹顕本).

La signification de la cérémonie de Gonan é, célébrée chaque année le 12 septembre, réside dans l’expression de notre gratitude envers la bienfaisance du Bouddha de Nichiren Daishônin. En même temps, tout en évoquant le souvenir de ses persécutions inouïes et les difficultés qu’elles engendrèrent, nous promettons de propager le Dharma correct dans l’esprit de ne ménager ni notre corps ni notre vie, considérant le Dharma plus important que nous-même, quelles que soient les difficultés que nous sommes susceptibles d’affronter.

Il est essentiel de saisir l’opportunité des rites de Okô et de Gonan é de ce jour pour renouveler notre esprit et décupler notre énergie dans la perspective de réaliser notre mission.

C’est par ce souhait que je termine cette brève explication du rite de Gonan é.

Nous allons à présent réfléchir sur l’extrait de la Lettre à Hôren de ce jour.

Ce Gosho est une lettre adressée à Messire Soya Kyôshin au mois d’avril de la 1ère année de Kenji (1275). Nichiren Daishônin avait alors 54 ans et vivait au mont Minobu.

Ce texte mentionne une lettre adressée à Nichiren Daishônin par Soya Kyôshin à l’occasion du 13ème anniversaire du décès de son père. Il s’agit donc d’une réponse à cette lettre.

Messire Soya Kyôshin vivait dans le pays de Shimôsa (l’actuelle préfecture de Chiba). Son nom provient de l’endroit où il habitait. Par ailleurs, il reçut le nom bouddhique de Hôren Nichirei de la part de Nichiren Daishônin. C’est pourquoi, cette lettre est intitulée « Lettre à Hôren ».

Au 7ème mois de la 1ère année de Bun’ô, Nichiren Daishônin avait adressé sa première remontrance aux autorités de Kamakura sous la forme du Traité sur la sérénité du pays par l’établissement de la rectitude (Risshô Ankoku Ron). Cet événement fut le déclencheur de la persécution de Matsubagayatsu. Nichiren Daishônin avait pu alors échapper à la mort et était aller se réfugier chez Toki Jônin à Shimôsa.

Au cours de son séjour dans le district de Toki, Nichiren Daishônin concentra toutes ses forces dans la propagation de son enseignement dans la région en faisant par exemple un sermon de cent jours, ce qui permit la conversion de nombreuses personnes. On suppose que c’est à cette époque que Messire Soya, rejetant l’école du Shingon qu’il pratiquait jusqu’alors, prit refuge dans le Dharma correct.

Après sa conversion, il assuma le rôle de protection extérieure de Nichiren Daishônin en compagnie de Toki Jônin et Ôta Jômyô. Nichiren Daishônin lui adressa non moins de neuf Gosho, parmi lesquels, dans une Missive au Nyûdô Soya, dans laquelle, évoquant Ôta Jômyô, il leur écrit :

« Tous deux êtes de grands bienfaiteurs. Vos vœux se réaliseront ».

C’étaient donc des donateurs dotés d’une foi profonde, au point de recevoir le compliment de « grands bienfaiteurs ».

A présent, comme d’habitude, je vais commenter brièvement le Gosho dans son ensemble.

Nichiren Daishônin cite d’abord le passage du chapitre des Maîtres du Dharma : « le crime d’insulter un Bouddha est léger, celui d’insulter un moine ou un pratiquant lisant et récitant le Sutra du Lotus est lourd ».

Nourrir de la haine à l’encontre de celui qui pratique le Sutra du Lotus dans l’ère finale est la cause de la chute en enfer.

A l’inverse, louer et faire l’offrande au pratiquant du Sutra du Lotus dans l’ère finale est la source d’œuvres et vertus bien plus supérieures que celles de faire l’offrande au Bouddha vivant.

Ensuite, dans sa lettre, Soya Kyôshin écrit qu’afin de faire l’offrande du bien à son défunt père pour le 13ème anniversaire de son décès, il a lu cinq fois le Sutra du Lotus et que depuis le décès et jusqu’à ce jour, il a fait l’offrande du bien en lisant les stances Jiga. A ce sujet, Nichiren Daishônin répond que le Sutra du Lotus est la substantifique moelle des saints enseignements du Bouddha et qu’il est le sutra de la véritable piété filiale.

Nichiren Daishônin indique ensuite que la manière de garder le Sutra du Lotus varie en fonction du temps. Il enseigne alors la manière de recevoir et de garder le Sutra du Lotus dans la période de la Fin du Dharma à travers son propre comportement.

Le passage de ce mois est situé dans la partie enseignant la manière de recevoir et garder le Sutra du Lotus.

Enfin, Nichiren Daishônin conclut sa lettre en donnant une admonestation, disant qu’en raison de la haine suscitée par celui qui diffuse le Sutra du Lotus, autrement dit lui-même chez le souverain, les ministres et le peuple, le désastre de la révolte au sein d’un même clan et le désastre de l’invasion par une nation étrangère se sont produits et que le fait de ne pas écouter le pratiquant du Sutra du Lotus Nichiren Daishônin provoque les catastrophes naturelles.

Nous allons à présent lire l’extrait de ce mois.

Pratiquer ce sutra sans foi est comme pénétrer dans une montagne de trésors sans mains, tenter de parcourir une route de mille lieues sans jambes.

Il va sans dire, cette phrase souligne l’importance de la « foi ».

Le Grand Patriarche Nichinyo Shônin ayant commenté cette phrase lors d’un cours, je vais citer son commentaire.

« La signification de cette phrase est d’indiquer ce qu’implique la pratique de ce sutra sans avoir la foi. En fait, peut-on pratiquer le Sutra du Lotus sans avoir la moindre parcelle de foi ?

Ici, Nichiren Daishônin écrit : " Pratiquer ce sutra sans foi". Nikken Shônin disait qu’il est dès lors important de définir ce qu’est "la foi".

Ne pas avoir la foi et, en plus, ne pas pratiquer : ne pas pratiquer correspond à ne pas avoir de foi. Ce genre de personne est extrêmement nombreux dans la Fin du Dharma.

Par contre, on peut se demander ce que peut être le fait de ne pas avoir la moindre foi et pourtant pratiquer le Sutra du Lotus.

En conclusion, "sans foi" désigne le fait de concevoir du doute envers le Dai Gohonzon du Kaidan de la doctrine originelle, fondement de l’enseignement de Nichiren Daishônin. C’est également concevoir du doute envers la doctrine fondamentale du bouddhisme qu’est transmission vitale de l’eau du Dharma, s’écoulant majestueusement depuis Nikkô Shônin, Nichimoku Shônin, jusqu’à aujourd’hui.

Alors, de telles personnes auront beau prier le Gohonzon, elles n’auront aucun bienfait. Aussi, faut-il avoir la foi correcte dans la transmission vitale légitime.

En ce sens, aujourd’hui l’Ikeda Sôka Gakkai, destructrice des trois trésors de l’ensemencement, ou encore des organisations niant la transmission vitale telles Shôshinkai ou Kenshôkai correspondent tout-à-fait à ceux qui "pratiquent ce sutra sans foi". Comme l’indique cette directive, ils auront beau pratiquer, il n’y à la aucune œuvre et vertu.

Nichiren Daishônin le déclare très sévèrement : du fait qu’ils se trompent sur le fondement, de tels personnages tentent de "pénétrer dans une montagne de trésors sans mains, ou de parcourir une route de mille lieues sans jambes".

(D’après le cours donné par Nichinyo Shônin lors de la 1ère session des 8ème cours d’été du Hokkekô en 2011.

Sans la "Foi", finalement, le grand trésor qu’est l’état de vie de « l’éveil » est hors de portée.

En même temps, la « foi » doit être correcte. On aura beau croire quelque chose d’erroné, comme le dit Nichinyo Shônin « ils se trompent sur le fondement », aussi il n’y a là aucune œuvre et vertu.

Déployons de nouveau notre énergie à partir d’aujourd’hui en gardant ce principe dans notre esprit.

Merci de votre visite au temple.

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