Sermon de Okô

Septembre 2012

 

Lettre à Akimoto

(Akimoto gosho - 秋元御書)


Un récipient possède quatre défauts. Le premier est le renversement. Il peut être retourné ou recouvert par un couvercle. Le deuxième est la fuite, qui signifie qu’il laisse l’eau s’échapper. Le troisième est la saleté. Même si l’eau qu’il contient est pure, si des excréments y pénètrent, l’eau du récipient est alors inutilisable. Le quatrième est le mélange. Si l’on mêle des excréments, ou des cailloux, ou du sable ou encore de la terre au riz, les hommes ne peuvent pas le manger. Le récipient représente notre corps et notre esprit. Notre esprit est comme le récipient. Notre bouche aussi est le récipient, tout comme nos oreilles le sont.

 

Je vous remercie d’être venus nombreux venir vous recueillir ici pour célébrer Okô, rite par lequel nous avons ensemble exprimé notre gratitude envers la bienfaisance de notre fondateur Nichiren Daishônin.

Aujourd’hui, nous avons également célébré Gonan é.

Gonan é est la cérémonie commémorant la persécution (nan) subie par Nichiren Daishônin à Tatsunokuchi le 12ème jour du 9ème mois de la 8ème année de Bun’ei (1271).

Nichiren Daishônin résuma sa vie entière par cette expression :

« De multiples grandes difficultés tombèrent comme la pluie, jaillirent comme les nuages ».

Il dit également : « de grandes difficultés à quatre reprises et un nombre incalculable de petites difficultés ». Ces suites de grandes persécutions, même les grands diffuseurs du bouddhisme que furent Nāgārjuna, Vasubandhu, Tendai, Dengyô n’en subirent pas de pareilles.

La raison pour laquelle, parmi ces quatre grandes persécutions dues à la propagation du Dharma, celle de Tatsunokuchi fait l’objet d’une cérémonie particulière est qu’elle revêt plus que les autres une signification importante.

Je vais lire la directive donnée par le souverain du Dharma Nichinyo Shônin à ce sujet :

« Cette persécution de Tatsunokuchi revêt une importante signification du point de vue doctrinal. Vous connaissez tous ce passage du Traité qui ouvre les yeux :

"Un dénommé Nichiren a eu la tête tranchée entre l’heure du rat et celle du bœuf le douzième jour du neuvième mois de l’année dernière. Son âme est parvenue au pays de Sado. L’année suivante au cours du deuxième mois, dans la neige, il envoie (cet écrit) aux disciples avec lesquels il a le lien. C’est effrayant, mais il n’y a rien d’effrayant. Ceux qui le liront s’en effrayeront".

Ici, Nichiren Daishônin écrit "un dénommé Nichiren a eu la tête tranchée entre l’heure du rat et celle du bœuf le douzième jour du neuvième mois de l’année dernière". Or, bien entendu, il était encore vivant. Pourtant, il écrit bien : "a eu la tête tranchée entre l’heure du rat et celle du bœuf le douzième jour du neuvième mois de l’année dernière". Vous allez peut-être penser qu’il affirmait quelque chose différent de la vérité.

En fait, la signification de cette affirmation est précisée par Nichikan Shônin dans son Exégèse du Traité qui ouvre les yeux où il écrit que l’heure du rat est l’heure à laquelle Nichiren Daishônin fut extrait de Kamakura. L’heure du bœuf désigne l’heure à laquelle il fut assis au lieu du supplice de Tatsunokuchi. Ensuite, "a eu la tête tranchée" correspond tout à fait à la phrase du chapitre Exhortation à garder du Sutra du Lotus, indiquant que le pratiquant subira des persécutions par le sabre et le bâton. Enfin, "son âme est parvenue au pays de Sado" correspondant à la phrase du sutra "sera expulsé à maintes reprises", elle est la preuve que Nichiren Daishônin est bien le pratiquant du Sutra du Lotus "ne tenant pas compte de son corps ni de sa vie, car ne recherchant que la voie insurpassable".

Toutefois cette explication est une extrapolation. Quant au sens premier, qu’en est-il ? Nichikan Shônin écrit : "le sens premier de cette phrase est qu’elle éclaircit parfaitement le fait que la substance du corps de l’homme ordinaire au degré de dénomination Nichiren Daishônin est le corps qui librement reçoit et emploi à l’origine du passé hors le temps, récitant la véritable réalisation de la voie en tant qu’éveil intérieur, se manifestant sous la forme du Bouddha originel de l’ensemencement dans la Fin du Dharma".

La signification première de cette phrase du Traité qui ouvre les yeux est donc que la substance de l’homme ordinaire au degré de dénomination Nichiren Daishônin se manifeste en tant que corps qui librement reçoit et emploie à l’origine du passé hors le temps.

L’heure du bœuf est la fin de l’obscurité, c’est-à-dire la fin de la mort, l’heure du tigre est le début de la clarté, c’est-à-dire le début de la vie.

Chaque matin, au temple principal, le Gongyô entre l’heure du bœuf et celle du tigre est pratiqué. Sa signification est telle que je viens de le dire.

Dans une Réponse à Messire de Ueno également, on peut lire :

"L’obtention de la voie par les bouddha des trois phases s’effectue à la fin de l’heure du rat et du bœuf, au moment de l’heure du tigre".

L’heure du rat et du bœuf représente la fin du corps de l’homme ordinaire au niveau de dénomination Nichiren Daishônin. C’est pourquoi, il écrit : "a eu la tête tranchée". Enfin, l’heure du tigre est le début de la vie du corps qui librement reçoit et emploie à l’origine du passé hors le temps.

Il y a donc une telle profonde signification à "ushitora", l’heure du bœuf et du tigre. De sorte que, "a eu la tête tranchée" ne possède nullement une signification physique, mais du point de vue de la doctrine profonde, cette expression représente la fin de Nichiren Daishônin en tant qu’homme ordinaire. Ensuite, la signification de l’heure du tigre est le début de sa vie en tant que Bouddha. Là réside la signification du rejet de l’aspect éphémère pour révéler la nature originelle ».

Comme le dit Nichinyo Shônin, la persécution de Tatsunokuchi contient l’importante signification du rejet de l’aspect éphémère pour révéler la nature originelle. C’est pourquoi nous commémorons cette persécution afin d’exprimer notre gratitude envers la bienfaisance de Nichiren Daishônin.

Nous ne devons pas seulement garder à l’esprit le sentiment de gratitude, nous devons en outre montrer réellement ce sentiment par notre foi et notre pratique. C’est autrement dit par notre pratique personnelle et la conversion d’autrui.

Je termine cette explication de Gonan é en souhaitant qu’à l’occasion de cette cérémonie, vous déployiez davantage votre énergie courageuse.

Je vais à présent parler de la phrase de Gosho de ce mois. Il s’agit d’un passage de la Lettre à Akimoto. Cette dernière est une réponse écrite le 27ème jour du 1er mois de la 3ème année de Kôan (1280), adressée à Messire Akimoto Tarô Saemon no Jô Katsumitsu, en remerciement pour une offrande de récipients de forme cylindrique laqués et des coupes à saké.

En particulier, utilisant l’offrande de forme cylindrique, Nichiren Daishônin donne une orientation au sujet des récipients intacts et des récipients cassés. C’est pourquoi, l’autre nom de cette lettre est Ecrit sur les récipients cylindriques.

On ne possède pas d’éléments précis au sujet de Messire Akimoto. On dit toutefois qu’il aurait habité à Usui no Shô, dans le district de Inba du pays de Shimôsa (situé dans l’actuelle préfecture de Chiba) et qu’il aurait été un parent de la famille Toki. Il a reçu une autre lettre intitulée Réponse à Messire Akimoto, datée du premier mois de la 2ème année de Bun’ei (1265).

Cette fois, je ne vais pas parler du Gosho dans son ensemble et passer directement à l’explication du passage d’aujourd’hui. Veuillez m’en excuser.

Un récipient possède quatre défauts.

Nichiren Daishônin ayant reçut des récipients cylindriques en offrande de la part de Messire Akimoto, il utilise la notion de récipient pour l’orienter dans la manière d’être d’un pratiquant qui récite Nam Myôhôrengekyô en gardant le Gohonzon.

Je pense que vous pouvez imaginer ce que sont des « récipients de forme cylindrique ». Ce genre de récipient présente 4 défauts.

Le premier est le renversement. Il peut être retourné ou recouvert par un couvercle.

Le premier défaut du récipient est que si l’on dirige le versoir vers le bas, ou qu’on le retourne, le liquide contenu dans le récipient se renverse et si on le ferme d’un couvercle, on ne peur alors plus le remplir.

Le deuxième est la fuite, qui signifie qu’il laisse l’eau s’échapper.

Là, il est inutile de donner davantage d’explications. Si le récipient dans lequel on verse de l’eau est percé d’un trou, l’eau s’y échappe. Le récipient est dès lors inutilisable.

Le troisième est la saleté. Même si l’eau qu’il contient est pure, si des excréments y pénètrent, l’eau du récipient est alors inutilisable.

Si le récipient est sale, l’eau qu’il contient est impropre à la consommation et les aliments préparés avec cette eau deviennent incomestibles.

Le quatrième est le mélange. Si l’on mêle des excréments, ou des cailloux, ou du sable ou encore de la terre au riz, les hommes ne peuvent pas le manger.

Même si de l’eau pure est versée dans le récipient, si ce dernier contient de la poussière ou de la terre, ou quelque chose de sale, on ne peut pas boire cette eau.

Nichiren Daishônin dit que les récipients montrant l’un ou l’autre de ces quatre défauts ne peuvent pas remplir leur fonction de récipient.

Le récipient représente notre corps et notre esprit. Notre esprit est comme le récipient. Notre bouche aussi est le récipient, tout comme nos oreilles le sont.

Ici, Nichiren Daishônin ajoute que « notre corps et notre esprits sont comme un récipient ».

Je vais expliquer concrètement ce que cela signifie.

Le premier, le « renversement » désigne le fait de ne pas faire pénétrer l’enseignement du Bouddha dans notre cœur , ne pas l’entendre, ne pas le réciter. C’est la même chose que de renverser un récipient ou de l’obturer à l’aide d’un couvercle.

Bien que l’on ait rencontré cette religion, on n’essaie même pas d’écouter l’enseignement du Bouddha, on ne fait ni Gongyô ni ne récite Daimoku. C’est l’état d’un récipient que l’on a renversé ou que l’on a bouché. Il est dès lors impossible de recevoir des bienfaits.

« Avoir de l’orgueil » correspond également à cet état. En raison de cet orgueil, on finit par avoir un état de vie dans lequel on pense « tout savoir sur l’enseignement du Bouddha et ne pas avoir besoin d’écouter ce que disent les autres ». On est alors incapable d’entendre ce que les autres disent.

« La fuite » représente l’état dans lequel en raison de mauvais liens, notre foi est aléatoire ; on a foi dans le Gohonzon, puis on n’y croit plus ; un coup on pratique, la fois d’après on ne pratique plus. Cet état est comparé à un récipient dont le contenu fuit.

« La saleté » désigne le récipient qui, en raison de sa souillure, finit par corrompre son contenu. Cet aspect désigne les conceptions personnelles et les offenses au Dharma souillant l’eau pure et fait perdre les œuvres et vertus.

« Le mélange » représente l’aspect de mêler des aliments purs et des aliments souillés dans un même récipient. Le pratiquant gardant le bon Dharma qui approuverait en même temps les impures offenses au Dharma et pratiquerait les deux, perd les œuvres et vertus du Sutra du Lotus, sans penser que c’est pénible.

Nichiren Daishônin ajoute :

« Un récipient débarrassé des quatre défauts du renversement, de la fuite, de la saleté et du mélange est un récipient parfait. Si le mur d’enceinte, si la digue ne fuient pas, l’eau ne se perd pas ».

Seul le récipient ne présentant aucun des quatre défauts et utilisable.

Il ajoute :

« Si vous réalisez le cœur de la pratique, alors l’eau de la grande sagesse égale ne s’assèchera pas ».

Si notre foi devient dans l’état où elle ne présente aucun des quatre défauts, nous pourrons être baignés des pouvoirs du Gohonzon sans en perdre un seul.

Je pense qu’il est essentiel que nous nous efforcions quotidiennement dans la pratique personnelle et la conversion d’autrui avec un sentiment pur et que nous progressions énergiquement avec esprit de recherche, afin de ne pas tomber dans les quatre défauts des récipients.

Le mois prochain, il y aura la cérémonie de Oéshiki du Shingyôji. Comme chaque année, de nombreux pratiquants venus d’autres pays y participeront. Votre aide pour la confection des fleurs, le ménage, la gestion et autres activités sera nécessaire. J’espère votre collaboration.

C’est par ces mots que se termine mon sermon de ce mois. Merci de vos efforts.

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