Sermon de Okô

Septembre 2011

 

Réponse à Messire Shijô Kingo

(Shijô kingo dono gohenji-  四条金吾殿御返事)


On dit que lorsque les racines sont profondes, les branches sont luxuriantes et que lorsque la source est lointaine, le courant est long. Tous les sutras ont des racines superficielles et un courant proche. Les racines du Sutra du Lotus sont profondes et sa source est lointaine. C’est pourquoi, le grand maître du Tendai disait qu’il s’écoulera sans se tarir, jusqu’à la mauvaise période de l’ère finale.

 

 

Je suis très heureux, à l’occasion de la cérémonie de Okô de ce mois, par laquelle nous exprimons notre gratitude envers la bienfaisance de notre fondateur Nichiren Daishônin, d’avoir pu exprimer notre reconnaissance, avec vous, venus du fait de votre foi profonde.

Aujourd’hui, en même temps que Okô, j’ai célébré le rite de Gonan é.

Gonan é est la cérémonie par le biais de laquelle nous exprimons notre gratitude envers la bienfaisance de Nichiren Daishônin qui, lors de la persécution de Tatsunokuchi, a effectué le « rejet de l’éphémère pour révéler l’originel (j. hosshaku kenpon). Autrement dit, il a abandonné son aspect éphémère de manifestation du bodhisattva Pratique supérieure, de l’homme ordinaire Nichiren pour révéler sa nature essentielle de Bouddha originel de la Fin du Dharma.

Au milieu de la nuit du12 septembre, il fut assis sur le lieu du supplice. Or, soudain, un grand objet lumineux apparut, empêchant les fonctionnaires du gouvernement militaire de décapiter Nichiren Daishônin qui fut alors exilé à Sado.

Evoquant cet événement dans le Traité qui ouvre les yeux, Nichiren Daishônin écrit :

Le dénommé Nichiren a été décapité le douzième jour du neuvième mois, entre l’heure du rat et celle du bœuf. Son âme est parvenue au pays de Sado.

En réalité, il n’a pas été décapité. Or, ici, il dit clairement « a été décapité ».

Le 26ème grand Patriarche Nichikan Shônin disait au sujet de cette phrase :

« La signification première de cette phrase est que la substance du corps de l’homme ordinaire au degré de dénomination Nichiren est devenu le corps de l’origine du passé hors le temps qui reçoit et emploie de lui-même son véritable corps, récitant la réalisation de la voie en tant qu’attestation intérieure, se révélant être le Bouddha originel de l’ensemencement dans la Fin du Dharma.

Ici, Nichikan Shônin affirme que cette phrase énonce clairement l’abandon par Nichiren Daishônin de son aspect éphémère pour révéler sa nature originelle.

Le mot « persécution » ou « difficulté » possède une connotation négative. Toutefois, il est également vrai que cette « persécution », cette « difficulté », peut permettre à la vérité d’apparaître, ou bien de nous élever, de nous développer.

La Transmission orale de la doctrine énonce :

« Lorsqu’on pratique Myôhôrengekyô et que des difficultés se présentent, il faut les considérer comme une félicité ».

Quelles que soient les difficultés, je souhaite progresser en éveillant une force de la foi infaillible, en ayant la conviction que ces difficultés sont en fait une étape vers la bouddhéité.

C’est par ces mots que s’achève mon discours sur la cérémonie de Gonan é.

 

A présent, nous allons étudier la phrase de ce mois.

Il s’agit d’une réponse aux offrandes faite par Messire Shijô Kingo, datée du 15 septembre de la 2ème année de Kôan (1279).

Comme d’habitude, je vais faire un bref résumé de cette lettre.

Au début, Nichiren Daishônin écrit qu’il a transmis au Sutra du Lotus l’esprit animant Shijô Kingo pour faire cette offrande.

Ensuite, citant des exemples japonais et chinois, il explique que lorsque quelqu’un semble être supérieur aux autres, immanquablement, il éveille la jalousie chez certains.

Ensuite, il dit que Kingo a certainement été placé dans cette situation, mais le fait que son suzerain lui ait attribué un nouveau domaine relevait du principe des vertus cachées entraînant des rétributions visibles et était la manifestation des œuvres et vertus inhérentes à son action de shakubuku vis-à-vis de son suzerain. Le cœur de celui-ci s’est assoupli, comme ce fut le cas du roi Ajātaśatru (jp. Ajase) à l’époque du Bouddha Shakyamuni ou du roi Ornementation merveilleuse dans le Sutra du Lotus. Nichiren Daishônin loue Shijô Kingo, lui certifiant que cet événement est dû en particulier à la profondeur de sa foi. C’est après ce passage que la phrase de ce mois intervient.

Ensuite, citant l’exemple du Bouddha Shakyamuni au moment où il quitta la demeure, Nichiren Daishônin indique qu’infailliblement de grandes difficultés se présentent à celui qui a foi dans la doctrine du Sutra du Lotus. Ce dernier est difficile à croire et difficile à comprendre et, de plus, dans la période de la Fin du Dharma de plus grande difficultés encore doivent se produire. Toutefois, les œuvres et vertus de celui qui peut endurer et supporter ces difficultés sont immenses. Après l’extinction du Bouddha, aucun maître, au cours des périodes de la Rectitude et de la Semblance du Dharma ne rencontra les grandes difficultés décrites dans le Sutra.

Nichiren Daishônin écrit ensuite qu’à présent, au début de la Fin du Dharma, si les prophéties du Bouddha sont justes, un saint doit immanquablement apparaître. Et lorsque ce saint apparaît, il y a nécessairement des signes avant-coureurs. L’un de ces signes, les batailles, s’étant déjà produit, un saint est peut-être déjà apparu. Il évoque ensuite son propre état de vie et suggère qu’il est lui-même le pratiquant du Sutra du Lotus (le Bouddha originel de la Fin du Dharma). Enfin, que celui qui le protège aussi, devient immanquablement Bouddha.

Pour terminer, Nichiren Daishônin conclut sa lettre en évoquant la mort de Sanmibô qui, tout en étant son disciple s’est opposé à son grand maître et suggère qu’il s’agit de la sévère punition du Sutra du Lotus, telle qu’elle est décrite dans le Sutra. Enfin, étant lui-même malade, il indique son souhait de confier ses soins à Messire Shijô Kingo.

Je lis à présent la phrase du mois.

Comme la fin de ce passage l’indique, il s’agit d’un commentaire du grand maître du Tendai.

Une phrase similaire est également écrite dans d’autres Gosho. Dans la Floraison et la germination des fleurs (jp. Keka jôjû gosho), nous lisons :

« Lorsque les racines sont profondes, les branches et les feuilles ne se flétrissent pas ».

Dans le Traité sur la rétribution de la bienfaisance (jp. hô-on sho), il est écrit :

« Si les racines sont profondes, les branches sont luxuriantes et si la source est lointaine, le courant est long ».

Le grand maitre du Tendai commente les phrases du Sutra du Lotus dans les Mots et Phrases. Dans son explication du passage concernant la phrase du chapitre des Moyens, que nous lisons lors du Gongyô « la sagesse des Eveillés est infiniment profonde et incommensurable » (jp. sho butchié jinjin muryô - 諸仏智慧 甚深無量), il écrit :

« Par exemple, de même que lorsque les racines sont profondes, les branches sont luxuriantes et lorsque la source est lointaine, le courant est long..) ».

On peut scinder cette phrase en deux parties. Le début : lorsque les racines sont profondes, les branches sont luxuriantes » explique la sagesse des Bouddhas enseignée dans la doctrine éphémère. La seconde partie de la phrase désigne la sagesse des Bouddhas enseignée dans la doctrine originelle.

Dans la signification de la doctrine éphémère, la sagesse des Bouddhas étant extrêmement profonde et incommensurable, tous les enseignements qui en sont issus sont véritablement respectables et remarquables, ce qui est indiqué par « les branches sont luxuriantes ». Autrement dit, l’aspect d’un arbre ayant des racines profondes lui permettant de se développer et de grandir en hauteur est pris pour exemple.

Par contre, la sagesse des Bouddhas de la doctrine originelle est indiquée par la symbolique « si la source est lointaine, le courant est long ». La « source » désigne l’origine de l’eau. Le fait que l’origine d’où jaillit l’eau soit lointaine indique que la sagesse des Bouddhas du point de vue de la doctrine originelle est extrêmement profonde et incommensurable, par le biais de l’expression « si la source est lointaine, le courant est long ». Autrement dit, Shakyamuni n’est pas un Bouddha ayant obtenu l’éveil pour la première fois en apparaissant en ce monde et en pratiquant l’ascèse, mais il possédait la sagesse des Bouddhas depuis le passé hors le temps. Cette origine est en fait très lointaine, ce qui est indiqué par l’exemple de la rivière, selon lequel la source étant lointaine, le courant est long.

En d’autres termes, le commentaire du grand maître du Tendai établit la supériorité à la fois de la doctrine éphémère et de la doctrine originelle du Sutra du Lotus.

C’est pourquoi, Nichiren Daishônin complète ce commentaire de Tendai par :

Tous les sutras ont des racines superficielles et un courant proche. Les racines du Sutra du Lotus sont profondes et sa source est lointaine.

Les autres sutras sont des enseignements se conformant au cœur d’autrui et le Bouddha qui les a enseignés est le Bouddha ayant obtenu l’éveil pour la première fois en cette vie. C’est pourquoi il ne s’agit pas du véritable enseignement, semblable à des végétaux dont les racines sont superficielles.

Par exemple, pour que des arbres se développent bien, il faut que leurs racines soient solides. C’est parce que leurs racines sont solidement ancrées que leurs branches poussent à foison. Ils deviennent de grands arbres inébranlables sous le vent.

De plus, puisque ces enseignements sont des prêches du Bouddha n’ayant pas encore révélé la vérité, leur origine n’est que le vénéré Shakya ayant ouvert pour la première fois la bouddhéité en cette vie sous l’arbre boddhi. Si on le compare au vénéré Shakya révélant, dans le chapitre Durée de la vie sa véritable origine dans le passé lointain, même du point de vue temporel la source étant proche, son courant est naturellement étroit.

A l’inverse, le Sutra du Lotus a des « racines profondes et une source lointaine », que ce soit du point de vue de la doctrine (un enseignement véritablement profond, révélant que n’importe qui peut devenir Bouddha y est donné) que du point de vue de la personne (le Bouddha enseignant le Sutra du Lotus étant le Bouddha ayant obtenu la voie dans le passé hors le temps de cinq cents grains de poussières, sa source est lointaine au point de ne même pas pouvoir l’imaginer).

En outre, si la source et lointaine, le courant est long. Aussi :

« Il s’écoulera sans se tarir, jusqu’à la mauvaise période de l’ère finale ».

Cet enseignement (ici on parle d’eau) ne se tarira jamais, ne se flétrira pas et s’écoulera dans le futur infini de la Fin du Dharma.

Toutefois, la vaste propagation, mission que nous a confiée Nichiren Daishônin ne consiste aucunement en la diffusion du Sutra du Lotus enseigné par le Bouddha Shakyamuni. Il s’agit de propager Nam Myôhôrengekyô, les trois grands Dharmas ésotériques enfouis au profond des phrases du Sutra du Lotus et apporter le bonheur à tous les êtres de la Fin du Dharma grâce à l’enseignement correct.

Jadis, le Grand Patriarche retiré Nikken Shônin donnait la directive suivante concernant l’expression « si la source est lointaine, le courant est long » :

Aussi, si on aborde l’expression « si la source est lointaine, le courant est long » du point de vue de sa signification, elle signifie que, après l’apparition de Nichiren Daishônin, cet enseignement du Bouddha se propagera au cours de l’éternité de la Fin du Dharma.

La source est l’origine du passé hors le temps et, dans la Fin du Dharma, le Dharma du Bouddha de l’origine du passé hors le temps est apparu sous la forme de la substance du Dai Gohonzon du Kaidan de la doctrine originelle. De plus, le fait que ces trois grands Dharmas ésotériques seront propagés dans l’éternité après son extinction, représente l’aspect véritable et sans faille, puisqu’il s’agit de la parole du Bouddha.

Nichiren Daishônin écrivait :

« La compassion de Nichiren étant immense, Nam Myôhôrengekyô s’écoulera dans le futur, plus loin que l’infini ».

Il proclame clairement la vaste propagation du bon Dharma jusqu’aux fins fonds du futur ».

Bien entendu, la vaste propagation ne se réalisera jamais si nous nous contentons d’attendre assis en nous taisant. Puisque le Dharma ne se propage pas de lui-même, il faut qu’il y ait les personnes qui le propagent.

Tout au long de sa vie, tout en surmontant diverses difficultés, Nichiren Daishônin inscrivit le Dai Gohonzon du Kaidan de la doctrine originelle des trois grands Dharmas ésotériques, source du bonheur des êtres de la Fin du Dharma. Conformément à la phrase du sutra « à présent je le pose ici », il nous l’a déposé.

Par bonheur, nous qui avons un profond lien accumulé, avons pu boire cet excellent bon remède, autrement dit, réciter Nam Myôhôrengekyô avec foi dans le Dai Gohonzon.

En fait, nous sommes les seuls à pouvoir propager ce bon Dharma. Nous avons la responsabilité de réaliser le grand vœu de la vaste propagation, en tant que messagers du Bouddha originel Nichiren Daishônin.

Je souhaite que vous graviez de nouveau dans votre cœur que, grâce à la foi et la pratique de l’enseignement du Dharma merveilleux et grâce à la pratique personnelle et la conversion d’autrui par l’enseignement du Dharma merveilleux à ceux avec qui nous avons un lien, nous avons la possibilité d’ouvrir l’état de vie du véritable bonheur.

A partir du 22 septembre, avec 21 pratiquants, se déroulera le premier Tozan du chapitre Shingyôji. Mon épouse et moi-même ferons ce Tozan. Malgré la gêne occasionnée par notre absence, je vous demande de bien vouloir assurer la protection du temple.

Après notre retour, je pense demander à des participants de faire des comptes-rendus sur le déroulement du Tozan.

Je vous serai infiniment obligé de réciter Daimoku en prière pour le succès du Tozan.

Je termine par ces mots mon sermon de gratitude envers la bienfaisance de Nichiren Daishônin.

Merci de votre participation.

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