Sermon de Okô

Novembre 2010

 

Dialogue du Saint et du sot

 

Depuis que j’ai commencé à étudier l’enseignement légué par le vénéré Shakya et entrepris la pratique du Dharma de l’Eveillé, j’ai toujours considéré la reconnaissance de la bienfaisance comme le plus important et la rétribution de cette bienfaisance comme la priorité. Celui qui sait qu’en ce monde quatre bienfaisances existent est appelé homme. Celui qui l’ignore n’est rien d’autre qu’un animal.

 

Je suis très heureux d’avoir pu exprimer avec le grand nombre de personnes venues aujourd’hui, notre gratitude envers la bienfaisance de notre fondateur Nichiren Daishônin lors de la cérémonie d’Okô de ce mois.

Aujourd’hui, j’ai célébré en même temps la cérémonie de " Mokushi é" commémorant l’extinction de Nichimoku Shônin. Par ailleurs, j’ai posé le Gohonzon sur la tête des enfants présents aujourd’hui, à titre de vœu pour leur croissance en bonne santé

On dit que Nichimoku Shônin excellait dans les débats. Lorsque Nichiren Daishônin malade partit se soigner par une cure thermale, il s’arrêta en cours de route dans la demeure d’Ikegami Munenaka. C’est en ce lieu qu’il s’éteint. Apprenant la présence de Nichiren Daishônin à Ikegami, Ise Hô-in, un moine érudit du temple du mont Hiei voulut le défier en un débat. Malade, Nichiren Daishônin demanda à Nichimoku Shônin de le représenter. Dix questions furent échangées entre Nichimoku Shônin et Ise Hô-in. Nichimoku Shônin, réfutant chaque erreur de son adversaire le poussa à la soumission. Il parait qu’Ise Hô-in ayant perdu la face partit rapidement en se sauvant.

Dans sa « Biographie des trois maîtres » appelée Godendodai, Nichidô Shônin relate qu’apprenant cet épisode, Nichiren Daishônin eut un sourire et dit : "Je savais que ça se passerait ainsi, c’est pourquoi j’ai envoyé Kyôkô" (Kyôkô est le nom de Nichimoku Shônin après qu’il devint moine).

Je prie du fond du cœur pour que les enfants présentes aujourd’hui se développent parfaitement, comme Nichimoku Shônin, tant du point de vue de leurs études que de la foi.

Comme je l’ai évoqué lors de la dernière pratique de Daimoku pour la vaste propagation, les cérémonies d’Oéshiki de cette année se sont magnifiquement déroulées. Je profite de cette occasion pour vous adresser de nouveau mes remerciements pour votre participation et votre coopération.

La phrase du Gosho de ce mois-ci est extraite du même Gosho que le mois dernier, le « Dialogue du saint et du sot ». Comme j’ai donné les explications sur l’ensemble de ce traité, le mois dernier, je vais les omettre aujourd’hui, vous rappelant simplement que ce Gosho est écrit sous la forme d’un dialogue entre un Saint et un sot.

Je voudrais parler un peu plus concrètement de ce dialogue.

Lors de la cérémonie d’Okô du mois dernier, je vous avais dit qu’u début du Gosho, le sot se lamente et recherche l’enseignement correct : "Alors que nous avons reçu la vie et que, dès lors, personne ne peut échapper à la mort, personne ne fait sérieusement face à cette vérité". Ensuite, des personnages porteurs de divers enseignements se présentent devant le sot.

A ce moment, le premier à se présenter est un pratiquant de l’école des Commandements (Ritsu). Le sot, qui ne connaissait pas l’enseignement du Bouddha, entendant le bouddhisme par cet homme, se réjouit grandement. Le pratiquant de l’école des commandements dit au sot : Lorsqu’on désire de venir Bouddha, respecter les préceptes est important". Puis, il lui demande : "Respecterez-vous les cinq préceptes, les ceux cent cinquante préceptes" ? Docilement, le sot promet de les respecter.

Ensuite, le sot rencontre un ami d’autrefois. Cet ami pratique le Nenbutsu. Au cours du dialogue entre les deux personnages, la différence entre le Nenbutsu et l’école des commandements apparaît clairement. Le sot, trouvant que les propos du pratiquant du Nenbutsu sont fondés, promet d’invoquer le Nenbutsu en gardant les trois sutras de la terre pure, c’est-à-dire les trois sutras sur lesquels se fonde l’école du Nenbutsu (Terre pure) : « le Sutra des vies infinies », « le Sutra de le contemplation des vies infinies » et « le Sutra d’Amida ».

Le sot rencontre ensuite un pratiquant de l’école des Formules incantatoires (shingon). Celui-ci lui dit : "dans le bouddhisme, il existe les enseignements exotériques et les enseignements ésotériques. Ces derniers sont la vérité". Surpris, le sot demande alors "Qu’est-ce que les sutras ésotériques" ? Le pratiquant répond qu’ils sont contenus dans les trois sutras dont le « Sutra Dainichi ». Le sot décide alors de garder désormais les enseignements du Shingon, disant : "je vais réparer mes erreurs précédentes et adopter cet enseignement encore plus supérieur".

A ce moment, il rencontre cette fois un pratiquant du Zen. Lui aussi dit au sot que l’enseignement qu’il pratique n’est pas le bon et que la vérité réside dans le fait qu’il peut devenir Bouddha par la méditation du Zen. Le sot se dit alors "il existe de nombreux enseignements dans le bouddhisme et il est difficile de savoir lequel est le bon. Je voudrais rencontrer un homme sachant discerner le vrai du faux au sein du bouddhisme et le prendre pour maître".

Il est normal qu’il se fasse cette réflexion, puisqu’il entend un enseignement différent à chaque fois qu’il rencontre quelqu’un, prétendant, qui plus est, que son enseignement est le bon.

Pour finir, le sot rencontre le Saint (le pratiquant du « Sutra du Lotus ») et, à travers leur dialogue, il comprend où se trouve la vérité.

Au cours du dialogue, le Saint démontre au sot la véracité du « Sutra du Lotus » par le biais de l’attestation scripturaire de l’obtention de la bouddhéité par les deux véhicules, les femmes et les mauvais hommes. Entendant cela, le sot comprend alors la distinction entre le bon de l’erroné et voudrait décider de pratiquer à tout prix le « Sutra du Lotus ».

Toutefois, il hésite à commencer la pratique du « Sutra du Lotus », disant "de nombreuses personnes ont une foi profonde dans le Nenbutsu, le Shingon, le Zen et le Ritsu, mais je n’ai jamais encore entendu parler de personnes pratiquant le « Sutra du Lotus ». Il ajoute, "Et puis, en pratiquant le « Sutra du Lotus », je tourne le dos à la religion du souverain et, de plus, j’abandonne de moi-même les enseignements pratiqués par mes parents et mes ancêtres. Ne suis-je pas là en train de m’opposer à la rétribution de la bienfaisance du souverain, du maître et des parents enseignée par le vénéré Shakya, au lieu de la pratiquer" ?

Enfin, il dévoile son véritable sentiment, disant : "la logique de la doctrine du « Sutra du Lotus » est claire et souhaite pratiquer en priant pour ma vie suivante. Je ne sais cependant pas pourquoi c’est bien".

La phrase d’aujourd’hui est contenue dans la réponse faite par le Saint. Elle explicite clairement que la véritable voie de la rétribution de la bienfaisance par celui qui pratique le bon enseignement ne consiste pas simplement à obéir aux ordres du souverain ou à se conformer à la volonté des parents.

Par exemple, obéir aux ordres des parents est considéré comme de la piété filiale dans le monde séculier. Toutefois, comme le montre le Saint, le vénéré Shakya lui-même, abandonna son rang de Prince et quitta la demeure. Comme vous le savez, le roi Śuddhodana s’opposa à l’entrée dans les ordres de son fils. Il fit tout ce qui était possible pour qu’il ne devienne pas moine et lui succède sur le trône du royaume. Cependant, Shakyamuni quitta la demeure, ouvrit l’éveil à l’âge de 30 ans, prêcha le Dharma et guida ses parents vers la bouddhéité. Ceux qui le considèrent comme un ingrat ne pratiquant pas la piété filiale ne connaissent pas le bouddhisme. Le Bouddha enseigna en effet : "celui qui abandonne la bienfaisance et entre dans le non conditionné peut véritablement rétribuer la bienfaisance".

Quant à l’assertion "beaucoup de personnes pratiquent les autres religions, mais peu pratiquent le « Sutra du Lotus », le Saint l’admoneste disant :

"Le grand nombre n’est pas forcément respectable et le faible nombre n’est pas forcément méprisable". Il dit encore :

Vous devez seulement mettre en avant le bon principe. Ne vous fondez pas en particulier sur le grand nombre de personnes".

Lors de la cérémonie de Higan de la semaine dernière, j’ai dit que ceux qui croient et pratiquent l’enseignement du Bouddha doivent mettre en pratique la reconnaissance de la bienfaisance et sa rétribution. Il existe diverses formes de bienfaisances, mais comme le passage de ce mois l’indique, Nichiren Daishônin enseigne quatre formes de bienfaisance. J’ai évoqué ces quatre bienfaisances lors de la cérémonie d’Okô du mois d’août, je vous suggère de lire dans le journal.

Le fondement de la rétribution des quatre bienfaisances réside dans la forte croyance dans le Dai Gohonzon. La pratique de cette croyance réside dans la pratique personnelle et la conversion d’autrui. La pratique personnelle consiste en Gongyô matin et soir et en la récitation de Daimoku. Si l’on observe les prières silencieuses du Gongyô, on comprend qu’à travers cette pratique, on effectue la rétribution de la bienfaisance des trois trésors, de celle des parents et de celle de tous les êtres.

Quant à la pratique de la conversion d’autrui, elle consiste à effectuer l’œuvre de l’Ainsi-venant en tant que messager du Bouddha. Il s’agit là de la rétribution de la bienfaisance des trois trésors et, en même temps, de la pratique de la compassion souhaitant sauver tous les êtres et donc de la rétribution de la bienfaisance de tous les êtres.

Je souhaite que vous progressiez encore avec énergie au cours de ces deux derniers mois de l’année, sans regret, en gravant dans votre cœur que se rendre au temple, faire Tozan au temple principal, comme la pratique personnelle et la conversion d’autrui sont des ascèses bouddhiques de la reconnaissance et de la rétribution de la bienfaisance et permettent de réaliser notre éveil, celui des autres et la sérénité du pays par l’établissement de la rectitude.

Dès demain (ce soir) je pars pour le Japon. Je suis désolé de la gêne provoquée par mon absence, mais je vous demande de protéger le temple autour du Kôtô.

Je vous remercie de votre visite au temple.

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