Sermon de Okô

Mars 2012

 

La doctrine d’Une pensée trois mille

(Ichinen sanzen hômon - 一念三千法門)



Même si l’on possède un remède composé de cent, de mille (ingrédients), mais qu’on on ne le boit pas, il ne peut soulager la maladie. Même en possédant un trésor dans son grenier, si on ne sait pas en ouvrir la porte, on meurt de faim. C’est comme si l’on possédait un remède dans sa poche mais que, faute de connaître sa posologie, on choisisse de ne pas le prendre et de mourir.

 

 

Je suis très heureux d’avoir pu, avec vous, venus nombreux pour participer à la cérémonie de Okô, exprimer notre gratitude envers la bienfaisance de Nichiren Daishônin.

Tout à l’heure,     personnes ont reçu Gojukai, ce qui fait que pour le moment,     nouveaux pratiquants ont vu le jour au Shingyôji. L’objectif de shakubuku pour l’année est de 20 personnes. Encore un peu et l’objectif sera réalisé. Je vous demande de faire encore des efforts en ce sens.

Ce mois-ci, nous étudions un passage du Gosho intitulé La doctrine d’Une pensée trois mille.

On ne connaît pas la date exacte de l’écriture de ce Gosho. Toutefois, on dit qu’il a été écrit en la deuxième année de l’ère Shôka (1258).

Cette année-là, Nichiren Daishônin s’est rendu au temple Jissôji, à Iwamoto, situé dans la région de Suruga (l’actuelle préfecture de Shizuoka) pour y lire l’intégralité des sutras. Il va sans dire, que cette visite avait pour but de lire une nouvelle fois tous les sutras, afin de montrer la cause fondamentale des catastrophes s’abatant de manière continue sur le pays en se fondant sur les sutras. Deux ans plus tard, le 16 juillet 1260, il présenta au shogounat le Traité sur la Sérénité du pays par l’établissement de la rectitude.

Au début du présent Gosho, Nichiren Daishônin écrit que la raison pour laquelle le Sutra du Lotus est supérieur à tous les autres sutras est qu’il révèle la doctrine d’Une pensée trois mille. Ensuite, il expose avec précision cette doctrine.

Il indique en premier lieu que la doctrine d’Une pensée trois mille est une doctrine à laquelle s’est éveillé le grand maître du Tendai sur la base des phrases de l’aspect réel des dix ainsi du chapitre des Moyens du Sutra du Lotus et qu’il l’a développée dans le cinquième fascicule du Grand arrêt et examen. Nichiren Daishônin consacre ensuite la première moitié de ce Gosho à l’explication détaillée des dix ainsi.

Il expose ensuite « la contemplation des trois (vérités) en une seule pensée », révélant qu’Une pensée trois mille, comme la contemplation des trois (vérités) en une seule pensée, sont incluses dans les cinq caractères de Myôhôrengekyô et que ces cinq caractères du Dharma merveilleux sont présents dans le cœur des êtres qui, s’ils le récitent, deviennent immanquablement Bouddhas.

Dans la dernière partie, Nichiren Daishônin explique l’importance d’écouter Myôhôrengekyô, d’écouter le Dharma. En effet, même si on est incapable d’y croire, le Dharma merveilleux devenant alors graine, ont peut néanmoins devenir Bouddha. En outre, même sans connaître la signification du Dharma merveilleux, sa récitation permet de devenir Bouddha. Le passage d’aujourd’hui se situe dans cette dernière partie.

Je vais à présent aborder très succinctement la doctrine d’Une pensée trois mille.

Une pensée trois mille signifie qu’une pensée (ichinen), c’est-à-dire la vie en un instant, contient trois mille (sanzen) dharmas. Plus que de s’attacher au chiffre concret de trois mille, je pense qu’il est préférable de l’interpréter dans le sens de « toutes les choses ».

En ce qui concerne la structure de cette doctrine, elle se fonde sur les dix mondes, chacun de ces dix mondes contenant eux-mêmes les dix mondes (présence mutuelle des dix mondes (jikkai gogu), ce qui donne cent mondes.

Les dix mondes sont la représentation des dix catégories d’états de vies possédés par les êtres.

Le monde des enfers est l’état de vie de colère et de souffrances incessantes

Le monde des esprits affamés est l’état de vie où les désirs avides se manifestant sans limites sont insatisfaits.

Le monde des animaux est l’état de vie dénué de raison, stupide, dans lequel on agit en fonction de ses désirs instinctifs.

Le monde des ashuras est l’état de vie dans lequel on pense être supérieur aux autres, on aime les conflits, on est colérique et flagorneur.

Le monde des hommes est un état de vie calme et serein, dans lequel on juge les choses avec tranquillité.

Le monde des cieux est l’état de vie des plaisirs éphémères.

Le monde des auditeurs est l’état de vie dans lequel on entend le Dharma du Bouddha, on a interrompu les mauvaises passions et obtenu l’éveil du Petit véhicule.

Le monde des éveillés par les relations de causalité est l’état de vie dans lequel on obtient l’éveil du Petit véhicule par la condition des phénomènes naturels, ressentant ainsi le principe

Le monde des bodhisattvas est l »tat de vie dans lequel on recherche simultanément l’éveil personnel et travaille largement au salut des êtres.

Le monde des Bouddhas est l’état de vie de grande compassion ultimement respectable, dans lequel on s’est éveillé au véritable aspect de tous les dharmas

Il y a ensuite les dix ainsi. Il s’agit de la partie finale du chapitre des Moyens que nous lisons. Ils correspondent aux dix facettes des dharmas

L’aspect () signifie la forme, l’aspect.

La nature (shô) représente les caractéristiques, la nature réelle.

La substance (tai) signifie la forme réelle, l’entité.

L’énergie (riki) est la force intrinsèque des choses.

La production (sa) représente l’action exercée vers l’extérieur, utilisant « l’énergie ».

La cause (in) est la cause intérieure entrainant l’effet, autrement dit la cause directe.

La condition (en) est la cause indirecte, la condition extérieure intervenant lorsque l’effet est provoqué par la cause.

L’effet (ka) est ce qui est provoqué par la cause. Autrement dit, l’effet né de l’union de « la cause » et de « la condition ».

La rétribution () est la rétribution relevant de l’effet.

L’égalité totale de l’origine et de la fin (hon makku kyôtô) : « l’aspect » du début est l’origine, « la rétribution » finale est la fin. Ces neuf ainsi sont sans cesse en totale égalité et dans une situation d’unicité. On peut également dire qu’il s’agit du principe constant à travers les neuf ainsi.

Par exemple, la vie d’ashura a pour aspect extérieur la colère. Sa nature est la colère elle-même. De même, de « l’aspect » à « la rétribution », tous les ainsi reflètent tels quels l’état de vie d’ashura, sont constant dans cet état de vie.

Ainsi, puisque ces dix ainsi s’ajoutent aux cent mondes, nous obtenons mille ainsi.

Si on y ajoute les trois domaines, on obtient alors trois mille.

Les trois domaines sont le domaine des cinq agrégats, le domaine des êtres et le domaine du territoire.

Dans le domaine des cinq agrégats, ces derniers sont la forme, la perception, la conceptualisation, la volition et la conscience. Ils sont considérés du point de vue du corps et de l’esprit des êtres. La forme (shiki) se rattache au corps, ainsi à ce qui est matériel. Les quatre autres agrégats sont les fonctions spirituelles. La perception (ju) est la fonction de la sensibilité, la conceptualisation () est la fonction de symbolisation, la volition (gyô) est la volonté ou encore le désir et la conscience (shiki) est la fonction de cognition. Ainsi, le domaine des cinq agrégats désigne l’aspect des différences au sein des deux lois de la matière et de l’esprit.

Le domaine des êtres est les différences des dix mondes existant dans la vie des êtres formés par les cinq agrégats, autrement dit c’est l’aspect des différences au sein de la rétribution du principal.

Le domaine du territoire représente les différences du lieu (rétribution du support) où vivent les êtres des dix mondes.

Ces trois mille dharmas sont présents tels quels dans une pensée des êtres. Si l’on ouvre cette une pensée des êtres, elle remplit alors le monde des dharmas. Telle est la doctrine de Une pensée trois mille.

Il existe trois sortes de Une pensée trois mille. Ce sont « Une pensée trois mille de la doctrine éphémère », « une pensée trois mille de la doctrine originelle » et « Une pensée trois mille du profond des phrases ». « Une pensée trois mille de la doctrine éphémère » est la Une pensée trois mille principielle. A l’opposé, « une pensée trois mille de la doctrine originelle » est la Une pensée trois mille enseignée dans le chapitre Durée de la vie, c’est-à-dire la Une pensée trois mille en sa réalité. Cependant, l’enseignement de Nichiren Daishônin est une doctrine encore plus profonde révélant la Une pensée trois mille en sa réalité au profond des phrases.

Dans la Transmission orale sur l’éveil des végétaux, Nichiren Daishônin dit :

« Agiter la doctrine de Une pensée trois mille en extrait le grand Mandala ».

Ainsi, Nichiren Daishônin exprima son éveil intérieur en inscrivant le Dai Gohonzon du Kaidan de la doctrine originelle. Ce dernier est bien Une pensée trois mille en sa réalité, la substance même de Nichiren Daishônin.

Lorsque les êtres de la Fin du Dharma récitent Nam Myôhôrengekyô avec foi en ce Gohonzon, alors, le monde du Bouddha identique au neuf mondes et les neuf mondes identiques au monde du Bouddha entrent en fusion parfaite et ils peuvent devenir Bouddha dès ce corps.

J’ai évoqué cette doctrine aujourd’hui succinctement, je propose que nous l’étudions en détail lors d’autres réunions d’étude.

Abordons à présent le passage concerné.

« Même si l’on possède un remède composé de cent, de mille (ingrédients), mais qu’on on ne le boit pas, il ne peut soulager la maladie.

Cette phrase enseigne qu’écouter le Dharma merveilleux de ses propres oreilles et, en outre le réciter, le pratiquer est essentiel.

La doctrine d’Une pensée trois mille représente la signification ultime du Sutra du Lotus, révélant que tout le monde peut devenir Bouddha. Comme le soulignait la citation de Nichiren Daishônin évoquée tout à l’heure, « la doctrine d’Une pensée trois mille, comme la pensée méditative, la contemplation du Dharma sont comprises dans les cinq caractères de Myôhôrengekyô ». Seul Myôhôrengekyô est l’excellent remède apte à guérir fondamentalement toutes les illusions et souffrances issues des trois poisons des simples êtres ordinaires que nous sommes.

Se contenter d’étudier les principes développés dans le Sutra du Lotus, ne constitue pas les véritables œuvres et vertus. Avoir foi dans cet enseignement, le pratiquer, autrement dit réciter Nam Myôhôrengekyô permet recevoir ses immenses œuvres et vertus.

En d’autres termes, même s’il existe un merveilleux remède capable de guérir notre maladie, même si l’on étudie de toutes ses forces ses effets, son action et sa composition et que l’on pense « quel formidable remède », si on ne le prend pas, on ne guérira pas. Tel este le sens de cette enseignement.

Ensuite :

Même en possédant un trésor dans son grenier, si on ne sait pas en ouvrir la porte, on meurt de faim. C’est comme si l’on possédait un remède dans sa poche mais que, faute de connaître sa posologie, on choisisse de ne pas le prendre et de mourir.

De nombreux joyaux en or et en argent sont accumulés dans un grand grenier. Si l’on ne possède pas la clé pour ouvrir ce grenier, tous ces trésors sont complètement inutiles.

C’est aussi comme quelqu’un qui posséderait le médicament apte à le guérir de sa maladie, mais qui ne s’en rend pas compte et qui, ne connaissant pas non plus la posologie, meurt.

Tout le monde possède la nature du Bouddha, la vie permettant de devenir Bouddha. Or, la plupart des gens ne s’en rend pas compte. C’est la situation d’avoir un important trésor (la nature du Bouddha) dans son grenier sans le savoir et donc ne pas pouvoir l’utiliser alors qu’on souffre d’indigence.

Dès lors, comment faire pour que ces personnes sachent qu’elles possèdent la nature du Bouddha ?

Il n’y a pas d’autre moyen que nous leur enseignions. Ce moyen est shakubuku.

Le souverain du Dharma Nichinyo Shônin, citant cette même phrase, donnait la directive suivante :

Je suis fermement convaincu que si l’on récite sincèrement Daimoku, qu’on prie, qu’on s’active et que le Hokkekô est uni dans l’esprit des corps différents animés du même cœur et fait shakubuku, alors, les divinités célestes aussi, s’activeront et shakubuku sera réalisé ».

En d’autres termes, réciter sincèrement Daimoku se rapporte à la pratique. Il ne faut pas que ce soit une foi limitée à nous-mêmes. Il est important, au contraire de parler au plus possible afin de les éveiller au fait qu’ils ont en eux la nature du Bouddha et que nous et autrui devenions tous heureux.

Par bonheur, cette année, vous vous activez largement, de sorte que de nombreux nouveaux pratiquants voient le jour. Il ne faut absolument pas que cet élan s’interrompe. A partir d’aujourd’hui, efforçons nous tous ensemble dans la pratique personnelle et la conversion d’autrui.

C’est par ces mots que j’achève mon sermon de ce jour. Merci de votre visite au temple.

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