Sermon de Okô

Mars 2011

 

Réponse à la nonne Nichigon

(Nichigon ama gohenji -日厳尼御前御返事)

 

Que vos prières soient exaucées ou non dépend de votre foi. Ce n’est en rien la faute de Nichiren. Si l’eau est claire la lune s’y reflète. Lorsque le vent souffle, les arbres ondoient. De même, la foi de chacun est semblable à l’eau. Une foi faible est comparable à de l’eau trouble et une foi courageuse à de l’eau claire. Les arbres sont comme le principe et le vent qui les fait frémir est comme la lecture des phrases du sutra. Comprenez les choses en ce sens.

(Gosho p. 1520)

 

 

Je suis très heureux d’avoir pu exprimer avec vous, venus si nombreux, notre gratitude envers la bienfaisance de notre fondateur Nichiren Daishônin. Je remercie en particulier les membres venus de la lointaine Autriche.

La phrase du mois est extraite de la Réponse à la nonne Nichigon. Lors de la cérémonie de Okô du mois dernier, consacrée à « la foi comme le feu et la foi comme l’eau », j’ai déjà cité et commenté cette phrase.

Comme l’indique le titre de ce Gosho, il a été adressé à la nonne Nichigon. A la fin de cette lettre, la date indiquée est seulement le 29ème jour du 11ème mois. L’année n’est pas mentionnée. Toutefois, au début, la 3ème année de Kôan (1280) étant inscrite, on sait dès lors que ce Gosho a été écrit cette année-là au mont Minobu.

On ne sait rien de précis au sujet de la nonne Nichigon. Ce serait « l’épouse du nyûdô Takahashi, qui habitait Kashima, dans le district de Fuji, au pays de Suruga », ou bien « la mère de Nichigen moine du temple jissô-ji. On sait seulement qu’elle s’appelait « Nichigon » et on suppose que c’était une femme dotée d’une forte foi.

Puisqu’il s’agit d’un court Gosho, je souhaite le lire depuis le début.

Le huitième jour du onzième mois de la troisième année de Koan, j'ai placé devant le Sutra du Lotus la lettre dans laquelle vous, nonne Nichigon, exprimez votre souhait, ainsi que votre don d'un kan de pièces de monnaie et d’un vêtement fin et j'en ai fait part aux divinités Nitten et Gatten. De plus, ne vous contentez pas de n’en parler qu’à moi.

Ayant certaines aspirations, la nonne Nichigon avait émis un vœu Elle fit parvenir ce vœu sous forme de lettre accompagnée d’une offrande à Nichiren Daishônin, qui demeurait désormais au mont Minobu. Nichiren Daishônin lui répondit en la louant de son esprit d’offrande et l’assura : « j’ai placé ces offrandes devant le joyau du Sutra du Lotus et ai prié moi-même le soleil et la lune ». De plus, ne vous contentez pas de n’en parler qu’à moi, signifie que ce vœu ne doit pas être tenu secret et qu’il est bon d’en parler également aux autres.

La suite est la phrase du calendrier pour le mois de mars.

Que vos prières soient exaucées ou non dépend de votre foi. Ce n’est en rien la faute de Nichiren. Que sa prière se réalise ou non dépend uniquement de la foi de la nonne Nichigon. Même si votre vœu ne se réalisait pas, ce n’est nullement ma faute, à moi Nichiren.

A la lecture du Gosho, on n’est pas en mesure de connaitre quel était le vœu de la nonne Nichigon. Toutefois, si l’on réfléchit à la raison pour laquelle Nichiren Daishônin écrit de la sorte, on peut se dire que, peut-être la nonne Nichigon s’était dit que « si Nichiren Daishônin priait lui-même, ce vœu serait certainement exaucé », c’est-à-dire qu’elle confiait la résolution de son problème aux autres, en une sorte d’appel à des pouvoirs extérieurs.

Les prières faites dans la Nichiren Shôshû ne sont pas confiées à autrui, comme par exemple, c’est le cas lorsqu’on souhaite renaitre dans la prochaine vie dans la terre pure de la félicité ultime en se raccrochant à la compassion du Bouddha Amida, ou en espérant l’absolution par le biais de la confession de ses péchés à Dieu.

Il existe l’expression réalisation des quatre pouvoirs.

Du point de vue du Dharma, Nichiren Daishônin est notre véritable Bouddha, notre vrai maitre. Du point de vue des œuvres et vertus, du point de vue de la compassion, il est nos véritables parents. Etant celui qui, dans la Fin du Dharma réunit les trois vertus de souverain, maitre et parents, Nichiren Daishônin possède véritablement des pouvoirs en tant que Bouddha de la Fin du Dharma. L’action exercée par les pouvoirs de Nichiren Daishônin en tant que Bouddha s’appelle le pouvoir du Bouddha.

Le pouvoir du Dharma est le pouvoir du grand Dharma de Myôhôrengekyô, qui permet à tous les Bouddhas des trois phases d’obtenir l’état de vie du Bouddha et qui est fondé sur l’éveil du Bouddha Nichiren Daishônin dans le passé hors le temps (kuon ganjo).

En outre, les œuvres et vertus, les fonctions du principe, de la doctrine de la présence mutuelle des dix mondes, Une pensée trois mille, qui guide les êtres de chacun des dix mondes vers la bouddhéité dès ce corps, sont toutes présentes dans ce Gohonzon. Tel est le pouvoir du Dharma.

Le Dai Gohonzon est le Bouddha de l’unicité de la Personne et du Dharma, dans lequel la Personne est identique au Dharma et le Dharma identique à la Personne. Sa substance contient donc naturellement le pouvoir du Bouddha et le pouvoir du Dharma.

Afin de recevoir les œuvres et vertus du pouvoir du Bouddha et du pouvoir du Dharma, nous devons posséder la force de la foi et la force de la pratique.

Recevoir et garder le Gohonzon avec la sincère conviction que « ce Gohonzon est l’unique grand Dharma capable de sauver les êtres de la Fin du Dharma en leur permettant de devenir Bouddhas ». Telle est la force de la foi. La force de la foi ressentie du fond du cœur est extrêmement importante

Par ailleurs, avoir la foi que le Gohonzon et absolu, faire un examen de conscience sur notre manière de penser ou notre façon de vivre incohérente qui était la nôtre jusqu’à présent et, sans autre pensée, avoir foi uniquement dans le Gohonzon de Nichiren Daishônin et s’efforcer dans les Gongyô quotidiens, la récitation de Daimoku et l’ascèse de la pratique personnelle et la conversion d’autrui s’appelle la force de la pratique. Le 26ème Grand Patriarche Nichikan Shônin évoque ce principe dans son Exégèse du Traité sur le Honzon de l’observation du cœur, en commentant les phrases du Traité sur le sens de la substance :

« Avoir uniquement foi dans le Sutra du Lotus » désigne la force de la foi. « Réciter Nam Myôhôrengekyô » désigne la force de la pratique. « La substance de la fleur du Dharma » désigne le pouvoir du Dharma. « Les pouvoirs transcendantaux libres » désignent le pouvoir du Bouddha. C’est pourquoi, il faut le savoir, lorsque l’on s’efforce dans la force de la foi et la force de la pratique, alors, grâce au pouvoir du Bouddha et au pouvoir du Dharma, la pratique de l’observation est accomplie.

Autrement dit, grâce à notre force de la pratique et à notre force de la foi, au pouvoir du Bouddha et au pouvoir du Dharma du Gohonzon, notre propre monde du Bouddha jaillit et nos prières se réalisent. Certains pensent : « il suffit que j’aie la foi pour devenir Bouddha », devenant incapables de ressentir de la gratitude envers le Gohonzon. Cette attitude est une erreur.

Sans notre force de la foi et notre force de la pratique, d’ne part et le pouvoir du Bouddha et le pouvoir du Dharma du Gohonzon, d’autre part, on ne peut obtenir les œuvres et vertus ni réaliser nos prières. Si l’un de ces quatre éléments, appelés les quatre pouvoirs du bouddhisme manque, il est alors absolument impossible de devenir Bouddha, ou d’ouvrir un état de vie de bonheur.

En d’autres termes, Nichiren Daishônin encourage la nonne Nichigon, tout en la mettant en garde, disant : « n’ayez pas une force de la foi ou une force de la pratique vacillante ».

Dès lors, comment manifester le pouvoir de la foi et le pouvoir de la pratique ? La réponse se trouve dans la phrase suivante :

Si l’eau est claire la lune s’y reflète. Lorsque le vent souffle, les arbres ondoient. De même, la foi de chacun est semblable à l’eau. Une foi faible est comparable à de l’eau trouble et une foi courageuse à de l’eau claire. Les arbres sont comme le principe et le vent qui les fait frémir est comme la lecture des phrases du sutra.

La lune ne se reflète pas dans de l’eau trouble. Autrement dit, les bienfaits n’apparaissent pas et les prières ne parviennent pas au Gohonzon. Aussi, Nichiren Daishônin nous enseigne qu’il est indispensable d’avoir une foi indéfectible dans le Gohonzon, semblable à de l’eau claire, une foi forte et courageuse. Telle est la force de la foi.

Lorsque le vent souffle, les arbres et leurs branches bougent. Le vent est comme la lecture des phrases du sutra. Le vent qui fait bouger les arbres désigne la lecture du Sutra du Lotus. Il s’agit, autrement dit, de la pratique personnelle et de la conversion d’autrui, c’est-à-dire de la force de la pratique.

Les arbres sont comme le principe. Le principe désigne la réalisation de nous souhaits. On met en action le principe par notre force de la foi et notre force de la pratique.

Les œuvres et vertus du Dai Gohonzon et la grande compassion de Nichiren Daishônin sont égales pour tous. La différence entre les bienfaits réalisés ou non réside uniquement dans la foi du croyant et dans leur apparition « lointaine ou proche, lente ou rapide », en fonction de la lourdeur ou la légèreté de son karma accumulé depuis le passé et avec lequel il est né.

Ce n’est pas parce que les prières restent inexaucées qu’il faut arrêter la marche de la foi. Au contraire, il est essentiel de décider d’éveiller une grande force de la foi et une grande force de la pratique.

Par ailleurs, il ne faut pas non plus penser que le seul fait de réciter Daimoku permet aux prières de se réaliser. Par exemple, on peut réciter le Daimoku au Gohonzon en prière pour guérir d’une maladie. Tout le monde fait ça. Pour autant, faut-il se contenter de réciter Daimoku et ne rien faire après ? Il est aussi nécessaire de se faire examiner par un médecin. Il nous prescrit alors des médicaments qu’il est également nécessaire de prendre. Autrement dit, il faut la pratique de Daimoku et l’action.

Notre but le plus ultime est la réalisation de la vaste propagation. Pour autant, vous comprenez bien que le grand vœu de la vaste propagation ne se réalisera absolument pas uniquement par la récitation de Daimoku.

Lors de la pratique de Daimoku pour la réalisation de la vaste propagation en janvier dernier, le grand patriarche Nichinyo Shônin disait la chose suivante :

Dans les « Notes prises à l’écoute des cours », il est dit : « la Fin du Dharma est le temps de propager les sept idéogrammes de Nam Myôhôrengekyô et d’apporter le bienfait aux êtres ».

Autrement dit, à présent, dans la Fin du Dharma, pratiquer shakubuku permet de recevoir les grands bienfaits du Bouddha. Si véritablement, vous aspirez à couper les causes et conditions du mauvais karma, bâtir un état de vie riche, vivre une vie de bonheur au quotidien et construire une vie remplie d’œuvres et de vertus, alors, il faut en premier lieu faire shakubuku. C’est la mission que les moines et pratiquants de cette école doivent accomplir, en progressant avec énergie vers la vaste propagation. Nous devons avoir à l’esprit que c’est la voie la meilleure.

Pour progresser dans la direction de la vaste propagation, l’action, fondée sur la pratique de la récitation du Daimoku est indispensable. Cette action est shakubuku. Tel est la signification de cette directive.

Il est essentiel d’avoir la foi dans le Gohonzon et d’accumuler la pratique de Daimoku, puis d’utiliser la joie issue de la récitation du Daimoku comme tremplin. Je termine mon sermon d’aujourd’hui en priant pour votre progression énergique.

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