Sermon de Okô

Mai 2012

 

Réponse à la nonne veuve

de Messire de Uéno

(Ueno goke ama gohenji - 上野殿後家尼御返事)


Après avoir entendu cela, renforcez votre foi. Ceux qui, entendant la doctrine du Sutra du Lotus redoublent d’efforts dans la pratique sont ceux qui recherchent véritablement la voie. Tendai disait : "tirer de l'indigo un bleu encore plus profond". L’esprit de ce commentaire est que ce qui est teint avec de l'indigo devient plus bleu que l'indigo. Le Sutra du Lotus est comparable à l’indigo et la profondeur de notre pratique est ce qui devient de plus en plus bleu.

 

Je suis très heureux d’avoir pu avec vous et les pratiquants venus de l’étranger exprimer notre gratitude envers la bienfaisance de notre fondateur, Nichiren Daishônin par le biais de la cérémonie de Okô.

Ce mois-ci, nous étudions un extrait de la Réponse nonne veuve de Messire de Uéno.

Nichiren Daishônin a écrit cette lettre, le 11 juillet de la deuxième année de Bun’ei (1265), alors qu’il était âgé de 44 ans et résidait à Kamakura. L’original n’existe plus. A la fin du texte, nous lisons :

« Cette lettre contient mes doctrines les plus précieuses. Tenez-les secrètes ».

En effet, Nichiren Daishônin développe ici les profondes doctrines de la bouddhéité dès ce corps (sokushin jôbutsu) et de l’identité de l’enfer et de la lumière sereine (jigoku soku jakkô). Pour cette raison, cette lettre est également appelée Ecrit sur l’identité de l’enfer et de la lumière sereine.

Quant à la nonne veuve de Messire de Ueno, il s’agit de la fille de Matsuno Rokurô Saemon, qui habitait Matsuno dans le district d’Ihara du pays de Suruga et qui s’était mariée avec Nanjô Hyôe Shichirô, gouverneur du secteur de Ueno, dans le district de Fuji, du même Pays de Suruga. Autrement dit, c’était la mère de Messire Nanjô Tokimitsu.

Son mari, Nanjô Hyôe Shichirô, faisait partie du clan Hôjô et, à ce titre, se rendait fréquemment à Kamakura, pour y assurer ses fonctions et ses tours de rôle. Il semblerait que ce soit à Kamakura qu’il fut converti par l’enseignement de Nichiren Daishônin. Il fut un pratiquant à la foi pure.

Aux environs de la 1ère année de Bun’ei (1264), Hyôe Shichiro dut s’aliter pour raison de maladie. En décembre de la même année, il reçut la Lettre à Messire Nanjô Hyôe Shichirô, à titre de récompense pour ses mérites. Toutefois, sa maladie s’aggrava et il décéda le 8 mars de l’année suivante, deuxième année de Bun’ei (1265).

Nichiren Daishônin quitta alors la capitale pour se rendre à Fuji Ueno pour se recueillir sur la tombe du défunt. Il est indubitable que pour sa veuve, frappée de stupeur d’avoir perdu le pilier de la famille, cette visite fut d’un grand réconfort et plus que tout, une joie qui la rendit plus forte spirituellement.

Par la suite, la nonne veuve fit parvenir des offrandes à Nichiren Daishônin pour l’offrande du bien à son mari défunt. Par cette lettre, il encourage cette femme dans la foi et lui fait part de ses prières pour le bonheur de son mari dans la vie prochaine.

Je vais à présent aborder de manière succincte l’ensemble de ce Gosho.

Au début, Nichiren Daishônin évoque le souvenir de feu Nanjô Hyôe Shichirô, tout en s’inquiétant de l’état d’esprit de sa veuve, il l’assure que « pour finir, sachez que vous serez ensemble », l’assurant ainsi qu’elle et son mari se retrouveront immanquablement sur la terre pure du mont sacré. De plus, Nichiren Daishônin indique que le fait que dans cette vie, elle se soit mariée avec Messire Nanjô Hyôe Shichirô et que tous deux aient reçu avec foi le Dharma merveilleux relève d’un lien karmique inconcevable et, en même temps, il enseigne les doctrines de la bouddhéité dès ce corps et de la non dualité de la vie et de la mort.

Ensuite, évoquant la terre pure et l’enfer, il lui explique que le Sutra du Lotus enseigne que tous deux se trouvent à l’intérieur de notre vie. Dès lors, s’écarter du Sutra du Lotus nous éloigne de la bouddhéité et seul le fait de recevoir avec foi ce sutra nous rend possible l’éveil à « l’identité de l’enfer et de la lumière sereine ».

Celui qui s’est éveillé à l’identité de l’enfer et de la lumière sereine est le Bouddha. Celui qui l’ignore et erre dans l’illusion est l’homme ordinaire. Nichiren Daishônin met alors sévèrement en garde, disant que même si l’on pratique intensément les enseignements circonstanciels des sutras antérieurs, du fait de s’écarter ainsi du Sutra du Lotus, l’unique Dharma permettant de devenir Bouddha, « ce sera toujours et uniquement l’enfer ».

Il dit ensuite que la bonne attitude du véritable pratiquant est que s’il a entendu une doctrine profonde, il doit par la suite redoubler d’efforts dans la foi, sur la base de son esprit de recherche renforcé. Citant l’expression du Grand arrêt et examen : « tirer de l'indigo un bleu encore plus profond », il souligne l’importance de l’ascèse de la voie du Bouddha.

Le passage lu aujourd’hui est situé à cet endroit.

Ensuite, tout en indiquant les lieux de résidence que sont la terre pure et l’enfer, conformément aux phénomènes entourant concrètement la mort, Nichiren Daishônin                                                                explique que le pouvoir des œuvres et vertus du Sutra du Lotus mènent réellement à la bouddhéité dès ce corps par le principe de l’identité du défavorable et du favorable.

Enfin, il réchauffe le cœur de la veuve en réitérant ses condoléances, l’encourageant à pratiquer de tout son cœur l’offrande du bien envers son mari défunt. Puis, citant les sages des temps anciens, il termine en donnant une orientation sur la manière de pratiquer l’ascèse :

« Gardez votre esprit dans la neuvième conscience et pratiquez dans les six consciences ».

Passons à présent à l’explication de l’extrait lu aujourd’hui.

Après avoir entendu cela, renforcez votre foi.

Dans le passage précédent cette phrase, il y a :

« Celui qui garde avec respect le Sutra du Lotus s’éveille à l’identité de l’enfer et de la lumière sereine ».

Ou encore :

Le bodhisattva Manjusri enseigna le Dharma secret de l’éveil dès ce corps à la fille du roi des Dragons ».

Autrement dit, il encourage la nonne veuve à s’efforcer davantage dans la foi, à partir du moment où elle a entendu les doctrines de « l’identité du monde de l’endurance et de la terre de la lumière sereine » ou de « la bouddhéité dès ce corps » du Sutra du Lotus.

Se contenter de comprendre intellectuellement ces doctrines ne représente pas leur véritable connaissance. Cette dernière s’obtient uniquement au travers des efforts quotidiens dans la pratique faite avec foi dans le Dai Gohonzon, ce qui permet de les réaliser physiquement.

Ensuite :

Ceux qui, entendant la doctrine du Sutra du Lotus redoublent d’efforts dans la pratique sont ceux qui recherchent véritablement la voie.

Lorsqu’on étudie et pratique l’enseignement de Nichiren Daishônin, il ne faut jamais se laisser aller à la facilité, se disant « ça va comme ça ».

Si l’on a cet état d’esprit, cela revient à de l’orgueil et, dès cet instant, le développement de la foi s’interrompt.

Dans Les difficultés du saint, Nichiren Daishônin écrit :

« Renforcez-vous chaque mois, chaque jour ! Si vous vous relâchez ne serait-ce qu’un peu, vous recevrez alors la visite du démon ».

L’esprit de rechercher la voie, par lequel nous nous consacrons uniquement à la pratique personnelle et la conversion d’autrui tout au long de notre vie afin que le démon ne pénètre pas dans notre foi et nous écoutons honnêtement l’enseignement du Bouddha, représente l’attitude immuable des pratiquants de la Nichiren Shôshû.

Ensuite :

Tendai disait : "tirer de l'indigo un bleu encore plus profond". L’esprit de ce commentaire est que ce qui est teint avec de l'indigo devient plus bleu que l'indigo.

Ces paroles du grand maitre du Tendai apparaissent au début du Grand arrêt et examen.

Cette expression provient à l’origine d’un ouvrage écrit par Xun Kuang, un penseur Chinois de l’époque des royaumes combattants (Xunzi). Le colorant bleu provient de la plante appelée indigotier. Plus on teint avec ce bleu, plus il devient encore plus bleu que l’indigo d’origine. Cette parabole signifie que le disciple surpasse le maître.

L’indigotier est un végétal utilisé pur obtenir le colorant bleu. Toutefois, sa couleur n’est pas très foncée. Cependant, lorsque l’extrait liquide obtenu de cette plante pénètre un tissu, et que ce dernier est teint de la sorte à de multiples reprises, on obtient un très joli bleu profond.

A présent il existe des colorants chimiques, de sorte que le processus de teinture multiple a pratiquement disparu. Pourtant, dans certaines régions de la province Japonaise, la teinture à l’indigo se poursuit et on peut voir parfois ces productions régionales particulières.

J’ai dit à l’instant que « le disciple surpasse le maître ». Toutefois, Nichiren Daishônin commente ensuite ce principe de la manière suivante, disant :

Le Sutra du Lotus est comparable à l’indigo et la profondeur de notre pratique est ce qui devient de plus en plus bleu.

Il compare ainsi l’attitude dans la pratique de la voie du Bouddha en prenant l’exemple de la particularité de l’indigo.

Lorsqu’on écoute la doctrine du Sutra du Lotus et qu’on s’efforce avec sincérité dans la foi et la pratique, on devient d’un bleu profond. Autrement dit, grâce à l’accumulation de notre ascèse, l’éclat de la vie de notre monde du Bouddha intérieur augmente.

Lisant cet extrait, il est essentiel de décider de s’efforcer davantage dans la pratique personnelle et la conversion d’autrui et de déployer notre énergie pour notre bonheur et celui des autres.

Ainsi s’achève mon sermon à l’occasion de la cérémonie de gratitude d’Okô. Merci de votre venue au temple.

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