Sermon de Okô

Mai 2011

Réponse à Dame Nichinyo

(Nichinyo gozen gohenji - 日女御前御返事)

Le plus important est de réciter uniquement Nam Myôhôrengekyô et de devenir Bouddha. Tout dépend de la qualité de votre foi. Le fondement du bouddhisme prend sa source dans la foi.

Je vous remercie d’être venus si nombreux exprimer tous ensemble notre gratitude envers la bienfaisance de notre fondateur Nichiren Daishônin, par le biais de la cérémonie de Okô.

La phrase de Gosho de ce mois est extraite de la Réponse à Dame Nichinyo. Pour commencer, nous allons la lire ensemble à haute voix.

Réponse à Dame Nichinyo

Le plus important est de réciter uniquement Nam Myôhôrengekyô et de devenir Bouddha. Tout dépend de la qualité de votre foi. Le fondement du bouddhisme prend sa source dans la foi.

Ce texte est une lettre datée du 23ème jour du 8ème mois de la 2ème année de Kôan (1279), adressée depuis le mont Minobu par Nichiren Daishônin à Dame Nichinyo, écrite en remerciement pour les offrandes « d’yeux d’oies », de riz blancs et de pâtisseries faites à l’occasion de sa réception du Gohonzon.

Les « yeux d’oies » (gamoku) sont en fait des pièces de monnaies percées d’un trou. Il s’agit de pièces de cuivre fabriquées en Chine ou au Japon, ouvertes d’un trou carré en leur milieu. L’ouverture laissée par le trou carré ressemblant au globe oculaire d’une oie, on a pris l’habitude d’appeler ces pièces de monnaies « yeux d’oies ».

Quant à Dame Nichinyo, il existe diverses hypothèses : elle aurait été l’épouse d’Ikegami Munenaka, ou bien c’était la nonne Jimyô, fille de la veuve de Messire Matuno, entrée dans les ordres, ou bien encore, la fille de Nanjô Hyôe Shichirô, autrement dit, la sœur ainée de Nanjô Tokimitsu. En fait, on ne sait rien d’elle.

Toutefois, Dame Nichinyo a reçu une autre lettre, datée du 25ème jour du 6ème mois de la première année de Kôan (1278) et, à la lecture de ces deux lettres, on comprend que c’était une femme s’efforçant avec foi dans l’enseignement de Nichiren Daishônin avec son époux, qu’elle était financièrement aisée et qu’elle avait reçu une éducation raffinée et était dotée d’une grande érudition.

Comme d’habitude, je vais commencer par expliquer ce Gosho dans son ensemble.

Il se divise en gros en quatre parties.

Au début, Nichiren Daishônin exprime ses remerciements vis-à-vis des offrandes qu’il a reçues pour le Gohonzon.

Ensuite, Nichiren Daishônin écrit que le Gohonzon reçu par Dame Nichinyo a été révélé pour la première fois dans la Fin du Dharma par lui-même. Il explique ensuite avec précision son aspect, citant le sutra, ainsi que les commentaires des grands maitres Miaole et Dengyô pour saluer et expliquer la signification du « Bouddha sortant de l’aspect respectable » (Shussongyôbutsu) (Le Bouddha originel n’est pas un Bouddha doté des trente-deux signes distinctifs ni des quatre-vingt attributs particuliers, mais possède l’aspect d’un homme ordinaire étant tel quel le Bouddha originel).

La troisième partie explique l’importance de la récitation du Daimoku de Nam Myôhôrengekyô et que, du point de vue du principe de Une pensée trois mille du Sutra du Lotus ce Gohonzon est le véritable grand mandala contenant toutes les grandes œuvres et vertus des Bouddhas et bodhisattvas et est doté de leur perfection.

La dernière partie est consacrée entièrement à des explications sur la foi et la pratique. Nichiren Daishônin y explique que l’ascèse bouddhique consistant à recevoir et garder le Gohonzon et réciter le Daimoku dépend de la profondeur ou de la superficialité de la foi qui permet de pénétrer dans la pagode précieuse du Gohonzon. Ensuite, citant les paroles des grands maitres Tendai et Miaole, ainsi que des livres extérieurs au bouddhisme, il démontre que la foi est le fondement du bouddhisme et préconise en particulier, l’unique pratique de recevoir et de garder. Le passage étudié aujourd’hui est extrait de cette partie.

Depuis toujours, ce Gosho a été respecté comme un important traité indiquant les points essentiels de la foi et de la pratique.

Nous allons à présent étudier le passage d’aujourd’hui.

Je pense que la lecture du passage précédent celui-ci est importante pour la compréhension du texte, aussi je vais lire cette partie que vous n’avez pas sous les yeux.

Ce Gohonzon également est contenu uniquement dans les deux idéogrammes formant le mot foi. C’est ce qu’on appelle obtenir de pénétrer par la foi.

J’ai parlé tout à l’heure du Gosho dans son ensemble. Ce passage est compris dans la partie intitulée « explication de la foi et de la pratique ».

Dans la partie située encore avant, nous lisons :

Ne recherchez absolument pas ce Gohonzon ailleurs. Il demeure uniquement dans la chair de la poitrine des êtres qui, comme nous, gardent le Sutra de la fleur du Dharma et récitent Nam Myôhôrengekyô.

Je pense que vous avez tous entendu cette phrase.

Certaines personnes ont interprété ces phrases en faisant peu de cas du Gohonzon, expliquant que « puisque le Daishônin le dit, notre propre foi est importante. A travers cette foi, le Honzon existe à l’intérieur de notre propre poitrine, nous qui pratiquons ».

Ceci est bien entendu une erreur. La signification de ces deux phrases est que lorsque la récitation du Daimoku avec foi, qui est l’observation du cœur pour les être, est accomplie, alors, le Gohonzon et les êtres forment un état de vie unique et la substance de la réalité d’Une pensée trois mille du Bouddha se loge dans la vie des êtres ordinaires.

Si l’on interprétait cette phrase comme certains l’ont fait, ça signifierai que n’importe qui devient le Gohonzon. Est-ce que vous pouvez vous vénérer vous-même ? Bien entendu, tout le monde possède la nature du Bouddha. Cependant, posséder simplement la nature du Bouddha ne la fait pas se manifester. Elle se manifeste uniquement par la foi dans le Honzon correct et la récitation de Nam Myôhôrengekyô.

C’est la raison pour laquelle Nichiren Daishônin écrit : ce Gohonzon également est contenu uniquement dans les deux idéogrammes formant le mot foi. C’est ce qu’on appelle obtenir de pénétrer par la foi.

Après cette phrase, Nichiren Daishônin écrit :

Les disciples et bienfaiteurs de Nichiren ayant une foi absolue dans [les expressions] « rejeter honnêtement les moyens » et « ne recevoir aucune stance des autres sutras » peuvent pénétrer dans la pagode précieuse de ce Gohonzon. Quel espoir, quel espoir ! Quoi qu’il en soit, pratiquez pour préparer la vie suivante ! Préparez-vous ! Avec respect

Ce passage signifie que recevoir, garder, avoir foi et pratiquer honnêtement l’enseignement de Nichiren Daishônin sans y mêler d’autres enseignements, permet de pénétrer dans la pagode précieuse du Gohonzon, autrement dit, de devenir Bouddha.

Dès lors, comment convient-il d’avoir foi et pratiquer ? La phrase d’après, publiée dans le calendrier à la page du mois de mai est la réponse à cette question.

Le plus important est de réciter uniquement Nam Myôhôrengekyô et de devenir Bouddha.

Tout d’abord, il faut « devenir Bouddha en récitant le Daimoku ». Il ne s’agit toute fois pas de réciter simplement le Daimoku.

Il y a cette phrase du Traité sur les trois grands Dharmas ésotérique, que je cite tout le temps :

Le Daimoku que je récite, à présent que nous sommes entrés dans la Fin du Dharma, est différent des âges précédents. C’est Nam Myôhôrengekyô comprenant à la fois la pratique personnelle et la conversion d’autrui.

Le véritable Nam Myôhôrengekyô que récitait Nichiren Daishônin n’est pas simplement le Daimoku que l’on récite à titre de pratique personnelle avec foi dans le Dai Gohonzon, mais celui qui comprend également la pratique de la conversion d’autrui.

Et bien, nous qui récitons le Daimoku comprenant à la fois la pratique personnelle et la conversion d’autrui allons devenir Bouddha, mais ici, l’important est qu’il faut avoir « la foi ». Sans une foi ferme dans le Dai Gohonzon, même la bouddhéité, chose à la quelle nous aspirons le plus, n’est plus du tout certaine. C’est pourquoi Nichiren Daishônin exhorte :

Tout dépend de la qualité de votre foi.

Je voudrais à présent réfléchir sur la qualité, « profonde » ou « superficielle », de la foi.

On peut évoquer plusieurs choses, mais je pense que, fondamentalement, « quoi qu’il arrive, continuer la pratique sans se séparer du Gohonzon » peut être qualifié de « foi profonde ».

Nous sommes des êtres ordinaires à l’état brut de la Fin du Dharma, ère mauvaise des cinq souillures. Aussi, même si nous pratiquons, nous avons à faire face à diverses difficultés et souffrance. C’est lorsque l’on rencontre ces difficultés que la profondeur ou la superficialité de notre foi est mise en cause.

Et ce n’est pas tout ; il en est de même lorsque l’on bénéficie d’un bienfait. Celui qui a une foi superficielle et qui a reçu un bienfait, a tendance à être transporté de joie et à négliger la récitation du Daimoku plus qu’il ne le faisait avant de bénéficier de ce bienfait.

De plus, celui qui a une foi superficielle juge toujours les choses et les événements sur la base de son propre cœur. Pour prendre un exemple proche, il y a la haine et la jalousie (onshitsu). Ce sentiment est inclus dans les quatorze offenses. Il fait partie des catégories de la « haine du bien » et de la « jalousie du bien » ( Ici, le « bien » désigne les autres pratiquants - NdT). « Je n’ai pas envie d’aller au temple parce que je n’aime pas telle ou telle personne ». La foi ne fonctionne pas ainsi. Ne devrait-on pas plutôt penser : « je vais au temple parce là demeure le Gohonzon permanent » ?

Je pense que parmi vous certains travaillent en société. Vous est-il aussi simple de ne pas aller travailler sous prétexte que : « je n’ai pas envie d’aller travailler parce que je n’aime pas mes collègue, je n’aime pas le patron » ? Par les temps qui courent, il n’est pas certain de trouver tout de suite un autre emploi. Et même si vous en trouvez un et que là encore il se trouve quelqu’un que vous n’aimez pas, est-ce qu’encore une fois, vous allez démissionner parce que vous « n’avez pas envie d’aller au bureau » ?

A plus forte raison, aller au temple ou ne pas y aller, touche directement au sujet qui est le plus important pour nous : la bouddhéité.

Bien entendu, il y a aussi certainement un problème chez la personne qui a provoqué ce mauvais sentiment en vous. C’est pourquoi, dans le Gosho, Nichiren Daishônin écrivait :

Le but ultime de la venue en ce monde du souverain de l’enseignement le vénéré Shakya réside dans le comportement humain  (L’empereur Sushun).

Nous devons graver cette phrase d’or dans nos cœurs et faire attention mutuellement à notre attitude et à nos paroles dans la vie quotidienne.

Ensuite, nous lisons :

Le fondement du bouddhisme prend sa source dans la foi.

Même le fameux Śaliputra, dont on disait qu’il était le meilleur en sagesse, ne put ni sauver sa mère par les pouvoir transcendantaux qu’il avait obtenus, ni devenir Bouddha lui-même. Le chapitre Parabole du Sutra du Lotus enseigne ceci par le biais du principe de « obtenir de pénétrer par la foi ». C’est pourquoi, la source du bouddhisme réside dans la « foi ».

Juste après cette phrase, Nichiren Daishônin redit la même chose en citant le commentaire de Tendai :

Le Dharma du Bouddha est semblable à l’océan. Seule la foi permet d’y pénétrer.

Le Dharma est un enseignement donné par le Bouddha pour sauver les êtres. C’est pourquoi, comme l’océan qui est vaste et profond, l’enseignement du Bouddha est lui-même immense et infini et a été enseigné sur la base de sa grande compassion. Il est vaste au point de pouvoir y accueillir tous les êtres. C’est pourquoi, à première vue, on pourrait penser qu’on peut pénétrer depuis n’importe où dans l’océan du Dharma, or, en fait, il n’y a qu’une entrée pour pouvoir y pénétrer et c’est « la foi ». C’est ce que cette phrase nous enseigne.

Si l’on retire la foi ou la pratique du Dharma du Bouddha, ce dernier n’est plus alors que simples théories, de la philosophie. Nous aurons beau étudier le Dharma du Bouddha et y porter mûres réflexions dans notre tête en imaginant que « le bouddhisme c’est comme ci ou comme ça », étant à l’origine des êtres ordinaires, nous ne pourrons pas nous extraire du monde de l’illusion, autrement dit, nous ne pourrons pas devenir Bouddha. On peut aisément comprendre ce principe par le biais de l’exemple de Śaliputra cité plus haut.

Mesdames et Messieurs, pratiquants du Shingyôji, je souhaite que vous graviez la phrase : le plus important est de réciter uniquement Nam Myôhôrengekyô et de devenir Bouddha dans votre esprit et que nous progressions avec énergie tous ensemble, d’une manière appropriée au nom de ce temple, en « pratiquant » (gyô) Gongyô, la récitation de Daimoku et l’ensemencement, sur la base de la « foi » (shin) et qu’ainsi, nous et autrui, devenions heureux.

C’est par ces mots que s’achève mon sermon de ce jour. Merci de votre visite au temple.

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