Juin 2014

Lettre à Jakunichibô

『Jakunichibô Gosho - 寂日房御書』

Ce que l’on fait pour les autres hier sera fait pour nous aujourd’hui. Lorsque les arbres fleurissent, il y aura des fruits et les épouses deviendront des belles-mères. Récitez Nam Myôhôrengekyô sans relâcher votre foi.

Je suis très heureux de votre nombreuses participation et d’avoir pu, ensemble exprimer notre gratitude envers la bienfaisance de notre fondateur Nichiren Daishônin par le biais de la cérémonie de Okô de ce mois.

La phrase de ce mois est extraite de la Lettre à Jakunichibô.

Cette lettre est datée du 16 septembre de la 2ème année de Kôan (1279).

« Jakunichibô », le personnage dont le nom figure dans le titre de ce Gosho, était le deuxième des six moines ainés désignés par Nikkô Shônin, le premier étant Nichimoku Shônin. Ses services sont émérites, dans la mesure où il fonda trois temples : le Jakunichibô, dans l’allée centrale du Taisekiji, le temple principal Myôrenji et un autre dans le pays de Kaï Kashikazawa (aujourd’hui Fujisawa-chô Kajikazawa, district de Minamikoma dans la préfecture de Yamanashi). L’année suivante de l’écriture de ce Gosho, Nichiren Daishônin lui remit un Gohonzon, sur lequel est inscrit :

« J’attribue ceci au moine Nikke ».

Dans la marge de ce même Gohonzon, Nikkô Shônin inscrivit lui-même :

« Jakunichibô, moine résidant du temple Rengeji du pays de Kaï est mon meilleur disciple ».

Par le biais de ces phrases, on comprend que Jakunichibô était appelé Nikke.

Quant à la personne à qui était adressé ce Gosho, on lit tout à la fin :

« Parlez-en dans les détails à Jakunichibô ».

On comprend alors que cette lettre, destinée à quelqu’un, était portée par Jakunichibô.

En outre, comme il est écrit :

« Les épouses deviendront des belles-mères »

On comprend que ce « quelqu’un » était une femme.

Par ailleurs, il évoque également ses propres parents, disant :

« Mon père et ma mère qui m’ont engendré ».

Dans les écrits de Nichiren Daishônin, lorsqu’il évoque ses parents, la plupart du temps, il s’adresse à des personnes ayant une relation directe ou habitant son pays natal de Bôshû (pays d’Awa).

A partir de ces éléments, on comprend que bien que ce Gosho soit intitulé Lettre à Jakunichibô, la personne à qui il était destiné était une femme pratiquante demeurant dans le pays d’Awa.

Je vais à présent parler succinctement de ce Gosho.

Au début, Nichiren Daishônin souligne la difficulté de naître en tant qu’être humain et la difficulté de rencontrer l’enseignement du Bouddha. Il enseigne ensuite la raison du caractère respectable du pratiquant du Sutra du Lotus, du fait de la difficulté encore plus grande de rencontrer le Daimoku du Sutra du Lotus et de devenir un pratiquant de ce Daimoku.

Il dévoile ensuite son éveil intérieur en tant que Bouddha originel. Il était le seul à avoir lu physiquement les stances en vingt lignes du chapitre Exhortation à garder annonçant les trois catégories de puissants ennemis. De plus, différent des huit cent mille myriades de bodhisattvas de ce même chapitre, il est le seul à avoir œuvré à la propagation du Sutra du Lotus. C’est pourquoi, ses parents sont des personnes dotées d’une grande bonne fortune.

J’ai déjà expliqué les trois catégories de puissants ennemis lors d’une réunion d’étude, aussi vais-je en parler brièvement aujourd’hui.

Les trois catégories de puissants ennemis sontles outrecuidants profanes (jp. zokushu zôjôman - 俗衆増上慢), les outrecuidants qui ont franchi la porte de la voie (jp. dômon zôjôman - 道門増上慢) et les outrecuidants qui feignent la sainteté (j. senshô zôjôman - 僭聖増上慢). Après l’extinction du Bouddha, dans la période mauvaise et souillée de la Fin du Dharma, ils injurient le Sutra du Lotus et persécutent son pratiquant.

La première catégorie, les outrecuidants profanes, désigne les laïcs ignorants l’enseignement du Bouddha qui diffament, maltraitent le pratiquant du Sutra du Lotus, le blessant à coup de sabre et de bâtons.

La deuxième catégorie, les outrecuidants qui ont franchi la porte de la voie, désigne les religieux qui, dotés d’un cœur pervers utilisent leurs connaissances erronées à des fins nuisibles, prétendent avoir réalisé la voie du Bouddha alors qu’ils ne l’ont pas encore réalisée. Ils suscitent en eux de l’orgueil et persécutent le pratiquant du Sutra du Lotus.

La troisième et la plus terrible catégorie, les outrecuidants qui feignent la sainteté, sont des religieux ou des hommes de pouvoir respectés dans le monde, considérés comme des saints mais qui, en réalité, bercent un cœur mauvais et diffament, persécutent le pratiquant du Sutra du Lotus.

Seul Nichiren Daishônin a rencontré ces trois catégories de puissants ennemis et a ainsi lu le Sutra du Lotus avec son corps.

Poursuivant avec l’importance du nom, Nichiren Daishônin explique que le nom Nichiren est le reflet de l’état de vie auquel il s’est éveillé. Citant ensuite le chapitre des Pouvoirs transcendantaux, il explique que sa vie dans ce corps d’homme ordinaire est la manifestation du bodhisattva Pratique supérieure apparu au début de la période de la Fin du Dharma pour propager Nam Myôhôrengekyô afin de sauver tous les êtres, mais que si on en recherche l’origine, il s’agit du Bouddha du passé hors le temps.

Enfin, il indique que le fait d’être devenue son disciple ou bienfaitrice dénote d’un lien résiduel profond avec lui et conclue sa lettre en encourageant sa destinataire à propager Nam Myôhôrengekyô par shakubuku et à réciter Daimoku sans négligence dans la foi.

L’extrait de ce mois se situe dans cette dernière partie.

Je vais à présent commenter ce passage. Pour en comprendre plus aisément la signification, il convient de connaître la partie qui le précède.

Le Sutra du Lotus est le vêtement qui cache la honte dans la vie suivante. Le sutra indique : « comme un homme nu recevant un vêtement ». Ce Gohonzon est le vêtement sur le chemin obscur de l’au-delà. Il faut y croire sérieusement.

La « honte » dont il s’agit ici désigne le fait d’avoir porté préjudice à la pratique du Sutra du Lotus. C’est pourquoi, Nichiren Daishônin exhorte ici à « croire fermement dans le Gohonzon et à pratiquer ».

Ensuite,

Y aurait-il une épouse ne voilant pas la nudité de son mari ? Existerait-il des parents restant sans pitié devant leur enfant grelotant de froid ? Le Bouddha Śākyamuni et le Sutra du Lotus sont comme cette épouse et ces parents.

La pensée de Nichiren Daishônin est que si l’on pratique sérieusement, immanquablement, on peut bénéficier de la protection du Bouddha, du Gohonzon

Il ajoute :

En m’aidant, vous m’avez protégé de la honte dans cette vie. En retour, dans la vie prochaine, je vous protégerai du déshonneur.

Cette femme pratiquante a certainement fait des offrandes à plusieurs reprises à Nichiren Daishônin retiré au mont Minobu. C’est pourquoi, elle reçut ces paroles tant appréciables, lui disant que grâce à ces offrandes qui le soutinrent, Nichiren fut sauvé de la honte dans cette vie. Il ajoute, en retour, dans la vie prochaine, je vous protégerai du déshonneur. Afin de m’acquitter de ma dette de gratitude, je vous remets ce Gohonzon, ce qui vous protégera du déshonneur dans la vie suivante.

Là apparait l’extrait de ce mois.

Ce que l’on fait pour les autres hier sera fait pour nous aujourd’hui. Lorsque les arbres fleurissent, il y aura des fruits et les épouses deviendront des belles-mères. Récitez Nam Myôhôrengekyô sans relâcher votre foi.

Un dicton populaire dit : « ce qui arrive aux autres aujourd’hui, nous arrivera demain ». La signification de ce proverbe est que les catastrophes d’aujourd’hui, que nous pensons n’arriver qu’aux autres peuvent nous arriver demain à nous. On ne sait jamais où s’abattent les catastrophes.

Toutefois, si l’on change d’optique, ont peut alors dire que ce qu’on a fait hier pour les autres, nous reviendra infailliblement.

C’est pourquoi, Nichiren Daishônin parle ainsi : « les œuvres et vertus d’avoir fait l’offrande à Nichiren vous reviendront immanquablement. C’est la même chose que lorsque les fleurs éclosent, elles donnent immanquablement des fruits et comme les épousent qui infailliblement deviendront des belles-mères ».

Pour cette raison il l’encourage, disant « récitez Nam Myôhôrengekyô sans vous relâcher dans la foi ».

Les pouvoirs du Bouddha et du Dharma sont parfaitement présents dans le Gohonzon. Afin de recevoir ces pouvoirs du Bouddha et du Dharma, il n’y a pas d’autre solution que de montrer au Gohonzon la force de notre foi et celle de notre pratique.

La foi dans laquelle on effectue quotidiennement la pratique pour soi et la conversion d’autrui est l’ascèse par laquelle nous accumulons les œuvres et vertus et les racines du bien. Comme l’affirme l’extrait de ce mois, les œuvres et vertus de la récitation du Daimoku au Gohonzon par le biais de cette foi, se manifesteront infailliblement en nous.

Renforçant encore notre conviction à ce sujet et, par le lien des corps différents animés du même cœur, déployons ensemble notre énergie dans la perspective de l’année prochaine.

Je termine ce sermon donné à l’occasion de la cérémonie de Okô de ce mois en priant pour votre énergie courageuse et votre santé.

Je vous remercie de votre visite au temple.

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