Sermon de Okô

Juin 2012

 

Dialogue sur le fait de garder

la fleur du Dharma merveilleux

(Jimyôhokke mondô shô - 持妙法華問答抄)


Le Dharma pratiqué étant le meilleur, celui qui le garde devient en conséquence le meilleur. Celui qui diffame cette personne, diffame aussi le Dharma. Mépriser le fils, c’est mépriser ses parents.

Je suis très heureux de votre présence pour cette cérémonie d’Okô et d’avoir pu, avec vous, exprimer notre gratitude envers notre fondateur, Nichiren Daishônin.

Ce mois-ci, nous étudions un extrait du Dialogue sur le fait de garder la fleur du Dharma merveilleux.

L’original de ce Gosho ayant disparu, on ne connaît pas clairement le destinataire ni d’autres détails. Toutefois, on admet qu’il a été écrit à Kamakura, tout de suite après que Nichiren Daishônin ait été gracié de son exil à Izu, le 3ème mois de la 3ème année de Kôchô (1263).

Ce Gosho est écrit sous la forme de cinq questions et réponses.

Dans le premier dialogue, la question est : j’ai pu naître en tant qu’être humain et ai pu rencontrer l’enseignement du Bouddha. Or, il existe des différences de profondeur entre les enseignements et également de valeur entre les hommes. Dès lors, que faut-il pratiquer ? La réponse à cette question est : certes, il existe les enseignements du grand véhicule et du petit véhicule, et ceux des sutras circonstanciels et du sutra véritable. Toutefois, le Sutra du Lotus est le roi de tous les sutras et la voie directe pour devenir Bouddha dès ce corps.

Dans le deuxième dialogue, la question est : les maîtres hommes ont compris les sutras et les traités bouddhiques. Aussi, prétendre que seul le Sutra du Lotus est supérieur n’est-il pas une marque d’étroitesse d’esprit ? La réponse à cette question est que la supériorité du Sutra du Lotus sur les autres sutras ne relève pas des maitres hommes, mais uniquement des phrases mêmes du sutra.

La troisième question est : dans les sutras antérieurs au Sutra du Lotus également, on trouve des phrases du genre : « ce sutra est le meilleur » ou « il est le roi de tous les sutras ». Malgré cela, faut-il néanmoins ne pas les utiliser ? La réponse à cette question est : le Sutra du Lotus, présenté par les expressions « pendant plus de quarante ans la vérité n’a pas encore été révélée » et « il est le prêche supérieur parmi ceux que j’ai prêchés dans le passé, celui que je prêche dans le présent et ceux que je prêcherai dans le futur », montre bien qu’il est le roi de tous les sutras et la véritable voie vers la bouddhéité.

Je vais donner ici quelques explications complémentaires.

« Pendant plus de quarante ans la vérité n’a pas encore été révélée » est une expression extraite du Sutra des sens infinis - sutra introducteur du Sutra du Lotus (il est sa partie introductrice).Le Bouddha Shakyamuni obtint l’éveil à l’âge de 30 ans et entra en extinction à 80 ans. Le Sutra du Lotus étant le sutra enseigné par le Bouddha au cours des 8 dernières années de sa vie, les sutras antérieurs, furent donc développés pendant 42 ans. Autrement dit, cette phrase établit clairement que la vérité n’a pas été dévoilée dans les sutras antérieurs au Sutra du Lotus. C’est pourquoi, même si les sutras antérieurs au Sutra du Lotus contiennent l’expression « roi des sutras », ce n’est pas la vérité.

La phrase « il est le prêche supérieur parmi ceux que j’ai prêchés dans le passé, celui que je prêche dans le présent et ceux que je prêcherai  dans le futur » est extraite, elle, du 10ème chapitre du Sutra du Lotus, les Maîtres du Dharma. Nichinyo Shônin en donne le commentaire suivant :

« Dans cette phrase, " que j’ai prêchés dans le passé" désigne les sutras développés par le Bouddha Shakyamuni pendant plus de quarante ans. "Que je prêche dans le présent" désigne le Sutra des sens infinis. "Que je prêcherai  dans le futur» se rapporte au Sutra de l’extinction. Autrement dit, dans cette phrase, citant les trois prêches du passé, du présent et du futur, le Bouddha indique que parmi tous ces sutras, le Sutra du Lotus est le plus supérieurement difficile à croire et difficile à comprendre ».

Ainsi, Il est révélé que le Sutra du Lotus est le sutra le plus excellent parmi tous ceux que le Bouddha Shakyamuni enseigna. Par ailleurs, le Sutra du Lotus étant de loin supérieur aux trois prêches, il est appelé « sutra surpassant les trois prêches ».

Je reviens au Gosho.

La quatrième question concerne l’hérésie doctrinale de Tokuichi, moine de l’école de la Nature des dharmas, affirmant que la phrase « Pendant plus de quarante ans la vérité n’a pas encore été révélée » est « destinée aux deux véhicules (auditeurs et Bouddha pour soi) et non aux bodhisattvas ». A cette question, Nichiren Daishônin répond que c’est uniquement avec le Sutra du Lotus que les deux véhicules dont la non possibilité d’éveil était affirmée dans les sutras antérieurs, peuvent devenir Bouddha. Cette possibilité d’éveil pour les deux véhicules est la manifestation que le Sutra du Lotus est la voie de l’obtention de la bouddhéité pour tous les êtres.

A ce stade, j’aimerais donner quelques explications.

Tokuichi était un moine de l’école de la Nature des dharmas, rendu célèbre par le biais d’un débat avec le grand maître Dengyô. Selon Tokuichi, « il y a des bodhisattvas ayant obtenu l’émancipation par les sutras antérieurs au Sutra du Lotus et donc, la non révélation de la vérité n’est applicable que pour les deux véhicules dont l’éveil était interdit dans les sutras antérieurs et qui, pour la première fois peuvent eux aussi obtenir l’émancipation par le Sutra du Lotus ».

Cette affirmation fut réfutée par Dengyô. Dans le présent Gosho, Nichiren Daishônin affirme que cette possibilité d’éveil pour les deux véhicules est la raison pour laquelle le Sutra du Lotus est supérieur à tous les autres sutras.

A la fin de ce quatrième échange de question et de réponse, il écrit :

« Si vous désirez devenir Bouddha, vous devez simplement abaisser l’étendard de l’orgueil, jeter de côté le bâton de la colère et prendre uniquement refuge dans le véhicule unique. Renommée et profit sont les parures de la vie présente, arrogance et attachement sont vos fers dans la vie future. Ah ! Vous devriez en avoir honte et en avoir peur aussi » !

Ce passage enseigne que « ne pas s’attacher aux conceptions personnelles ni à l’orgueil et rechercher honnêtement le Dharma en cherchant à l’écouter représente le point essentiel pour devenir Bouddha ». Je pense que c’est un passage qu’il ne faut absolument jamais oublier.

Nous arrivons au chapitre du dernier échange de question et de réponse.

Cette cinquième question est : de quelle manière convient-il de pratiquer le Sutra du Lotus ? La réponse que seule la foi est essentielle. Nichiren Daishônin développe ensuite le caractère terrible de l’offense au Dharma et la respectabilité du pratiquant du bon Dharma. Il conclut ce Gosho en disant que, réciter soi-même Nam Myôhôrengekyô, sans s’attacher à la renommée ni au profit et le préconiser à autrui est la manière de construire la vie la meilleure.

Cette réponse à la dernière question, en particulier, couvre plus de la moitié de ce Gosho. La phrase d’aujourd’hui est contenue dans ce passage.

Etudions à présent cette phrase.

« Le Dharma pratiqué étant le meilleur, celui qui le garde devient en conséquence le meilleur ».

Dans la Réponse à Messire Nanjô, datée du 11 septembre de la 4ème année de Kôan, nous pouvons lire une phrase similaire :

« Le Dharma étant merveilleux, l’homme est respectable ».

Ce Gosho établit que même les êtres des deux véhicules qui, dans les sutras antérieurs ne pouvait pas devenir Bouddha, peuvent le devenir avec le Sutra du Lotus, ce qui fait de ce sutra l’enseignement le plus supérieur.

En effet, celui qui garde ce vénérable Sutra du Lotus, devient infailliblement Bouddha. Nichiren Daishônin indique ce principe en disant que c’est parce que le Dharma est respectable, que celui qui le garde est respectable aussi.

En d’autres termes, puisque nous avons foi dans le Sutra du Lotus, il est absolument inutile de s’auto-déprécier. Nichiren Daishônin dit qu’il faut avoir confiance en soi et s’efforcer dans la pratique en avançant dans la vie.

Dans le Traité qui ouvre les yeux, Nichiren Daishônin écrit :

« A présent, l’homme le plus riche du Japon est Nichiren ».

Bien entendu, il n’était pas riche du point de vue matériel. Il parlait de « la richesse du cœur ».

Je voudrais que nous gravions dans notre cœur que l’accumulation du « trésor du cœur » s’opère par le renoncement à son orgueil, en ayant une foi sincère dans le Gohonzon et  en s’efforçant chaque jour dans la pratique personnelle et la conversion d’autrui.

Nous arrivons à la phrase suivante :

Celui qui diffame cette personne, diffame aussi le Dharma. Mépriser le fils, c’est mépriser ses parents.

Il s’agit là d’une interdiction de parler en mal de celui qui garde correctement le Sutra du Lotus. En effet, cette attitude ne représente pas seulement une offense vis-à-vis de cette personne, c’est de plus une offense envers le Dharma que cette personne pratique. Cette phrase souligne également l’importance de se respecter mutuellement et d’approfondir le lien des corps différents animés du même cœur.

Nichiren Daishônin écrivait une directive possédant la même signification dans une Réponse à Messire Matsuno :

« Ceux qui gardent le Sutra du Lotus ne doivent pas se critiquer mutuellement. La raison est que ceux qui gardent le Sutra du Lotus sont infailliblement tous Bouddhas ».

Ceux qui gardent le Gohonzon et progressent dans la pratique éduquent la nature du Bouddha leur permettant de devenir Bouddha. C’est pourquoi, les critiquer revient à critiquer le Bouddha, ce qui est un grave crime.

Admettons qu’un personnage A éprouve de la haine envers un personnage B. Or, si ce M. ou Mme A pratique dans un tel état d’esprit, il est alors basé sur la une pensée de la colère (Ashura), qui devient alors la cause pour que l’aspect de cette personne change, son caractère change, ce qui, en définitive déterminera sa chute en enfer.

Jadis, le grand patriarche retiré Nikken Shônin, citant cette phrase de la Réponse à Messire Matsuno donnait la directive suivante :

« [La signification de cette phrase est] "que des personnes ayant foi avec respect dans ce Sutra du Lotus se critiquent mutuellement est absolument une erreur. En effet, l’attestation intérieure de celui qui a foi dans le Sutra du Lotus est qu’il est tel quel Bouddha. C’est pourquoi, critiquer cette personne revient à critiquer le Bouddha". Bien entendu, il faut corriger les erreurs quelles qu’elles soient, en particulier celles ayant lieu dans le cadre du bouddhisme. Toutefois, si les sentiments mutuels, qu’on soit moine ou pratiquant, ne sont pas fondés sur l’harmonie du véritable esprit des corps différents animés d’un même cœur en progressant vers la vaste propagation, il sera alors absolument impossible que cette dernière se réalise ».

Déployons notre énergie nous-mêmes tournés vers la vaste propagation et notre bonheur et celui d’autrui en gravant profondément cette directive dans notre cœur.

Le 8 juin, une personne ayant reçu le précepte (gojukai), l’objectif de shakubuku du Shingyôji pour l’année a été réalisé. Ce résultat relève de la grande compassion du Gohonzon et de l’énergie déployée par chaque pratiquant du Shingyôji sur la base de la récitation du Daimoku fondée sur une précieuse prise de conscience. Je respecte du fond du cœur votre foi.

Toutefois, tout n’est pas terminé pour autant. Le chemin vers la vaste propagation se poursuit encore et encore vers l’avant. Poursuivons-le dès aujourd’hui avec un sentiment renouvelé et en nous respectant mutuellement.

Merci de votre visite au temple.

Nouvelles publications

Depuis le 18/09/2014