Sermon de Okô

Juin 2011

Réponse à la mère de Oto Gozen

(Oto gozen haha gosho - 乙御前母御書)

L’Ainsi-venant Shakya avait de nombreux disciples au sein desquels dix étaient considérés être les dix disciples majeurs. Parmi eux, il y avait le vénérable Maudgalyāyana, le meilleur en pouvoirs transcendantaux. Sans bouger un seul cheveu, il était capable de voyager sous les quatre cieux touchés par la course du soleil et de la lune. Il était capable d’accomplir une telle chose parce que dans une vie précédente, il se rendait dans des endroits situés à mille lieues pour écouter le Dharma du Bouddha.



Je suis très heureux du grand nombre de personnes venues au temple se recueillir pour la cérémonie de Okô de ce mois et d’avoir pu, ensemble, exprimer notre gratitude envers la bienfaisance de notre fondateur Nichiren Daishônin, par le biais de la lecture du sutra et de la récitation du Daimoku.

Ce mois ci, nous étudions un passage de la Lettre à la mère de Oto goze. Ce Gosho est daté du 3ème jour du 11ème mois de la 10ème année de Bun’ei (1274) et a été écrit au mont Minobu.

La « mère de Oto goze », dont il est question dans le titre est Nichimyô Shônin. Ce nom est sans doute plus facile à mémoriser.

On ne connait pas beaucoup de détails sur la vie de cette femme. On sait toutefois qu’il s’agissait d’une pratiquante habitant Kamakura, vivant séparée de son mari et s’efforçant dans la pratique tout en élevant Oto, sa fille en bas âge. Lorsque Nichiren Daishônin fut exilé à l’île de Sado, de nombreux pratiquants abandonnèrent la foi. On sait, toutefois, que Nichimyô Shônin, continua la pratique dans l’esprit de ne ménager ni son corps ni sa vie.

Par ailleurs, vous savez tous que dame Nichimyô rendit visite à Nichiren Daishônin pendant son exil à Sado, emmenant avec elle sa petite fille Oto, bravant les dangers de la traversée des montagnes et de la mer.

Dans la Lettre à Nichimyô Shônin, Nichiren Daishônin écrit :

Vous êtes la meilleure pratiquante femme du Sutra du Lotus au Japon. C’est pourquoi, je vous donne avec respect un nom possédant la signification du bodhisattva Sans-Mépris. C’est Nichimyô Shônin.

Nichiren Daishônin louait ainsi la force de la foi de dame Nichimyô, la qualifiant de « Shônin », sainte.

Ce Gosho étant une courte lettre, je vais parler de la phrase de ce mois en la complétant des parties venant avant et après.

D’abord, Nichiren Daishônin réitère ses louanges vis-à-vis de Nichimyô Shônin, d’être venue le voir jusqu’à Sado, accompagnée de son bébé, disant : « c’est l’aspect de la manifestation de votre esprit de recherche ».

Je vous ai présenté une phrase de la Lettre à Nichimyô Shônin. Ce Gosho fut écrit le 25ème jour du 5ème mois de la 9ème année de Bun’ei (1273). On suppose dès lors que Nichimyô Shônin rendit visite à Nichiren Daishônin tout de suite après qu’il ait été transféré à Ichinosawa. Le présent Gosho ayant été écrit environ un an et demi plus  tard à dame Nichimyô, j’imagine qu’un disciple ou un pratiquant de Kamakura a transmis des nouvelles de Nichimyô et de sa fille à Nichiren Daishônin.

La suite de la lettre est le passage de ce mois :

L’Ainsi-venant Shakya avait de nombreux disciples au sein desquels dix étaient considérés être les dix disciples majeurs. Parmi eux, il y avait le vénérable Maudgalyāyana, le meilleur en pouvoirs transcendantaux.

Le bouddha Shakyamuni avait dix disciples majeurs. Parmi eux, le vénérable Maudgalyāyana (Mokuren) possédait des pouvoirs transcendantaux extraordinaires. Vous connaissez tous la légende de Maudgalyāyana, qui donna naissance au rite de Urabon.

Sans bouger un seul cheveu, il était capable de voyager sous les quatre cieux touchés par la course du soleil et de la lune.

Ce passage signifie que le vénérable Maudgalyāyana, par ses pouvoirs transcendantaux, était capable de se transporter instantanément en tous lieux.

Il était capable d’accomplir une telle chose parce que dans une vie précédente, il se rendait dans des endroits situés à mille lieues pour écouter le Dharma du Bouddha.

Dans le passé, le vénérable Maudgalyāyana se déplaçait pour aller dans les lieux où l’on prêchait l’enseignement du Bouddha, aussi éloignés et isolés fussent-ils. Grâce aux œuvres et vertus d’avoir écouté l’enseignement, il obtint de tels pouvoirs transcendantaux.

En fait, cette phrase enseigne une partie des œuvres et vertus inhérente à l’écoute du Dharma. Grâce au fait d’avoir écouté l’enseignement du Bouddha, Maudgalyāyana put obtenir le pouvoir transcendantal de ce qu’aujourd’hui on appelle la téléportation. A plus forte raison, vous, pratiquants du Shingyôji, qui avez foi dans le Dai Gohonzon des trois grands Dharmas ésotériques, source du Dharma du Bouddha et récitez Nam Myôhôrengekyô, le Daimoku contenant à la fois la pratique personnelle et la conversion d’autrui, je souhaite que vous ayez la conviction d’obtenir le bienfait encore plus magnifique de devenir Bouddha.

Bien sûr, le chemin menant à la bouddhéité n’est certes pas du tout plat et ce n’est pas parce qu’on pense pratiquer le bon Dharma qu’il n’y aura jamais de problème. Il y aura peut-être la souffrance de la maladie. On souffrira peut-être de difficultés financières ou de problèmes relationnels. Ces souffrances proviennent de l’accumulation de nos actes individuels depuis les vies passées. Le bouddhisme enseigne avec rigueur la loi de causalité. Aussi, nous devons nous-mêmes recevoir la rétribution de nos propres actes commis dans les vies passées.
Toutefois, si l’on poursuit cette pratique correcte, alors, nous pourrons infailliblement transformer le mauvais karma accumulé jusqu’à présent en bon karma. Aussi, les problèmes auxquels nous faisons face à présent font partie d’un processus menant à l’effacement de nos fautes passées et nous rapprochent d’un pas de l’état de vie de la bouddhéité.

Si, lorsque nous faisons face à ces problèmes, nous nous attachons uniquement à la réalité que nous avons sous les yeux, oubliant la vision de la vie dans les trois phases enseignée dans le bouddhisme et que l’on arrête la démarche de la pratique en doutant du pouvoir du Bouddha et du pouvoir du Dharma, nous jetons alors de nous même les racines de bien que nous avons eu pourtant tant de mal à accumuler.

Avant chaque cérémonie de Okô, des pratiquants volontaires aident au ménage du temple. Le lendemain de Okô, puisque de nombreuses personnes y sont venues se recueillir, il est de nouveau sale. Puisque c’est le lieu où demeure le Gohonzon et le dojo où vous venez pratiquer l’ascèse de la foi, son état continuellement sale est gênant.

Avec ma femme, nous passons l’aspirateur et nous nettoyons le sol à l’aide de balais à franges trempés dans de l’eau et du nettoyant liquide. Avant de faire le ménage, nous mettons de l’eau claire et du détergent dans un seau. Après le ménage, l’eau du seau est noire de saleté.

La raison pour laquelle nous nous efforçons dans la pratique quotidienne est l’effacement de nos fautes. Autrement dit, c’est pour nettoyer les fautes que nous avons accumulées sans nous en rendre compte.

Je vois parfois des gens se plaindre : « Je pratique sérieusement, mais ma situation ne s’améliore pas », ou encore : « j’ai encore plus de problème qu’avant et ça ne fait qu’empirer ».

Je pense que ces personnes qui se plaignent, sont comme celles qui, oubliant le sol propre de la salle de pratique après le ménage, ne voient que l’eau dans le seau et se demandent « pourquoi cette eau est-elle si sale » ? Puisqu’on a fait le ménage, il est normal que la saleté apparaisse dans l’eau.

Je pense que vous avez compris où je veux en venir. Grâce à la pratique de l’enseignement de Nichiren Daishônin, notre vie se purifie. Autrement dit, nous nettoyons la souillure, la saleté de notre propre vie, accumulées depuis les vies passées. Aussi, cette saleté sort autour de nous. En d’autres termes, autant la saleté apparait, autant notre vie est purifiée et nos fautes sont effacées.

Le fait de surmonter une à une chaque difficulté nous rapproche pas à pas de la bouddhéité.

Dans le Traité qui ouvre les yeux, il est dit :

Si moi et mes disciples ne concevons pas de doute malgré les difficultés, nous parviendrons naturellement au monde du Bouddha. Ne doutez pas de la protection des cieux. Ne vous plaignez pas que la vie actuelle n’est pas sereine. Je l’ai enseigné à mes disciples le matin et le soir. Pourtant, ils ont éveillé le doute et ont tous abandonné. L’habitude des sots est d’oublier leur promesse au moment opportun.

Je souhaite que vous graviez cette parole d’or dans votre cœur et déployiez davantage votre énergie.

Je vais à présent parler succinctement du reste du Gosho.

Comme pour la légende de Maudgalyāyana, Nichiren Daishônin citant les maîtres hommes : le grand maître Zhāngan (shôan), disciple du grand maitre du Tendai, ainsi que le grand maitre Dengyô et le tripitaka Xuanzang (genjô), évoque les personnes qui, ne rechignant pas devant la longue distance recherchèrent le Dharma.

Là, il écrit la phrase que vous connaissez tous : « l’esprit de recherche se manifeste dans la longueur du chemin ».

Ensuite, comparant ces maîtres hommes avec la mère de Oto goze, Nichiren Daishônin fait de nouveau l’éloge de Nichimyô Shônin qui, bien qu’étant une femme, fit le long voyage jusqu’à Sado, montrant à quel point elle a dû accumuler des actes de bien dans le passé.

Nichiren Daishônin écrit : « une légende des temps anciens raconte l’histoire d’une femme qui parcourut un long chemin pour rencontrer l’homme qu’elle aimait, se transformant parfois en pierre ou en arbre, en oiseau ou en serpent ». Ici, Nichiren Daishônin souligne la rareté des femmes parcourant un long chemin pour rechercher le bon Dharma. Là s’achève la lettre proprement dite.

Pour terminer, Nichiren Daishônin écrit un post-scriptum dans lequel il s’enquiert de la croissance de Oto goze et se réjouit vivement de son bonheur futur grâce à la pratique du Sutra du Lotus et qu’elle et sa mère, Nichimyô Shônin, sont deux femmes qui deviendront Bouddha. Nichiren Daishônin loue encore la sollicitude de Nichimyô Shônin à l’égard de ses disciples résidant à Kamakura.

Je souhaite que vous ressentiez à quel point les œuvres et vertus d’écouter le Dharma étant grandes, celles de recevoir et garder, de croire et pratiquer sont encore plus grandes et, également, que vous ressentiez l’importance de déployer son énergie pour rechercher le Dharma quelle que soit la distance.

Pour terminer, je voudrais donner des informations sur le Tozan du chapitre Shingyôji projeté en septembre. Je souhaite que vous soyez nombreux à y participer. En raison des préparatifs, les inscriptions seront closes à la fin de ce mois.

Mon prédécesseur vous a certainement parlé à maintes reprises de l’importance de faire Tozan. Pour ma part, je voudrais vous en expliquer la signification en empruntant les paroles de Nichikan Shônin.

Dans le Discours du la Durée de la vie, ce dernier écrivait :

« Ce qu’on appelle la transmission des paroles d’or est comme verser l’eau d’un récipient dans un autre. De la même manière, la transmission des trois grands Dharmas ésotériques n’existe qu’au Taisekiji. Bien que le temps ne soit pas encore venu et qu’il n’y ait donc pas de Kaidan effectif, à partir du moment où le Honzon du Kaidan s’y trouve, son lieu de résidence est donc le Kaidan. Faire face au Honzon sur la terre du Kaidan et réciter Nam Myôhôrengekyô est le Daimoku de la doctrine originelle. Ceux qui ont la motivation [à devenir Bouddha] doivent faire Tozan ».

Je vous remercie de votre visite au temple de ce jour.

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