Sermon de Okô

Juin 2010

 

« Traité sur les rites » de Nichiu Shônin

Etant dans la Fin du Dharma de Shakyamuni, la pratique de shôju ne convient pas. Seul shakubuku doit être pratiqué, car le monde est tourmenté.

 

J’apprécie la présence de nombreuses personnes avec lesquelles, tous ensembles, nous avons exprimé notre gratitude envers la bienfaisance de notre fondateur Nichiren Daishônin lors de cette cérémonie de Okô de ce mois.

La phrase de ce mois est extraite du « Traité sur les rites » de Nichiu Shônin, 9e Grand Patriarche du Temple principal.

Dans son « Explication sommaire du Traité sur les rites », le 66e Grand Patriarche Nittatsu Shônin écrivait :

"Le 9e Grand Patriarche, Nichiu Shônin parti enseigner la doctrine des cinq pays du nord de l’île principale au nord, jusqu’à Kyoto à l’ouest où il prêcha le Dharma et fit shakubuku sans relâche. Pour cette raison, il n’existe pratiquement aucun écrit de sa main, hormis des Gohonzon. Toutefois, comme il donnait sans cesse des sermons, ses disciples prirent des notes de ses prêches et de ses cours qu’ils transmirent en nombre jusqu’à aujourd’hui".

Ce « Traité sur le rite » également n’a pas été écrit directement par Nichiu Shônin. Il s’agit des notes prises par Nanjô Nitchû, l’un de ses disciples qui écrivait toujours ce qu’il avait entendu, mises au propre en la 15e année de l’ère Bunmei (1483), année suivante de l’extinction de Nichiu Shônin survenue en 1482 et présentées au 12e Grand Patriarche Nitchin Shônin.

Les documents de l’époque étant rares, on ne connait pas les choses en détails. On sait toutefoiq que Nichiu Shônin était un membre de la famille Nanjô. Il devint disciple de Nichiei Shônin, le 8e Grand Patriarche et entra au Taisekiji en 1419 en tant que 9e Souverain du Dharma. Selon le « Fuji Nenpyô », tableau chronologique l’histoire de la Nichiren Shôshû depuis l’époque de Nichiren Daishônin à nos jours, Nichiu Shônin réalisa la réfection et la reconstruction de bâtiments du temple principal, tel le Kyakuden et le Pavillon des trésors.

À l’ occasion de l’Okô donné lors de la pratique du Daimoku pour la veillée funèbre du 500e anniversaire de la mort de Nichiu Shônin, le Grand Patriarche retiré Nikken Shônin a prononcé un sermon, dans lequel, il disait :

"Vis-à-vis de l’extérieur, (Nichiu Shônin) à largement voyagé dans toutes les régions et a débattu avec tous les maitres des autres courants, défendant le Dharma et la doctrine correctes et corrigeant leurs vues erronées. Vis-à-vis de l’intérieur, il a indiqué la signification de l’enseignement et à systématisé la procédure des rites pour les disciples moines et laïcs sur la base de la transmission vitale reçue des deux fondateurs, protégeant ainsi le bon Dharma et rectifiant la logique de la propagation".

Aujourd’hui encore, des temples anciens issus du lien avec Nichiu Shônin existent dans la région du nord-est du Japon, ou plus proches du temple principal le Honkôji de Numazu ou le Umyôji dans la préfecture de Yamanashi.

En fonction de ces éléments, la Nichiren Shôshû respecte particulièrement ses vertus, le considérant, avec le 26e Grand Patriarche Nichikan Shônin, comme les deux moines réformateurs de l’école.

Comme je l’ai dit à l’instant, le « Traité sur les rites » est la compilation des notes prises par maître Nanjô Nitchû des enseignements donnés au quotidien par Nichiu Shônin.

Nikken Shônin disait :

"L’immense volume des orientations extrêmement détaillées de Nichiu Shônin est entièrement fondé sur la transmission vitale de l’eau du Dharma de Nichiren Daishônin et de Nikkô Shônin. Il juge toutes les religions et courants et, à partir de ce principe, donne du début à la fin des directives correctes aux moines et pratiquants sur l’attitude spirituelle et la logique à suivre dans la perspective de leur pratique du Dharma du Bouddha".

Le « Traité sur les rites », fondé sur la transmission vitale reçue depuis Nichiren Daishônin et Nikkô Shônin nous enseigne minutieusement la forme et la signification de la pratique du point de vue de la doctrine et, de plus, la manière de se comporter dans la société. Le fait qu’il soit composé de 121 articles montre la minutie de ces directives.

La phrase étudiée aujourd’hui est le 92e article. Il s’agit d’une orientation comparant l’ascèse (en particulier la pratique de la conversion d’autrui) à l’époque de Shakyamuni et aux périodes de la Rectitude et de la Semblance du Dharma, avec celle de l’ère présente de la Fin du Dharma.

Au début, nous lisons : "étant dans la Fin du Dharma de Shakyamuni". La raison pour laquelle Nichiu Shônin précise "de Shakyamuni" est enseignée par le 59e Grand Patriarche Nichikô Shônin que je vais à présent citer en substance.

"La raison pour laquelle il est écrit en particulier ‘la Fin du Dharma de Shakyamuni’ est que, du point de vue de l’enseignement de Shakyamuni, c’est la fin, mais, en même temps, du point de vue de l’enseignement de Nichiren Daishônin, il s’agit du début du bon Dharma (de l’ensemencement)".

Bien entendu, Shakyamuni a dit lui-même que, dans la période dite de la Fin du Dharma, ère mauvaise perturbée par les cinq souillures, son enseignement aura perdu la capacité de sauver les êtres. Toutefois, du point de vue de l’enseignement de Nichiren Daishônin, cette même période de la Fin du Dharma est justement celle où le Bouddha originel ayant le lien avec elle apparait pour donner le véritable enseignement capable de sauver tous les êtres tout au long du futur infini, je veux parler des trois grands Dharmas ésotériques. Il s’agit donc du moment de propager les trois grands Dharmas ésotériques, du moment de la vaste propagation du bon Dharma de l’ensemencement du passé hors le temps.

Ainsi, puisqu’il s’agit du temps de la propagation du Dharma de l’ensemencement, la pratique de ce dernier, naturellement est différente. C’est pourquoi, "la pratique de shôju ne convient pas. Seul shakubuku doit être pratiqué". Autrement dit, si on ne pratique pas l’ascèse appropriée au temps, on ne peut pas devenir Bouddha.

Je voudrais à présent parler succinctement de shôju et de shakubuku.

Shôju est une méthode de conversion consistant à guider progressivement l’autre vers l’enseignement correct, tout en admettant dans un premier temps sa manière de penser, sa philosophie, même si elle contient des erreurs.

Si l’on prend l’exemple de la manière avec laquelle Shakyamuni convertit les autres, il prêcha divers enseignements et doctrines en fonction de leurs capacités. Toutefois, il s’agissait de moyens pour les amener à l’enseignement correct du « Sutra du Lotus ». Il dit lui-même dans le « Sutra des Sens infinis » : "pendant plus de quarante ans, je n’ai pas révélé la vérité", indiquant ainsi que les enseignements antérieurs au « Sutra du Lotus » ne révélaient pas la vérité. Autrement dit, il prêcha divers enseignements, se conformant à la prédisposition des êtres, afin de les amener à l’enseignement correct du « Sutra du Lotus ». En outre, il les guida tout en corrigeant leurs attachements aux enseignements précédents, nés au cours du processus de prêche du superficiel au profond. En fait, les sutras antérieurs étaient fondés sur shôju.

Shakubuku est une méthode de conversion consistant à amener l’autre à l’enseignement correct, tout en attirant directement son attention sur ses erreurs.

Shakyamuni a enseigné directement son propre éveil, son enseignement ultime, capable de sauver tous les êtres sous la forme du « Sutra du Lotus ».

Comme l’indique le commentaire de Tendai : "Le Lotus, faisant shakubuku, réfute les principes des doctrines circonstancielles". Le « Sutra du Lotus » en lui-même est l’enseignement de shakubuku, amenant au « Sutra du Lotus ».

Or, il faut toutefois savoir que, dans la période actuelle de la Fin du Dharma, du point de vue de l’enseignement de Nichiren Daishônin, même le « Sutra du Lotus «  prêché par Shakyamuni n’est que l’enseignement de la maturation et de la récolte. Seul l’enseignement de Nam Myôhôrengekyô des trois grands Dharmas ésotériques est le véritable enseignement de shakubuku.

Cependant, même si dans la Fin du Dharma shakubuku est justifié, ce n’est pas pour autant qu’il faille penser que "shôju n’est pas valable" ou s’attacher uniquement à "shakubuku".

Dans le « Traité qui ouvre les yeux », Nichiren Daishônin écrit :

"Dans la fin du Dharma, il existe shôju et shakubuku, parce qu’il existe deux sortes de pays : ceux qui ne connaissent pas le Dharma et ceux qui le détruisent. Il faut savoir si le Japon d’aujourd’hui est un pays ignorant du Dharma ou le détruisant".

Nichiren Daishônin indique ici que, dans la Fin du Dharma, les deux méthodes : shôju et shakubuku existent.

Nikken Shônin précise :

Au sujet de cette phrase sur shôju et shakubuku, il faut considérer cinq angles, tant du point de vue de la transmission que des orientations des maîtres précédents".

Ces "cinq angles » sont les "cinq règles de la religion : l’enseignement, la prédisposition, le temps, le pays et l’antériorité de la propagation de l’enseignement".

Sous l’angle de "l’enseignement", comme je l’ai dit au début, les sutras antérieurs préconisent shôju alors que le « Sutra du Lotus » est shakubuku. Aussi, propager le « Sutra du Lotus » implique de faire shakubuku.

Sous l’angle de la "prédisposition", les êtres contemporains de Shakyamuni, ceux des périodes de la rectitude et de la Semblance du Dharma "possédaient le bien à l’origine", car ils avaient reçu l’ensemencement dans une vie antérieure et avaient accumulé des racines de bien. De tels êtres sont définis par le grand maître du Tendai dans ses « Mots et Phrases » sous la formulation : "A l’origine, ils possédaient le bien et Shakyamuni les protégea par le Petit (véhicule). Ils furent donc convertis par le shôju du Bouddha.

A l’opposé, Les êtres de la Fin du Dharma dont entièrement "dénués du bien à l’origine". Ils n’ont pas été ensemencés dans le passé lointain et n’ont pas accumulé de racines de bien. C’est pourquoi, s’ils ne reçoivent pas l’ensemencement du Dharma merveilleux du Bouddha originel de l’ensemencement, les êtres de la Fin du Dharma ne peuvent pas devenir Bouddha. Dans les « Mots et Phrases », le grand maître du Tendai dit : "N’ayant pas le bien à l’origine, Fukyô les contamine de force à l’aide du Grand (véhicule)". Autrement dit, il fait shakubuku.

Admettons qu’un enfant soit malade. Un médecin a prescrit un remède pour le guérir. On dit que "le bon remède est amer au goût". Or, l’enfant n’aime pas le remède amer. Mais s’il ne le prend pas, il ne peut pas guérir. Existe-t-il des parents pensant que "puisque leur enfant se rebiffe, il est inutile qu’il prenne le remède" ? N’importe quel parent trouvera toutes sortes de subterfuges pour tenter de faire boire le remède à leur enfant malade.

Nous êtres de la Fin du Dharma sommes en proie aux maladies dues au trois poisons. Nous n’avons pas d’autre solution que le bon remède du Dharma merveilleux pour transformer ces trois poisons en trois vertus. Aussi, devons-nous uniquement expliquer le Dharma merveilleux.

Selon l’angle du "temps", la Fin du Dharma étant le temps de la propagation du « Sutra du Lotus », là encore, cela implique non pas shôju, mais shakubuku.

Selon l’angle du "pays", comme l’indiquait la phrase d’or du « Traité qui ouvre les yeux », certains pays possèdent un lien avec le Dharma du Bouddha, d’autres non. Il convient donc de tenir compte de la culture et des habitudes de chaque pays. Dans ce genre de cas, il arrive de faire shôju sur la base de shakubuku. Toutefois, en tout état de cause, il ne faut pas oublier de guider l’autre vers le Gohonzon.

Enfin, du point de vue de "l’antériorité de l’enseignement propagé", depuis l’époque de Shakyamuni jusqu’à la celle de la Fin du Dharma actuelle, il existe un ordre dans la propagation de l’enseignement du Bouddha. Notre second fondateur Nikkô Shônin a laissé un écrit sur ce sujet intitulé « Ordre de la propagation dans les trois phases", dans lequel il éclaircit la propagation du Petit véhicule et du Grand véhicule provisoire au cours des mille ans de la rectitude du Dharma, de la doctrine éphémère du « Sutra du Lotus » dans la période de la Semblance du Dharma et, enfin, dans la période de la Fin du Dharma de la propagation du Grand Dharma de la doctrine originelle du « Sutra du Lotus », l’enseignement de Nichiren Daishônin.

En fait, au début de la période de la Rectitude du Dharma, Kāśyapa et Ananda, disciples de Shakyamuni, propagèrent les enseignements du Petit véhicule. Dans la seconde période de cinq cents ans, des maîtres des traités, tels Nāgārjuna et Vasubandhu, réfutèrent le Petit véhicule et propagèrent le Grand véhicule provisoire. Dans la période suivante de mille ans, la Semblance du Dharma, Zhiyi et Saichô apparurent et propagèrent la doctrine éphémère du « Sutra du Lotus ». Enfin, la Fin du Dharma étant la période de la disparition du Dharma blanc, elle doit voir la propagation du grand Dharma enfoui au profond des phrases du chapitre « Durée de la vie » de la doctrine originelle du « Sutra du Lotus », c’est-à-dire Nam Myôhôrengekyô de la réalité d’Une pensée trois mille. C’est la période de shakubuku.

Je reviens à la phrase d’or du « Traité sur les rites » : "car le monde est tourmenté".

On comprend qu’elle désigne évidemment l’aspect du monde dans la Fin du Dharma. Toutefois, elle désigne aussi l’époque de Nichiu Shônin.

Le Japon à l’époque de Nichiu Shônin était un monde en guerre. Le pays entier était le théâtre de la guerre. Il présentait véritablement l’aspect de "la lutte et des débats certains".

L’aspect de l’époque dans laquelle nous vivons est encore plus mauvais. Elle est le monde du foisonnement des cinq souillures.

Lors de la deuxième réunion générale des pratiquants d’outremer célébrant le 750e anniversaire de la présentation de la bonne doctrine du « Traité sur la Sérénité du pays par l’établissement de la rectitude », le Grand Patriarche Nichinyo Shônin a parlé en détails des cinq souillures. Je pense que son discours a été retranscrit dans le journal et je vous invite absolument à le relire.

Nichinyo Shônin disait également :

"Lorsqu’on observe l’état actuel du monde, il présente un aspect de tumulte et de foison des cinq souillures. Toutefois, c’est justement dans un tel temps que nous devons faire nouer le lien au plus de gens possible avec l’enseignement du Bouddha originel Nichiren Daishônin par l’ensemencement, en pratiquant shakubuku.

Dans le « Traité sur la Sérénité du pays par l’établissement de la rectitude », il est dit que pour réaliser la paix dans le monde entier et le bonheur de tous, il est essentiel de prendre refuge dans les trois grands Dharmas ésotériques du Bouddha originel Nichiren Daishônin.

Le moyen de pratique concret pour rendre possible cette réalisation est shakubuku".

C’est maintenant que nous devons graver dans notre poitrine cette directive et nous efforcer dans la pratique personnelle et la conversion d’autrui, dans la perspective de l’an 2015.

Dans le « Dialogue sur le fait de garder le Dharma merveilleux », Nichiren Daishônin écrit :

" Rassemblez votre esprit et récitez Nam Myôhôrengekyô. Le réciter vous-même et le préconiser à autrui restera le souvenir du monde des hommes en cette vie".

Faisons des efforts pour qui resterons des souvenirs de cette vie.

Je termine mon sermon à l’occasion de la cérémonie de gratitude de Okô en priant pour votre santé.
Je vous remercie d’être venus.

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