Sermon de Okô

Juillet 2011

 

Lettre à Messire d’Uéno

(Ueno dono goshôsoku - 上野殿御消息)


Jadis, tous les hommes furent notre père et toutes les femmes furent notre mère. Etant tous des êtres bienfaisants vies après vies, générations après générations, nous devons penser à les faire tous devenir Bouddha.

(Gosho, p. 922)

 

 

Je suis très heureux de votre visite au temple et d’avoir, avec vous, lu le sutra et récité le Daimoku à titre d’expression de notre gratitude envers la bienfaisance de Nichiren Daishônin, par le biais de la cérémonie d’Okô.

(Partie soulignée lue le samedi uniquement) Ce mois-ci, afin de suivre la direction prise par le Souverain du Dharma Nichinyo Shônin, nous pratiquons une heure de récitation du Daimoku par jour. C’est la raison pour laquelle, nous avons récité ensemble le Daimoku aujourd’hui.

Par ailleurs, aujourd’hui, des pratiquants d’autres pays sont présents. Je les remercie de leur visite au temple. En Europe, hormis l’Espagne et la France, aucun pays ne bénéficie de la présence d’un moine à demeure.

Les pratiquants de ces pays emploient leur énergie afin qu’u plus vite, leur souhait de voir un moine s’y installer en permanence soit réalisé.

Dans les pays où il y a un temple, cette présence peut sembler normale. Cependant, dans les pays où il n’y a pas de temple, si on ne fait pas comme les personnes présentes aujourd’hui, à savoir prendre un avion ou un train, ou conduire sa voiture et se rendre dans un pays étranger, on ne peut pas aller se recueillir au temple.

Dans le chapitre Sage universel du Sutra du Lotus, il est écrit :

« On se lèvera de loin pour aller à sa rencontre, comme pour rendre hommage à un éveillé ».

Je pense que nous devons nous efforcer dans la pratique en nous respectant mutuellement avec un tel état d’esprit les uns envers les autres.

La phrase de ce mois est extraite de la Missive à Messire d’Uéno.

Ce Gosho, adressé à Nanjô Tokimitsu, a été écrit par Nichiren Daishônin en 1275 (1ère année de Kenji), à l’âge de 54 ans. Malheureusement, l’original n’existe plus.

A cette époque, Messire Tokimitsu était âgé de 17 ans, mais faisait des efforts intenses après le décès de son père pour lui succéder au poste de gouverneur de domaine et en tant que chef du clan.

Nichiren Daishônin se réjouissait énormément du développement de Messire Tokimitsu et portait beaucoup d’espoirs en lui. Cette lettre constitue un enseignement de grande compassion sur « les quatre vertus et les quatre bienfaisances » destiné à cultiver la foi de Tokimitsu.

Comme d’habitude, je vais expliquer l’ensemble du Gosho.

Tout d’abord, Nichiren Daishônin explique que les points importants des livres intérieurs et extérieurs au bouddhisme résident dans les quatre bienfaisances et les quatre vertus, dans la mesure où lorsque les Bouddhas des trois phases apparaissent, ils prêchent la reconnaissance envers les quatre bienfaisances, tandis que les sages des enseignements non bouddhistes prêchent la culture des quatre vertus.

Les quatre bienfaisances sont la bienfaisance des parents, la bienfaisance du souverain, la bienfaisance de tous les êtres et la bienfaisance des trois trésors.

Les quatre vertus sont 1) l’accomplissement de la piété filiale, 2) l’accomplissement de la fidélité au souverain, 3) l’accomplissement de la courtoisie envers les amis et 4) la compassion envers les personnes plus faibles que nous.

Nichiren Daishônin donne ensuite les grandes lignes du contenu des quatre vertus. Il indique ensuite que celui qui applique les quatre vertus est considéré comme un sage ou un saint et, que cela revient à avoir lu trois mille volumes extérieurs au bouddhisme, même sans les avoir lus.

Ensuite, vient l’explication des quatre bienfaisances que doit rétribuer celui qui pratique l’ascèse de la voie du Bouddha. Les livres bouddhistes comme les livres extérieurs exposent pareillement en premier la bienfaisance des parents et l’accomplissement de la piété filiale. La voie principale de la rétribution de cette bienfaisance étant le Dharma du Bouddha, la rétribution envers la bienfaisance des trois trésors est la plus essentielle de toutes.

La phrase de ce mois ses situe dans cette partie.

De plus, dans le cadre de l’explication de la bienfaisance des trois trésors, Nichiren Daishônin rejette les plus de quarante années d’enseignements provisoires développés au cours des cinquante années de prêches du Bouddha Shakyamuni et indique que la rétribution des quatre bienfaisances réside dans le fait de recevoir et de garder le sutra véritable qu’est le Sutra du Lotus. En outre, Nichiren Daishônin conclut sa lettre en encouragent Tokimitsu à s’efforcer davantage dans la foi, lui disant que, si l’on a une forte foi, tous les Bouddhas et bodhisattvas nous protègent infailliblement et la sérénité dans la vie présente et la renaissance dans un lieu favorable sont alors hors de doute.

La phrase de ce jour concerne « la bienfaisance de tous les êtres » au sein des quatre bienfaisances. La « reconnaissance de la bienfaisance et sa rétribution » constituent un des points essentiels du bouddhisme. C’est pourquoi, Nichiren Daishônin en parle dans de nombreux Gosho, à commencer par les deux écrits majeurs que sont le Traité qui ouvre les yeux et le Traité sur la rétribution de la bienfaisance.

En particulier en ce qui concerne les quatre bienfaisances, en dehors du Gosho étudié ce mois, elles sont expliquées en détails dans le Traité sur les quatre bienfaisances et le Sutra sur la contemplation de la terre de l’esprit.

Je vais à présent lire le passage.

Jadis, tous les hommes furent notre père et toutes les femmes furent notre mère.

Cette partie est peut-être légèrement difficile à comprendre. Il ne faut toutefois pas interpréter les mots « père » et « mère » en se limitant à « nos parents qui nous ont mis au monde », mais au fait que nous avons un lien, une causalité avec tous les êtres. Par exemple, toute personne est susceptible d’avoir été notre père ou notre mère, une sœur ou un frère dans une vie passée, ou bien notre relation a pu être celle de maitre à serviteur, ou de maitre à disciple.

Dans un autre Gosho, Nichiren Daishônin écrit :

« La bienfaisance de l’entraide mutuelle de tous les êtres est lourde ».

(Eclaircissement de la causalité des dix mondes de dharmas)

Nous vivons en bénéficiant de la bienfaisance directe et indirecte de toutes sortes de personnes.

Par exemple, nous mangeons des légumes. Nous pouvons manger des légumes parce que des personnes les produisent, d’autres les transportent et d’autres encore, les vendent. De plus, les êtres humains ne sont pas les seuls à bénéficier de la bienfaisance. Les légumes également, dans la mesure où ils sont transportés par des camionneurs, dont les camions ont besoin d’essence pour fonctionner et de routes pour rouler. Ainsi, toute chose est liée à nos nécessités de la vie quotidienne, le vêtement, le vivre et le toit.

Aussi, la vérité est que nous ne pouvons pas vivres seuls. C’est la raison pour laquelle, dans la phrase de Gosho citée à l’instant, Nichiren Daishônin écrit, en substance : « Nous vivons grâce à l’aide de toutes sortes de personnes. C’est pourquoi, la bienfaisance d’autrui est lourde ».

La phrase suivante est :

« Etant tous des êtres bienfaisants vies après vies, générations après générations, nous devons penser à les faire tous devenir Bouddha ».

Ainsi, que ce soit dans les vies passées ou dans la vie présente, nous vivons en bénéficiant de la bienfaisance de nombreuses personnes. Aussi, Nichiren Daishônin nous oriente, disant : « il faut souhaiter que tout le monde devienne Bouddha grâce à l’enseignement du Dharma merveilleux ».

Toutefois, comme vous le comprenez, simplement le souhaiter est insuffisant.

Même si au fond de vous, vous rêvez de « devenir un footballeur hors pair », si vous vous contentez de vous empiffrer de chips en regardant les matchs à la télévision, vous ne pourrez jamais devenir ce footballeur remarquable. Ce n’est qu’en vous entrainant chaque jour et plus que les autres, que vous pourrez vous rapprocher de la réalisation de ce rêve.

En fait, l’important est de transposer le vœu que nous avons à cœur en action.
Autrement dit, cette phrase signifie donc : « il est important de désirer que tous les êtres deviennent Bouddha et de propager largement l’enseignement du Dharma merveilleux ». En d’autres termes, il est important d’enseigner à autrui les œuvre et vertus du Dharma merveilleux.

Au sein des quatre bienfaisances, il est particulièrement important de rétribuer la « bienfaisance des trois trésors ». Avoir foi dans le Gohonzon et réciter le Daimoku de la doctrine originelle revient à rétribuer les quatre autres bienfaisances. C’est l’orientation donnée par Nichiren Daishônin. Dans ce Gosho, il est écrit : « recevoir et garder le Sutra du Lotus ». Toutefois, « Sutra du Lotus » désigne le Dai Gohonzon, Nam Myôhôrengekyô.

Dans ses commentaires, le grand maitre du Tendai indique en substance : « Le Sutra du Lotus, est l’enseignement de shakubuku ». Ceux qui reçoivent et gardent le Dai Gohonzon des trois grands Dharmas ésotériques inscrit par Nichiren Daishônin ne doivent pas oublier shakubuku. En effet, shakubuku est la pratique de la rétribution de la bienfaisance des trois trésors.

En même temps, « l’éducation » est aussi importante. L’amélioration des qualités de foi de chacun est directement liée à l’amélioration des qualités de l’organisation dans son ensemble. C’est une vérité évidente.

Que ce soit « shakubuku » ou « l’éducation », leur fondement est Gongyô et la récitation du Daimoku, c’est, en plus, le passage à l’action.

Même si on a obtenu la compréhension intellectuelle des principes d’Une pensée trois mille ou de la présence mutuelle des dix mondes en les étudiants devant sa table, si on ne les met pas en pratique, il ne s’agit alors plus d’une véritable connaissance. C’est du moins ce que je pense. Sans la mise en pratique de ces théories, autrement dit sans l’ascèse de la pratique personnelle et la conversion d’autrui, leurs œuvres et vertus ne peuvent pas apparaitre.

La semaine prochaine je dirigerai la cérémonie de Urabon. Il s’agit du rite consacré à l’offrande du bien à nos ancêtres ou à des proches décédés. Prier pour le transfert du bien en assistant à la cérémonie, en faisant inscrire un Toba, en lisant le sutra et en récitant le Daimoku au Gohonzon est le meilleur moyen de rétribuer la bienfaisance des parents et celle de tous les êtres.

En tant que personnes pratiquant le Dharma du Bouddha, efforçons-nous dès aujourd’hui, afin que chaque jour soir un jour de rétribution de la bienfaisance.

C’est par ces mots que je termine mon sermon de ce jour. Merci de votre visite au temple.

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