Sermon de Okô

Juillet 2010

 

Réponse à Shijô Kingo

Il n’existe pas d’autre plaisir pour tous les êtres en dehors de la récitation de Nam Myôhôrengekyô. Dans le sutra, il est dit : "Dans ce lieu, les êtres ressentent la joie". Cette phrase n’exprime-t-elle pas la réception spontanée de la joie du Dharma ? Ne feriez-vous pas partie des êtres ? Ce lieu est le Janbudvipa. Le Japon fait partie du Janbudvipa. La joie n’est-elle pas le fait que notre corps et notre esprit, notre environnement et nous-mêmes sont Une pensée trois mille et le Bouddha au corps qui reçoit et emploie librement ? Il n’existe pas d’autre plaisir en dehors de garder respectueusement le « Sutra du Lotus ». Telles sont la paix et la sécurité dans cette vie et l’assurance de renaître dans un lieu favorable dans la suivante.

Même si les difficultés de ce monde se présentent à vous, n’en soyez pas troublé. Même les sages et les saints ne peuvent y échapper. Buvez simplement du saké chez vous avec votre femme et récitez Nam Myôhôrengekyô.

Lors de la souffrance, éveillez-vous à la souffrance ; lors de la joie, ouvrez-vous à la joie. Récitez Nam Myôhôrengekyô en considérant ensemble la souffrance et la joie. N’est-ce pas là recevoir spontanément la joie du Dharma ? Renforcez plus que jamais votre foi !

Année du rat,

Signe de feu ainé

Avec mon profond respect

Le 27e jour du 6e mois de la 2e année de Kenji,                  Nichiren Paraphe

Réponse à Messire Shijô Kingo

 

Je remercie les nombreuses personnes venues exprimer ensemble leur gratitude lors de cette cérémonie de Okô, malgré leurs occupation et en dépit de la chaleur.

Ce mois-ci, nous étudions une phrase d’une « réponse à Shijô Kingo ». Le passage publié dans le calendrier est :

Lors de la souffrance, éveillez-vous à la souffrance ; lors de la joie, ouvrez-vous à la joie. Récitez Nam Myôhôrengekyô en considérant ensemble la souffrance et la joie. N’est-ce pas là recevoir spontanément la joie du Dharma ?

Or, comme il s’agit d’un Gosho court, ce mois-ci je vais parler de l’intégralité du texte.

Comme l’indique la date mentionnée, cette lettre a été adressée à Shijô Kingo le 27 juin 1276 par Nichiren Daishônin, depuis le mont Minobu.

Comprendre la situation de Shijô Kingo à cette époque aidant à comprendre ce Gosho, je vais d’abord l’expliquer succinctement.

Gracié de son exil à Sado en mars 1274, Nichiren Daishônin rencontra les principaux personnages du shogounat de Kamakura, à commencer par Hei no Saemon no jô Yoritsuna, à qui il adressa sa troisième remontrance. Toutefois, l’incapacité du gouvernement militaire à comprendre l’esprit véritable de Nichiren Daishônin eut pour effet son retirement au mont Minobu.

En même temps que de ressentir une grande joie à l’annonce de la grâce accordée à Nichiren Daishônin quant à son exil à Sado, Shijô Kingo approfondit sa conviction religieuse dans le Dharma merveilleux et décida de faire shakubuku à son suzerain, Ema Mitsutoki, décision qu’il mit en application en septembre de la même année. En retour, il essuya le mécontentement de son suzerain qui l’écarta. Par ailleurs, ses collègues profitèrent de l’occasion pour le persécuter.

Shijô Kingo prit immédiatement conseil auprès de Nichiren Daishônin qui lui donna des directives sur de multiples aspects. Pendant les trois ans et quatre mois que dura ce problème, commencé en 1274 pour être solutionné en 1278, Nichiren Daishônin adressa 14 Gosho à Shijô Kingo.

A l’époque où Shijô Kingo reçut la lettre étudiée aujourd’hui, il se trouvait au point culminant de ses difficultés. En particulier, trois mois après sa réception, Son suzerain lui ordonna de changer de domaine pour aller à Echigo (aujourd’hui préfecture de Niigata). Toutefois, appliquant les directives de Nichiren Daishônin et se fondant sur la foi, il surmonta cette nouvelle difficulté. Or, l’année suivante, un débat (débat de Kuwagayatsu) eut lieu entre le moine Sanmi bô, disciple de Nichiren Daishônin et un autre moine dénommé Ryûzô bô. Ce débat se déroula près de la demeure de Shijô Kingo. Ce dernier, sans doute au retour de son travail, arriva en retard au débat. Au cours de la discussion, Sanmi bô montra logiquement toutes les erreurs contenues dans l’enseignement prôné par Ryûzô bô. Ce dernier, incapable de répondre aux remarques de Sanmi bô, n’eut d’autres ressources que de se sauver en courant.

Or, des diffamations sur Shijô Kingo, présent au débat, parvinrent aux oreilles de son suzerain qui, les prenant pour vraies, ordonna à Shijô Kingo "d’écrire le serment aux dieux d’abandonner la foi dans le Sutra du Lotus, faute de quoi, ses terres lui seraient confisquées". Pour un Samurai de cette époque, "la confiscation du domaine" ne signifiait pas seulement ce qu’aujourd’hui on appelle "perdre son emploi", c’était également perdre tous ses biens et se retrouver dans une situation de dénuement complet.

Toutefois, Shijô Kingo décida de ne "jamais écrire ce serment aux dieux" et demanda des directives à Nichiren Daishônin. Ce dernier lui répondit de manière à la fois sévère et chaleureuse : "même si votre domaine est confisqué et que vous en êtes chassé, considérez qu’il s’agit là d’une mesure prise par les dix rasetsu (qui ont promis de protéger le pratiquant du « Sutra du Lotus »). Simultanément, Nichiren Daishônin écrivit lui-même une lettre à la place de Shijô Kingo, adressée à son suzerain (Supplique de Yorimoto).

Tout de suite après, une épidémie se déclara à Kamakura. Ema Mitsutoki, suzerain de Shijô Kingo, tomba lui-même malade. Aucun traitement n’ayant d’effet, il finit par faire appel à Shijô Kingo qui possédait des connaissances en médecine. Shijô Kingo, centré sur la récitation du Daimoku, soigna avec ardeur, la nuit comme le jour ce suzerain qui l’avait pourtant malmené. Le Suzerain guérit et, grâce à ce résultat méritoire, sa défaveur à l’égard de Shijô Kingo fut dissipée au mois de janvier de l’année suivante. Shijô Kingo bénéficia d’une confiance décuplée de son suzerain, duquel il reçut un nouveau domaine trois fois plus vaste que celui qu’il possédait auparavant.

Si Shijô Kingo a pu ainsi poursuivre la pratique, sans régresser, malgré une situation terrible, c’est bien entendu en raison de son attitude de se conformer fidèlement aux directives de Nichiren Daishônin. Toutefois, cette attitude n’est apparue que grâce à la foi indéfectible de Shijô Kingo envers le Gohonzon et le Bouddha originel Nichiren Daishônin.

Etudions à présent le Gosho, en gardant ces éléments en mémoire.

Il n’existe pas d’autre plaisir pour tous les êtres en dehors de la récitation de Nam Myôhôrengekyô. Dans le sutra, il est dit : "Dans ce lieu, les êtres ressentent la joie". Cette phrase n’exprime-t-elle pas la réception spontanée de la joie du Dharma ? Ne feriez-vous pas partie des êtres ? Ce lieu est le Janbudvipa. Le Japon fait partie du Janbudvipa. La joie n’est-elle pas le fait que notre corps et notre esprit, notre environnement et nous-mêmes sont Une pensée trois mille et le Bouddha au corps qui reçoit et emploie librement ? Il n’existe pas d’autre plaisir en dehors de garder respectueusement le « Sutra du Lotus ». Telles sont la paix et la sécurité dans cette vie et l’assurance de renaître dans un lieu favorable dans la suivante.

Ici, Nichiren Daishônin indique quel est le véritable plaisir.

Quand on parle de plaisir, diverses choses viennent à l’esprit. Pour certains, c’est : "Mon plaisir est de boire du bon vin et de manger de bons repas". Pour d’autres, c’est : "visiter divers pays, rencontrer les gens de ces pays, leur culture, leurs habitudes est mon plaisir". Pour d’autres encore, c’est peut-être : "Mon plaisir est d’augmenter le solde de mon compte en banque".

Toutefois, si l’on y réfléchit, aucune de ces choses n’est éternelle. On peut prendre pour du plaisir le moment avant le repas et juste après. Toutefois, après un certain temps, ce plaisir s’est envolé et l’on pense de nouveau : "j’ai envie de manger quelque chose de bon". Autrement dit, il s’agit là de plaisirs fugitifs.

Selon le bouddhisme, la vie existe dans les trois phases. Que ce soit les bon repas, les souvenirs de voyages ou les biens et l’argent, une fois cette vie achevée, on ne peut pas les emmener dans la vie suivante. La seule chose que nous puissions emporter est la foi et nos actes, aussi bien les bons que les mauvais.

Bien entendu, ces plaisirs sont parfois nécessaires et le bouddhisme ne les nie absolument pas. Cette manière de voir les choses étant évoquée dans la suite du texte, j’en parlerai à ce moment là.

Dans de nombreux Gosho, Nichiren Daishônin indique que celui qui avec une foi sincère dans le Gohonzon récite correctement Nam Myôhôrengekyô, réalise immanquablement l’éveil. Ce principe est également contenu dans la phrase lue à l’instant.

En fait, ce qui est enseigné par ce texte est que le fait de réciter Nam Myôhôrengekyô est le plus grand des plaisirs. Mais pour quelle raison ? C’est parce que, grâce aux œuvres et vertus de la récitation de Daimoku, les obstacles dus à nos fautes commises depuis de lointains éons dans le passé s’effacent, notre corps et notre esprit se purifient véritablement et nous ressentons naturellement un état de vie de joie et de sérénité. Cet état de vie est appelé "recevoir spontanément la joie du Dharma". C’est recevoir soi même la joie du Dharma merveilleux.

C’est pourquoi, Nichiren Daishônin écrit :

"Il n’existe pas d’autre plaisir en dehors de garder respectueusement le « Sutra du Lotus »".

Autrement dit, le fait d’avoir foi dans le Gohonzon, de réciter de soi-même Nam Myôhôrengekyô et d’enseigner aux autres les œuvres et vertus en découlant, représente le véritable plaisir.

Continuons dans la suite du texte.

Même si les difficultés de ce monde se présentent à vous, n’en soyez pas troublé. Même les sages et les saints ne peuvent y échapper. Buvez simplement du saké chez vous avec votre femme et récitez Nam Myôhôrengekyô.

J’ai évoqué au début la situation extrêmement pénible dans laquelle se trouvait Shijô Kingo à cette époque. Quel qu’il soit, personne ne peut échapper aux difficultés. Autrement dit, qui que se soit est amené à faire face aux difficultés.

En tant qu’hommes ordinaires, si les difficultés s’abattent les unes après les autres sur nous, même si nous n’oublions pas la pratique, ces difficultés finissent par occuper à elles seules la majeure partie de notre esprit et nous avons tendance à faire passer la foi et la récitation de Daimoku au second plan. Parfois, certains tombent même dans le désespoir, pensant "il n’y a plus rien à faire" !

Pour Messire Kingo, la défaveur de son suzerain, les persécutions et la jalousie de ses pairs et l’ordre de changer de domaine constituaient une situation dans laquelle il était facile de tomber dans le désespoir.

Dans un tel moment, s’il buvait de l’alcool à l’extérieur de chez lui, il n’est pas certain qu’il ne se serait pas plaint de ses difficultés ou n’aurait pas critiqué son patron. Si cette attitude avait été utilisée par ses collègues, il est parfaitement évident que sa situation n’aurait fait qu’empirer.

Dans ce contexte, Nichiren Daishônin donna des directives extrêmement précises à Messire Kingo. Il le mit en garde de manière très détaillée. Par exemple, "Si on vous dit que votre suzerain vous demande, ne sortez pas tout de suite de chez vous. (Afin de vérifier si cet ordre est vrai), envoyez d’abord un de vos employés". Ou encore, "Lorsque vous rentrez chez vous, peut-être que quelqu’un vous attend dans un endroit sombre où il est difficile de voir, pour attenter à votre vie. Aussi, entrez chez vous après avoir fait vérifier l’absence de danger par un de vos subalternes". Ou même : "Si on vous invite à boire, n’y allez sous aucun prétexte. Ce genre d’’occasion est idéale lorsqu’on cherche à tuer quelqu’un".

Aussi, lui écrit-il :

Buvez simplement du saké chez vous avec votre femme et récitez Nam Myôhôrengekyô.

Cette phrase signifie : "Ne serait-il pas bien de boire le saké chez vous avec votre femme ? Et puis, ensemble, récitez le Daimoku tant que vous le voulez. Alors, immanquablement, une route s’ouvrira".

"Aujourd’hui j’ai invité des amis à la maison pour faire la fête, aussi je ne peux pas aller au temple. D’ailleurs, Nichiren Daishônin a dit lui-même ‘Buvez du saké chez vous’". Malheureusement, cette phrase n’a pas été écrite pour qu’on l’interprète de cette manière.

Nous arrivons à la dernière phrase de la lettre.

Lors de la souffrance, éveillez-vous à la souffrance ; lors de la joie, ouvrez-vous à la joie. Récitez Nam Myôhôrengekyô en considérant ensemble la souffrance et la joie. N’est-ce pas là recevoir spontanément la joie du Dharma ?

C’est la phrase publiée dans le calendrier pour ce mois-ci.

Divers événements se produisent dans notre vie. Si on les divise grossièrement en deux catégories, ils se répartissent en peines et en joies. D’ailleurs, non seulement la vie humaine, mais toute chose en ce monde change facilement, varie sans cesse.

Si, par le biais de notre foi quotidienne, nous sommes préparés à faire face à la souffrance et à la joie, ou à toutes les affaires de ce monde, alors, quoi qu’il arrive, nous n’y attacherons pas d’importance et n’en serons pas bouleversés.

Aussi, si nous faisons face à un événement douloureux, nous prenons cette souffrance telle quelle et nous efforçons dans la récitation du Daimoku. A l’inverse, lors des moments de plaisir, nous nous réjouissons avec un sentiment de gratitude pour cet événement agréable et, considérant comme un ensemble la joie et la peine, nous récitons Daimoku. Ce faisant, nous pouvons ouvrir l’état de vie de la boddhéité où l’on reçoit spontanément la joie du Dharma.

Quel que soit le moment, si l’on n’oublie pas la pratique et s’efforce dans la récitation de Daimoku, on peut alors ouvrir l’état de vie du Bouddha résolu et inébranlable. Autrement dit, on peut obtenir l’état de vie du Bouddha, caractérisé par la permanence, la félicité, la pureté et le soi véritable en devenant Bouddha dès ce corps.

Enfin, ce Gosho est conclu par la phrase :

Renforcez plus que jamais votre foi !

Shijô Kingo aussi, fut en bute à de nombreuses difficultés. A chaque fois, il reçut les directives de Nichiren Daishônin et, tout en étant attentif à sa propre foi sous ses encouragements, il déploya son énergie en se fondant sur la récitation du Daimoku. Grâce à cette attitude, il surmonta tous ses problèmes et se développa lui-même davantage.

Progressons avec énergie en ayant à l’esprit qu’afin d’établir une foi ferme, inébranlable quoi qu’il arrive, il est essentiel de prendre soin de réciter quotidiennement Daimoku. Alors, au moment où nous ferons face à des difficultés, nous pourrons montrer, comme le dit Nichiren Daishônin, que nous avons "renforcé plus que jamais notre foi".

Je termine mon cours de ce jour en priant pour votre progression zélée dans la pratique personnelle et la conversion d’autrui.

Je vous remercie de votre visite au temple.

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