Janvier 2014

Le Daimoku du Sutra du Lotus

『Hokkekyô Daimoku shô - 法華題目抄』

Question : sans connaitre la signification du Sutra du Lotus ni en comprendre la doctrine, simplement en récitant les cinq, sept caractères de Nam Myôhôrengekyô une fois par jour, une fois par mois, voire une fois par an, tous les dix ans ou au cours de notre vie, est-il possible de ne pas être attirés par nos mauvaises actions, graves ou légères, d’éviter de nous diriger vers les quatre mauvaises destinations et, finalement, d’atteindre le degré de non régression ? Réponse : Oui.

Je vous remercie d’être venus si nombreux à la première cérémonie de Okô de l’année et d’avoir exprimé ensemble notre gratitude envers la bienfaisance de Nichiren Daishônin.

Cette année est « l’année de l’accomplissement de shakubuku ». L’objectif du Shingyôji pour cette année est de 40 personnes. Si l’on pratique avec le même esprit que jusqu’à présent, ce sera véritablement difficile, puisqu’il est déjà arrivé que pendant deux ou trois mois, personne n’ait reçu Gojukai. Redoublons d’efforts pour que cette année, il n’y ait aucun mois blanc, sans aucun Gojukai.

Pour cela, il faut d’abord que chacun parvienne à accomplir la pratique d’une heure de Daimoku au cours de ce mois. Ensuite, forts des œuvres et vertus et de la joie de la récitation de Daimoku, il faut réfléchir à ce qu’il convient de faire et déployer son énergie avec un sentiment renouvelé, pour le faire.

Ensuite, le département d’Outremer nous a indiqué trois objectifs de pratique. Ce sont :

1.  Mise en pratique de shakubuku sur la base de Gongyô et de la récitation de Daimoku

2.  Réalisation complète des vœux dans l'unité des moines et des pratiquants

3.  Encouragement des nouveaux pratiquants à faire Tozan

En ce qui concerne le premier objectif, « mise en pratique de shakubuku sur la base de Gongyô et de la récitation de Daimoku », on pourrait se demander pourquoi une chose aussi évidente est elle indiquée comme objectif de pratique ? C’est parce que Gongyô et la récitation de Daimoku représentent la base fondamentale de la foi et l’ascèse fondamentale de la Nichiren Shôshû.

Quoi que l’on fasse, si la base n’est pas fermement établie, les choses n’iront jamais comme on le souhaite. Si l’on prend l’exemple des mathématiques, si, bien qu’on ne maitrise pas parfaitement les formules de base on ne pourra pas les appliquer pour trouver la solution des problèmes. Si l’on prend l’exemple d’un bâtiment, si les fondations, qui constituent la base ne sont pas solides, le bâtiment ne tiendra pas longtemps debout.

Il en est de même pour la foi. On commence d’abord par pratiquer soi-même l’ascèse fondamentale que sont Gongyô et la récitation de Daimoku, ensuite on pratique shakubuku. Si l’on procède de la sorte, on reçoit alors les bienfaits du Gohonzon et notre cœur, nos paroles se transmettent immanquablement au cœur de la personne à qui nous faisons shakubuku.

Le point suivant est « réalisation complète des vœux dans l'unité des moines et des pratiquants ».

L’unité des moines et des pratiquants, formant un seul corps s’efforçant dans la pratique de Daimoku, permettra de réaliser shakubuku et d’accomplir notre mission d’augmenter de 50% le nombre des pratiquants.

Il est important de collaborer tous ensemble pour faire shakubuku plutôt que de le faire seul. C’est pourquoi, cette année, j’ai décidé de créer un groupe de promotion de shakubuku. Le but de ce groupe est de faire shakubuku de manière planifiée en sollicitant largement tous ceux qui brûlent de l’envie de faire shakubuku.

Il s’agit de faire en groupe ce qui ne peut pas se faire tout seul, à savoir, par exemple, organiser des réunions de shakubuku, produire les fascicules nécessaires. Je vous demande votre coopération.

Le dernier point est « encouragement des nouveaux pratiquants à faire Tozan ».
Le temple principal Taisekiji est le lieu le plus sacré du monde entier où demeurent le Dai Gohonzon du Kaidan de la doctrine originelle, source fondamentale de l’éveil de tous les êtres et le souverain du Dharma héritier de la transmission vitale à la personne unique depuis Nichiren Daishônin.

Au sujet des œuvres et vertus de Tozan, Nichiren Daishônin écrit :

Il est certain que par vos fréquentes visites, chaque année, vos fautes commises depuis le passé sans commencement seront effacées au cours de cette vie. Efforcez-vous d’avantage, faites encore plus d’efforts.

La notion de Tozan n’est pas récente. A l’époque de Nichiren Daishônin également, il y eut Nichimyô Ama qui, accompagnée de sa fille encore bébé se rendit de Kamakura à l’île de Sado pour rendre visite à Nichiren Daishônin ou bien Abutsubô qui, très âgé parcourut trois fois la route de Sado à Minobu dans le même but.

J’encourage vivement les personnes qui n’ont pas encore fait Tozan où les nouveaux pratiquants à déployer l’énergie nécessaire à faire Tozan au moins une fois.

Les Tozan en groupe se déroulent au mois d’avril pour la cérémonie d’aération des trésors sacrés, au mois d’août pour les cours d’été des pratiquants d’Outremer et au mois de novembre pour la cérémonie de Gotaié. En ce qui concerne les Tozan des mois d’avril et de novembre, ils sont réservés aux représentants des pratiquants et le nombre de participants est fixe. Au cas où le nombre d’inscriptions serait supérieur au quota accordé, je ferai en sorte de bien prendre en considération celle des personnes dont c’est le premier Tozan.

Voilà ce que j’avais à dire sur les thèmes de pratique de cette année.

Je vais à présent commenter le Gosho. Ce mois-ci, il s’agit du Daimoku du Sutra du Lotus.

Il est daté du 6ème jour du 1er mois de la 3èmeannée de Bun’ei (1266). Nichiren Daishônin avait alors 45 ans.

La 3ème année de Bun’ei correspondant à la période de propagation à Kamakura, on pourrait penser que ce Gosho a été écrit à Kamakura. Toutefois, comme à cette époque il arrivait à Nichiren Daishônin de rentrer dans sa province de Bôshû (préfecture de Chiba), une autre hypothèse est qu’il l’ait écrit à Bôshû.

Le destinataire de la lettre n’est pas certain. Toutefois, d’après son contenu, on suppose qu’il s’agit d’une femme attachée à l’enseignement du Nenbutsu et incapable de se défaire de cette pensée.

Seuls des fragments éparpillés de l’original existent. Toutefois, Nichimoku Shônin en ayant fait une copie intégrale, celle-ci est conservée au Taisekiji en tant que précieuse retranscription.

Son contenu peut être divisé en deux parties. La première explique les œuvres et vertus de la récitation du Daimoku avec foi. La seconde enseigne les vertus inhérentes au corps du Dharma de Myôhôrengekyô enfoui ou profond des phrases du chapitre Durée de la vie.

Au début, Nichiren Daishônin démontre l’immensité des œuvres et vertus inhérentes à la récitation du Daimoku en expliquant que même sans connaître la doctrine du Sutra du Lotus, en réciter le Daimoku une fois par jour ou même une fois dans sa vie, permet de parvenir au degré de non régression. En outre, citant diverses phrases du sutra et en donnant des exemples, il indique que seul le « Daimoku de la foi » est important et, en même temps, il critique sévèrement ceux qui n’ont pas la foi, les qualifiant d’icchantika calomniant le Dharma.

La phrase de ce mois apparaît au tout début de ce Gosho.

Nichiren Daishônin indique ensuite à l’aide de diverses métaphores, l’une des fonctions merveilleuses de la récitation de Daimoku qui est l’effacement de notre mauvais Karma lourd et profond. Il rappelle également la difficulté de rencontrer le Daimoku du Sutra du Lotus. Il indique ensuite qu’au sein de l’ascèse du Sutra du Lotus, il existe les pratiques large, abrégée et essentielle et qu’il faut abandonner les pratiques large et abrégée pour adopter uniquement l’essentielle, autrement dit, que la récitation de Daimoku est l’ascèse appropriée à la Fin du Dharma.

Incidemment, la pratique « large » désigne la pratique de recevoir et garder, lire et réciter la totalité des vingt-huit chapitres du Sutra du Lotus.

« La pratique abrégée » signifie que la pratique des deux chapitres principaux, le chapitre des Moyens et le chapitre Durée de la vie, remplace et correspond à la pratique du Sutra du Lotus dans son ensemble.

Quand à la pratique « essentielle » comme je l’ai dit à l’instant, il s’agit de la récitation de Nam Myôhôrengekyô.

Nichiren Daishônin explique ensuite les vertus inhérentes aux cinq caractères du Dharma Merveilleux. En premier lieux, Myôhôrengekyô contient le support (environnement) et le principal (les êtres) des dix mondes et tous les phénomènes (dharmas) des dix mondes des dharmas sont présents dans Myôhôrengekyô.

En outre, il cite les vertus « d’ouvrir » et de « contenir », en tant que vertus du seul idéogramme Myô et que grâce à ces vertus, même les deux véhicules (Auditeurs et Bouddhas pour soi), les mauvais hommes et les femmes peuvent réaliser la boddhéité, chose qui leur était interdite dans les sutras antérieurs au Sutra du Lotus.

Nichiren Daishônin conclue cette lettre en argumentant sur le fait que l’attachement au Nenbutsu de toutes les femmes du Japon, montre l’aspect de la duperie des mauvais amis et exhorte sa destinataire à rejeter immédiatement le Nenbutsu et à réciter le Dharma merveilleux.

Je vais à présent commenter l’extrait de ce mois.

Question : sans connaître la signification du Sutra du Lotus ni en comprendre la doctrine, simplement en récitant les cinq, sept caractères de Nam Myôhôrengekyô une fois par jour, une fois par mois, voire une fois par an, tous les dix ans ou au cours de notre vie, est-il possible de ne pas être attirés par nos mauvaises actions, graves ou légères, d’éviter de nous diriger vers les quatre mauvaises destinations et, finalement, d’atteindre le degré de non régression ?

Le Grand Patriarche Nichinyo Shônin a commenté de manière concise ce passage.

« La question est : est-ce que, en récitant simplement une fois Daimoku au cours de sa vie on peut absolument parvenir au degré de non régression ? Autrement dit, parvient on au degré où l’on n’arrête pas la pratique, devient-on Bouddha en ne récitant qu’un seul Daimoku par jour, par mois, par an ou une seule fois dans toute sa vie » ?

Je voudrais d’abord expliquer quelques termes de cet extrait.

« Les mauvaises actions, graves ou légères » : le bouddhisme enseigne de nombreuses notions du mal. Parmi celles-ci, il en existe de légères et aussi de lourdes. Par exemple, les cinq fautes de rébellion représentent le plus grave des crimes.

« Les quatre mauvaises destinations » : il s’agit des mondes des enfers, des esprits affamés, des animaux et des ashuras, au sein des dix mondes.

« Le degré de non régression » : il s’agit du degré dans lequel on n’arrête pas la pratique et l’on devient Bouddha. Le Grand maître du Tendai, Zhiyi a divisé l’ascèse des bodhisattvas du grand véhicule en cinquante-deux degrés. Les expliquer dans le détail prendrait trop de temps, aussi vais-je les citer succinctement

Il y a d’abord « Les dix degrés de foi » : il s’agit de dix étapes au cours desquelles la foi progresse du superficiel au profond.

« Les dix degrés de station » : ce sont les dix degrés où la foi s’affirme.

« Les dix degrés de pratique » : dix étapes où la pratique progresse en s’approfondissant.

« Les dix degrés de transfert » : dix étapes au cours desquels on transmet aux autres les œuvres et vertus obtenues par la pratique.

« Les dix degrés de terre » : au cours de ces dix étapes, on parvient à un état de vie inébranlable dans la voie vers la boddhéité.

Chacune de ces catégories contenant dix étapes, nous avons dès lors cinquante degrés. Il y a en outre :

« L’éveil égal » : degré où l’on a obtenu une partie de l’éveil du Bouddha.

« L’éveil merveilleux » : degré de la bodhéité.

Ce qui fait en tout 52 degrés.

Au sein de ces 52 degrés, Zhiyi détermine que le premier des dix degrés de station est également le degré de non régression.

A la question posée, Nichiren Daishônin répond :

Réponse : Oui.

Autrement dit, « oui, on peut devenir Bouddha ».

Finalement, ce passage montre à quel point sont immenses les bienfaits de la pratique de Nam Myôhôrengekyô, le Daimoku du Sutra du Lotus. C’est pourquoi, réciter soi-même et faire réciter Nam Myôhôrengekyô au plus grand nombre possible en faisant shakubuku est important.

Dès lors, puisque Nichiren Daishônin dit lui-même « qu’on peut devenir Bouddha en ne récitant qu’un seul Daimoku », il est facile de penser « qu’un seul Daimoku suffit ».

Est-ce qu’il est correct de penser ainsi ? Je dirai que non.

Le Souverain du Dharma Nichinyo Shônin donne la directive suivante :

[Nichiren Daishônin dit qu’on peut devenir Bouddha en récitant un seul Daimoku]. Il ne faut toutefois pas se sentir tranquille pour autant. Certes, Nichiren Daishônin dit bien une seule fois par jour, ou une seule fois par mois ou une seule fois en dix ans ou une seule fois au cours d’une vie. Il serait donc facile de penser « ah bon, s’il faut le faire qu’une seule fois, c’est à peu près ce que je fais, je suis donc entré dans le degré de non régression ». Or, ce n’est pas ça. Nichikan Shônin donne une directive très claire à ce sujet :

« S’il s’agit d’une personne n’ayant jamais commis d’offense au Dharma dans le passé, il parviendra effectivement à la non régression, comme l’indique la question. Toutefois, nous, les êtres, avons commis un nombre incommensurable d’offenses au Dharma dans le passé et il est difficile d’effacer ces crimes ».

En d’autres termes, s’il s’agit de quelqu’un n’ayant commis aucune offenses au Dharma dans ses vies passées, il parviendra au degré de non régression, comme le stipule la question. Or, nous, êtres ordinaires, avons commis beaucoup d’offenses au Dharma dans le passé et dans la Fin du Dharma, il n’existe aucun être n’ayant commis aucune offense. Pour effacer cette multitude incommensurable d’offenses au Dharma, c’est très difficile. Pour cela, il faut accumuler pratique sur pratique. Aussi, en ne récitant qu’une seule fois Daimoku c’est impossible ».

Nous avons commis diverses mauvaises actions dans nos vies passées. Une personne n’ayant commis aucune faute, aucun crime dans les vies passées n’existe pas dans la période de la Fin du Dharma. Aussi, pour effacer ces fautes, il faut répéter la récitation de Daimoku, non seulement une fois, mais dix fois, cent fois, le plus possible.

On fait shakubuku et on a vraiment du mal à concrétiser. Ce serait une erreur de penser que puisque cette personne a récité avec nous trois Daimoku devant le Gohonzon, elle a atteint le degré de non régression et que ce n’est plus la peine de poursuivre shakubuku. Il est important de continuer à lui parler jusqu’à ce qu’elle reçoive Gojukai, qu’elle récite elle-même Daimoku avec foi dans l’enseignement de Nichiren Daishônin et puis, jusqu’à ce qu’elle fasse à son tour shakubuku à d’autres.

Pour terminer, je voudrais préciser un point.

Je vous ai dit que ce Gosho avait été écrit en la 3ème année de Bun’ei (1266). A cette époque, Nichiren Daishônin n’avait pas abandonné son aspect provisoire pour montrer sa véritable nature. C’est pourquoi, son contenu est centré sur le Sutra du Lotus tel que le Bouddha Śākyamuni l’a enseigné.

Si on le lit tout seul, on aurait tendance à penser que pour Nichiren Daishônin, le principal est Daimoku.

Or, dans le Traité sur l’adoption de l’essentiel du Lotus du Dharma, (écrit au 5ème mois de la 11ème année de Bun’ei) il écrit :

« Moi, Nichiren rejetant le large et l’abrégé, adopte l’essentiel. Il s’agit des cinq caractères de Myôhôrengekyô transmis au bodhisattva Pratique supérieure ».

Dans la Missive à Messire Soya entré dans la voie, il écrit également :

« Au sein même du Sutra du Lotus, je rejette le large et j’adopte l’abrégé, j’abandonne l’abrégé et choisis l’essentiel. Il s’agit des cinq caractères Myôhôrengekyô, les cinq mystères du nom, de la substance, de l’intention, de l’application et de l’enseignement ».

Ainsi, le Nam Myôhôrengekyô de Nichiren Daishônin n’est pas simplement le titre du Sutra du Lotus ou le résumé des vingt-huit chapitres ou leur principal. Les cinq caractères du Dharma merveilleux de Nichiren Daishônin sont le Dharma attesté par le Bouddha originel au degré de dénomination à l’origine du passé hors le temps, le corps du Dharma de l’ensemencement dans la période de la Fin du Dharma (autrement dit, le Gohonzon – ndt).

C’est pourquoi, seul le Daimoku de la doctrine originelle récité face au Gohonzon avec foi dans le Dai Gohonzon du Kaidan de la doctrine originelle représente l’ascèse essentielle du Sutra du Lotus, au sein des pratiques large, abrégée et essentielle. Je souhaite que vous graviez clairement ce point dans votre esprit.

Il faut craindre ici de lire le Gosho en l’interprétant à sa manière. Si on lit tel quel ce Gosho, on pourrait penser que le principal est le Daimoku du Sutra du Lotus. Il est évident qu’il faut lire le Gosho sur la base des directives du Souverain du Dharma du moment.

Je termine ce sermon à l’occasion de la cérémonie de Okô de ce mois en priant pour votre application. Je vous remercie de votre visite au temple

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