Sermon de Okô

Janvier 2010

Mushi Mochi Gosho

La lune sort des montagnes et les éclaire.

Le malheur sort de notre bouche et détruit notre corps. Le bonheur sort de notre cœur et nous embellit.

(Mushi mochi Gosho)

 

Aujourd’hui, à l’occasion de cette première cérémonie de Okô, par laquelle nous manifestons notre gratitude envers la bienfaisance de notre fondateur Nichiren Daishônin, je vous remercie d’être venus vous recueillir en dépit des difficultés de déplacement et d’avoir ensemble lu le sutra et récité le Daimoku.

Comme vous le savez, au temple principal, 1 heure de Daimoku est récitée chaque jour tout au long du mois de janvier, sous la direction du Grand Patriarche Nichinyo Shônin. Nous conformant à cette directive, cette heure de Daimoku est pratiquée également au Shingyôji. Même si l’heure est différente, réciter le Daimoku avec la même volonté, représente l’aspect important de l’esprit des corps différents animés d’un cœur identique (itai dôshin). Je souhaite que les personnes ne pouvant pas venir se recueillir au temple accordent leur emploi du temps au cours de la journée pour pouvoir réciter elles aussi 1 heure de Daimoku par jour.

Par ailleurs, une directive du Grand Patriarche, donnée le 6 janvier nous a été communiquée le même jour, demandant aux moines et aux pratiquants de prier sincèrement le Gohonzon dans la perspective de 2015. Cette directive est affichée sur le tableau situé à côté de l’accueil. Je vous prie d’en prendre connaissance. La prière a été imprimée et vous pourrez l’emporter après la cérémonie pour la placer sur votre butsudan pour la pratiquer lors de vos Gongyô du matin et du soir.

Vous avez tous reçu le calendrier de cette année à l’occasion du Gongyô du nouvel an. Chaque mois, une phrase d’or est citée. Je ferai le commentaire de la phrase du mois à chaque cérémonie de Okô. Ce mois-ci, la phrase est extraite du « Mushi mochi Gosho ».

Ce Gosho est une lettre de remerciement adressée à "l’épouse de Messire de Omosu", autrement dit à la femme de Messire Ishikawa no Hyôe, suzerain de la ville de Omosu, située dans le district de Fuji (l’actuel quartier de Kitayama dans la ville de Fujinomiya), qui avait fait l’offrande de "mushi mochi" et de fruits à Nichiren Daishônin retiré au mont Minobu.

L’épouse de Messire de Omosu était la fille de Nanjô Hyôe Shichiro et la sœur ainée de Nanjô Tokimitsu. On suppose qu’elle a commencé la pratique sur les recommandations de sa mère, veuve de Messire Nanjô et de son frère Tokimitsu et que, en outre, elle avait été guidée par Nikkô Shônin.

Au printemps de l’année 1289 (2e année de Shôô), Nikkô Shônin quitta le mont Minobu, lieu dans lequel les offenses au Dharma étaient désormais perpétrées. Il se rendit alors à Fujji Ueno pour répondre à l’invitation de Nanjô Tokimitsu et y fonda le Taisekiji. En outre, en 1298 (6e année de Einin), grâce à la collaboration des gens du Hokkekô de Koizumi et de Ueno, dont Magosaburô Yoshitada, fils de Ishikawa Yoshisuke, un Mieidô, temple dans lequel est enchâssée une statue de Nichiren Daishônin et un séminaire furent construit sur la terre de Omosu, où Nikkô Shônin alla se retirer.

Nikkô Shônin donna des cours d’une extrême profondeur sur la doctrine en ce séminaire où il s’adonna à l’éducation et la formation de ses disciples. La famille Ishikawa de Omosu participa largement à la construction et au développement du séminaire.

Lorsqu’on se rend en autocar au Taisekiji, on passe immanquablement devant ce lieu et vous l’avez sans doute déjà vu. Malheureusement, ce séminaire où vécut Nikkô Shônin s’appelle désormais Honmonji de Kitayama et est devenu un temple de la Nichiren Shû.

La lettre adressée par Nichiren Daishônin est datée du 5 janvier. Toutefois, l’année n’est pas indiquée. Cependant, ce Gosho est estimé avoir été écrit en 1281 (4e année de Kôan). L’orignal est conservé au temple principal Taisekiji.

Je vais à présent parler du sens général de ce Gosho.

Au début de la lettre, Nichiren Daishônin loue la foi de l’épouse de Messire de Omosu lui ayant fait des offrandes au début de l’année. Il souligne l’importance de prendre soin de passer dignement ce jour, commencement de toute l’année et qui est "le début du jour, le commencement du mois, le point de départ de l’année et l’aube du printemps" et précise que l’attitude spirituelle de celui qui agit ainsi lui permettra d’enrichir ses propres vertus et de vivre aimé des autres.

Nichiren Daishônin indique ensuite où se trouvent l’enfer et le Bouddha. Il révèle qu’ils se situent "dans notre corps haut de cinq pieds". L’enfer ou le Bouddha existent à l’état latent dans notre vie et apparaissent en fonction des conditions.

De plus, il soulève une question : notre vie est issue des mauvaises passions, désir charnel de nos parents et il semble donc impossible que le Bouddha existe à l’intérieur de la vie des êtres ordinaires en proie aux trois poisons de la cupidité, de la colère et de la stupidité. A cette question, Nichiren Daishônin répond par des exemples. De la même manière que la fleur du lotus pousse dans des étangs boueux, que le santal sort de la terre et que la belle princesse Yang Guifei est née du ventre d’une femme de basse extraction, le monde du Bouddha jaillit de notre vie d’êtres ordinaires.

Par ailleurs, Nichiren Daishônin souligne que le bien ou le mal contenus dans notre cœur se manifestent par le biais de nos paroles et de nos actes et invitent le bonheur ou les catastrophes en nous.

C’est justement le passage cité aujourd’hui.

Nichiren Daishônin termine ce Gosho en louant de nouveau l’esprit de faire l’offrande au « Sutra du Lotus » (le Gohonzon) et compare celui qui a foi dans le « Sutra du Lotus » et celui qui s’y oppose. Celui qui, commettant l’offense au Dharma, s’oppose au « Sutra du Lotus » invite le malheur de plus de mille lieues alors que, à l’inverse, celui qui y a foi attire le bonheur de plus de dix mille lieus. En outre, celui qui a foi dans le « Sutra du Lotus » exhale la bonne fortune de la foi comme le santal dégage un subtil parfum.

Je vais à présent parler de la phrase nous intéressant plus particulièrement aujourd’hui.

Comme je l’ai dit à l’instant, Nichiren Daishônin indique par des exemples que "le bien ou le mal contenus dans notre cœur se manifestent par le biais de nos paroles et de nos actes et invitent le bonheur ou les catastrophes en nous".

La lune sortant de derrière la montagne éclaire alors la montagne. Ici, la montagne nous désigne "nous-mêmes" et la lune désigne "les paroles et les actes fondés sur le bien ou le mal contenus dans notre cœur". Ainsi, si l’on critique les autres par un mauvais sentiment, cette attitude nous revient directement et tel quel.

Le bouddhisme parle du principe de "rétribution répondant au causes et aux effets". Ce principe n’est autre que le processus de "à mauvaise cause mauvais effet, à bonne cause, bon effet". Si l’on commet de mauvaises actions, on reçoit de mauvais effets. Il existe cependant des personnes en ce monde qui, malgré leurs mauvaises actions n’en subissent pas la preuve actuelle. Ces personnes sont les pires. En effet, elles n’ont pas conscience de faire le mal et réitèrent sans cesse les mêmes choses. Dès lors, où, ou bien quand, les effets apparaissent-ils ? Ils se manifestent en fait dans la vie suivante, après la mort, par des souffrances provoquées par les mauvaises causes.

A l’inverse, admettons que quelqu’un pense faire quelque chose pour autrui et agisse sans penser à son profit ou à ses pertes, ni attendre un retour. Là encore, il recevra la rétribution sous la forme, cette fois, d’œuvres et de vertus personnelles.

Nichiren Daishônin dit dans un Gosho que "lorsque dans l’obscurité, on éclaire les pas des autres, finalement, on s’éclaire soi-même".

Dans le « Sutra du Lotus » également, on trouve l’expression : "cela se retournera contre l’instigateur". Cette phrase possède la même signification.

C’est pourquoi, il ne faut absolument pas dire du mal des autres. Cette attitude nous détruit nous-mêmes et est la source de corps identiques animés d’un cœur différent.

Lorsque l’on s’adresse à quelqu’un, il convient de faire attention à ce que l’on dit. Une même parole peut être interprétée différemment en fonction des personnes. Par exemple si quelqu’un que l’on apprécie nous dit "tu es beau aujourd’hui", on est content. Si par contre, quelqu’un que l’on déteste nous dit la même chose, on peut penser "il me nargue".

Ce Gosho est souvent lu au début de l’année. Toutefois, puisqu’il contient des éléments auxquels nous devons faire attention en tant que pratiquants, je voudrais le lire encore une fois.

 

Je voudrais à présent parler succinctement des trois piliers de la foi et de la pratique du Shingyôji dont j’ai parlés dans mon message du nouvel an.

  • Pratiquons une heure de Daimoku chaque jour

La pratique personnelle est constituée de deux éléments : la pratique principale et la pratique auxiliaire. La récitation du Daimoku constitue la pratique principale. La pratique auxiliaire, elle est constituée du Gongyô et des autres ascèses de la voie du Bouddha. Bien entendu, ce n’est pas parce que nous faisons la pratique principale qu’il n’est pas nécessaire de faire la pratique auxiliaire du Gongyô. Les œuvres et vertus s’accroissent par la pratique des deux.

Toutefois, la pratique importante reste la récitation du Daimoku. Je pense que vous connaissez tous les œuvres et vertus inhérentes à la pratique de la récitation du Daimoku, par le biais de nombreux Gosho, des orientations du Grand Patriarche ou des sermons de mon prédécesseur.

Lorsqu’un problème, une difficulté, une souffrance apparaissent, le chemin s’ouvre immanquablement par la récitation du Daimoku. Il est donc essentiel de réciter le plus possible de Daimoku et de les réciter sincèrement. Cette année, dans le cadre du Shingyôji, récitons donc au moins 1 heure de Daimoku par jour au cours de cette année.

  • Parlons au plus grand nombre des œuvres et vertus du Daimoku

La pratique de la Nichiren Shôshû est la religion de la pratique personnelle et de la conversion d’autrui. Le premier pilier est la pratique personnelle. Le second est la conversion d’autrui. La pratique personnelle et de la conversion d’autrui représentent les deux roues d’une charrette. S’il en manque une, la charrette ne bouge pas. De la même manière, la conjonction de ces deux éléments constitue la pratique correcte.

La Fin du Dharma est la période de l’obtention de la voie par la racine de l’ouïe. On entend d’abord le Dharma, puis la foi apparaît. Personne d’autres que nous, qui pratiquons la religion correcte, ne peut faire entendre le Dharma à ceux qui ne le connaissent pas encore.

Le Dharma ne se propage pas de lui-même. C’est pourquoi, Nichiren Daishônin écrivait : "Le Dharma ne se propage pas de lui-même. C’est parce que les hommes propagent le Dharma que les hommes et le Dharma, sont respectables".

Nichiren Daishônin nous encourage disant que parce que les hommes propagent le bon Dharma, ils sont pareillement respectables.

Je vous demande de mettre ces paroles en pratique sérieusement.

  • Prenons soins d’être un pour tous, tous pour un.

Cette expression est extraite du roman d’Alexandre Dumas, père « Les Trois Mousquetaires ». J’ai lu ce roman dans mon enfance. Je n’ai malheureusement pas encore lu en entier la légende de D’Artagnan.

Je suppose que cette expression vous est très familière.

J’ai bien entendu cité cette phrase dans le sens "prenons soins de réaliser l’esprit des corps différents animés d’un cœur identique".

Dans le bouddhisme du Grand véhicule, en particulier dans l’enseignement de Nichiren Daishônin, il n’est enseigné nulle part qu’il faut uniquement rechercher sa propre bodhhéité. C’est pour cette raison qu’il enseigne la foi de la pratique personnelle et de la conversion d’autrui.

En même temps, chacun, en tant que fidèle du Shingyôji, en tant que pratiquant de la Nichiren Shôshû, doit prendre conscience de ce qu’il peut faire pour la vaste propagation. Lorsqu’une personne agit pour la vaste propagation, elle agit en fait pour l’ensemble de pratiquants du Shingyôji et pour la Nichiren Shôshû. Cette attitude se lie en outre au profit de la France entière.

Lorsque, parmi les pratiquants, certains souffrent, ont de la peine, penser à ces personnes et les soutenir est aussi l’une des expressions de l’esprit des corps différents animés d’un cœur identique.

Dans une lettre adressée aux gens du Hokkekô de Kanazawa, le 31e Grand Patriarche, Nichi-in Shônin écrivait :

"Il faut en aucun cas que le Hokkekô uni brise le lien des corps différents animés d’un cœur identique et ce, même dans le futur. Si l’un d’entre vous tombe en enfer, il faut que tous les membres du Hokkekô s’allient pour le sauver. Si l’un d’entre vous devient Bouddha, il doit prendre les membres du Hokkekô par la main et les guider vers le mont sacré".

Le Grand Patriarche décrit ici parfaitement l’attitude qui doit être la nôtre.

Bien sûr, l’important est naturellement la foi de chacun. Je termine ce premier sermon de l’année en souhaitant du fond du cœur que chacun pratique sans faille la pratique personnelle que sont le Gongyô et la récitation du Daimoku et s’efforce dans la conversion d’autrui et décuple sa foi et sa pratique, d’une manière appropriée au nom du Shingyôji (shin = foi, gyô = pratique).

Je vous remercie de votre participation.

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