Février 2015

Réponse à Sairenbô

(Sairenbô gohenji -最蓮房御返事)

13ème jour du 4ème mois de la 9ème année de Bun’ei             51 ans

 

Le lieu où nous demeurons et pratiquons l’ascèse du véhicule unique, quel qu’il soit, est la capitale de la terre de la lumière toujours sereine. Ceux qui deviennent mes disciples et bienfaiteurs, sans faire un pas, aperçoivent le mont sacré en Inde et, jour et nuit se rendent vers la terre de la lumière sereine présente à l’origine et en reviennent. Cela me procure une joie indescriptible, au-delà des mots.

Je suis très heureux d’avoir pu exprimer notre gratitude envers la bienfaisance de notre fondateur avec vous, venus nombreux malgré le froid.

[Samedi seulement]

Par ailleurs, le 7 février coïncidant avec le jour de l’extinction du 2ème fondateur Nikkô Shônin, j’ai célébré en même temps le rite de Kôshi é, qui lui est consacré.

[Dimanche seulement]

Par ailleurs, j’ai officié en même temps le rite de Kôshi é commémorant l’extinction du 2ème fondateur Nikkô Shônin.

Cette cérémonie est destinée à exprimer la profonde gratitude des moines et des pratiquants envers la bienfaisance de Nikkô Shônin qui a hérité de l’enseignement correct de Nichiren Daishônin et a transmis correctement la flamme du Dharma à la postérité.

Nikkô Shônin a reçu la transmission de l’intégralité du Dharma de Nichiren Daishônin en septembre de la 5ème année de Kôan (1282) et a été nommé supérieur du temple Kuonji du mont Minobu le 13 octobre.

Après l’extinction de Nichiren Daishônin, les cinq moines ainés répartis dans la région du Kantô ne purent conserver la foi de disciples envers le maître. Progressivement, ils perdirent la doctrine correcte de Nichiren Daishônin. A l’inverse, Nikkô Shônin protégea cette doctrine correcte sans la pervertir d’aucune façon.

Par la suite, en raison de l’accumulation des oppositions au Dharma commises par Hakiri Sanenaga, gouverneur de Minobu, Nikkô Shônin quitta le mont Minobu en compagnie de ses disciples au printemps de la 2ème année de Shô-ô (1289), emportant les précieux trésors à commencer par le Dai Gohonzon du Kaidan de la doctrine originelle. En octobre de l’année suivante, 3ème année de Shô-ô, il fonda le Taisekiji sur la terre de Fuji Ueno, grâce à la donation de Messire Nanjô Tokimitsu.

Plus tard, il transmit le Dharma à Nichimoku Shônin et fit construire en 1298, un Mieidô à Omosu (aujourd’hui Kitayama) qu’il utilisa comme séminaire où il éduqua les disciples dans la perspective de la pérennisé éternelle du Dharma de Nichiren Daishônin.

Le 10 novembre 1332, il écrivit les Articles à observer après la mort de Nikkô destiné à Nichimoku Shônin à qui il effectua la transmission du Dai Gohonzon du Kaidan de la doctrine originelle et qu’il définit comme le grand guide de la propagation de la doctrine originelle.

Le 13 janvier de l’année suivante, il écrivit les Articles testamentaires de Nikkô et s’éteignit sereinement le 7 février.

Étrangement, cette année est celle du 770ème anniversaire de la naissance de Nikkô Shônin. En cette occasion propice, il est essentiel que nous respections son esprit de pérenniser éternellement le Dharma et de le protéger quel que soit le lieu, et de lui manifester notre profonde gratitude envers sa bienfaisance.

Il n’y a pas d’autre pratique appropriée à l’expression de notre gratitude que la pratique personnelle et la conversion d’autrui. Il est en particulier important de progresser avec énergie vers l’accomplissement de la mission qui nous a été conférée pour l’année 2021.

Je souhaite qu’à l’occasion de Kôshi é, vous déployez votre énergie en inscrivant de nouveau ces éléments dans votre cœur.

A présent, je vais commenter le Gosho

Ce mois-ci, il s’agit d’un passage de la Réponse à Sairenbô.

Nichiren Daishônin a écrit ce Gosho adressé à Sairenbô à Sado, le 13ème jour du 4ème mois de la 9ème année de Bun’nei (1272).

En son en-tête, nous lisons :

« J’ai bien compris le sens de votre lettre ».

On comprend donc qu’il s’agit de la réponse à une lettre reçue de la part de Sairenbô.

Au mois de janvier de la même année à Tsukahara dans l’île de Sado, Nichiren Daishônin a débattu avec les moines d’autres écoles. C’est ce qu’on appelle « le débat de Tsukahara ».

Il réfuta chacune de leurs assertions et, comme il l’a écrit par la suite :

« C’était comme un sabre affuté coupant des melons ou une bourrasque faisant courber les herbes ».

Sairenbô était un moine de l’école du Tendai, exilé à Sado avant que Nichiren Daishônin n’y fut déporté lui-même. On suppose qu’il assista au débat.

Aux yeux de Sairenbô observant cet épisode, il apparut sans doute que Nichiren Daishônin était le moine détenant l’enseignement correct.

C’est pourquoi, dans ce Gosho, Nichiren Daishônin écrit :

« Vous êtes devenu mon disciple et avez pris refuge en moi au début du 2ème mois dernier ».

On suppose que Sairenbô rendit immédiatement visite à Nichiren Daishônin avec qui il noua le lien de maître à disciple.

Je vais à présent commenter le Gosho dans son ensemble.

Nichiren Daishônin évoque d’abord la lettre de Sairenbô et l’offrande l’accompagnant.

Ensuite, il explique que le fait d’avoir établi cette relation de maître à disciple relève du karma accumulé depuis le passé.

Nichiren Daishônin enseigne ensuite que parmi les maîtres guidant les hommes, il y a les maîtres corrects et les maîtres erronés, les bons maîtres et les mauvais maîtres. Il met sévèrement en garde, disant que quand bien même serait-il un maître célèbre du point de vue mondain ou doté de vertus du point de vue extra-mondain, s’il offense le Sutra du Lotus, c’est un maître erroné et mauvais duquel il ne faut pas s’approcher. En effet, même si on n’est pas soi-même malintentionné, le fait de se rapprocher d’un maître mauvais et erroné, un jour ou l’autre on sera immanquablement influencé par son enseignement fallacieux et on perdra la faculté de distinguer le correct de l’erroné.

En outre, Sairenbô écrit dans sa lettre qu’il « abandonne le maître qu’il servait jusqu’alors pour servir dès à présent Nichiren Daishônin ». Ce dernier loue ces paroles comme véritablement respectables, déclarant qu’il est clair, à la lueur des phrases du Sutra du Lotus qu’il est apparu pour l’aider propager. Dès lors, tous deux vont utiliser toutes leurs forces pour réprimander ensemble les offenses au Dharma des autres écoles et leur faire abandonner l’erreur pour prendre refuge dans la rectitude. Il encourage Sairenbô à prendre conscience de son importante mission et à s’efforcer dans la foi et la pratique.

Nichiren Daishônin déclare ensuite que tous ceux qui ont reçu le précepte de la doctrine originelle deviennent infailliblement Bouddhas. Selon le principe de « naître toujours avec le maître », il ne peut se faire qu’alors que le maître Nichiren devienne Bouddha, le disciple Sairenbô tombe dans les mauvaises voies, indiquant les immenses œuvres et vertus du Dharma merveilleux et demandant à Sairenbô d’avoir la conviction dans le lien de maître à disciple.

Enfin, Nichiren Daishônin termine sa lettre en promettant de prier pour que la condamnation à l’exil de Sairenbô soit au plus vite remise.

Nous allons à présent voir le passage de ce mois.

Le lieu où nous demeurons et pratiquons l’ascèse du véhicule unique, quel qu’il soit, est la capitale de la terre de la lumière toujours sereine.

Si nous lisons cette phrase au premier degré, elle signifierait que « quel que soit l’endroit où nous pratiquons le Sutra du Lotus, c’est la terre de la lumière toujours sereine ».

Or, avant ce passage, nous lisons :

« Nous sommes des exilés et pourtant, nous nous réjouissons dans notre corps et notre cœur. C’est une importante doctrine que nous devons faire entendre le jour et la nuit et apprécier à chaque moment, à chaque instant, le principe de la bouddhéité ».

En d’autres termes, « nous » désigne Nichiren Daishônin et Sairenbô. Ils sont tous deux dans un lieu où ils pratiquent le Sutra du Lotus. Toutefois, au sens particulier, ce n’est autre que Nichiren Daishônin, pratiquant du Sutra du Lotus qui « pratique l’ascèse du véhicule unique » tel que prédit dans le chapitre Exhortation du Sutra du Lotus, devenu « un exilé » pour la cause du Sutra du Lotus. Nichiren Daishônin indique ici sont état de vie par lequel il reçoit librement la félicité du Dharma, soulignant qu’il « se réjouit dans son corps et son cœur d’être un exilé ».

Par conséquent, si on lit ce passage dans ce sens, la phrase « Le lieu où nous demeurons et pratiquons l’ascèse du véhicule unique, quel qu’il soit, est la capitale de la terre de la lumière toujours sereine » signifie que « le lieu où le pratiquant du Sutra du Lotus le pratique avec son corps, même si c’est Sado, est la terre de la lumière toujours sereine ».

Pour dire plus, tous les lieux où demeure le pratiquant du Sutra du Lotus Nichiren Daishônin sont la terre de la lumière toujours sereine.

L’enseignement de Nichiren Daishônin et sa substance qu’est le Dai Gohonzon du Kaidan de la doctrine originelle résident solennellement au temple principal Taisekiji. Par conséquent, le temple principal Taisekiji est bel et bien la terre de la lumière toujours sereine.

C’est pourquoi, sans la pratique correcte envers le Dai Gohonzon du Kaidan de la doctrine originelle, il est impossible que notre lieu d’habitation soit la terre de la lumière toujours sereine.

Lorsque nous avons une foi sincère envers le Dai Gohonzon et nous efforçons dans la pratique personnelle et la conversion d’autrui, chaque temple, chaque lieu où est enchâssé le Gohonzon chez les pratiquants est alors la terre de la lumière toujours sereine. Penser à la légère « j’ai le Gohonzon chez moi et donc le lieu où il est enchâssé est la terre de la lumière toujours sereine, il n’est donc pas nécessaire d’aller au temple principal ni au temple local » est une grave erreur.

La suite

Ceux qui deviennent mes disciples et bienfaiteurs, sans faire un pas, aperçoivent le mont sacré en Inde et, jour et nuit se rendent vers la terre de la lumière sereine présente à l’origine et en reviennent. Cela me procure une joie indescriptible, au-delà des mots.

Le lieu où demeure le Dai Gohonzon étant tel quel la terre de la lumière toujours sereine, il est dès lors inutile d’envisager une terre pure dans la direction de l’ouest, ni de la rechercher sur d’autres terres. A partir du moment où l’on a une foi profonde envers le Dai Gohonzon et que l’on récite Nam Myôhôrengekyô, le lieu où on le fait est tel quel la terre de la lumière sereine.

En fait, il s’agit du principe de l’identité du monde de l’endurance et de la terre de la lumière sereine.

En bouddhisme, ce monde dans lequel nous vivons est un monde de souffrance rempli des trois poisons, où il faut endurer beaucoup d’épreuves. C’est pourquoi, on l’appelle, le monde de saha, ou monde de l’endurance.

Cependant, parvenu à la doctrine originelle, le bouddha Śākyamuni déclara (dans le chapitre Durée de la vie) « je demeure en permanence dans ce monde de l’endurance à prêcher le Dharma ». Il révélait ainsi que le monde de l’endurance est tel quel la terre de la lumière sereine où réside le Bouddha.

Dans la période de la Fin du Dharma, comme je l’ai dis, le lieu où demeure le Bouddha originel Nichiren Daishônin, le Dai Gohonzon est la terre de la lumière sereine. Le lieu où demeurent les êtres qui ont la foi correcte en ce Dai Gohonzon est également telle quelle la terre de la lumière sereine.

Nichiren Daishônin écrivait :

Que l’on parle de la terre pure ou des enfers, ils n’existent pas à l’extérieur, mais seulement à l’intérieur de notre poitrine. Celui qui s’est éveillé à cela est appelé Bouddha. Celui qui l’ignore est appelé homme ordinaire. Ce qui permet de s’y éveiller est le Sutra du Lotus. S’il en est ainsi, celui qui garde avec respect le Sutra du Lotus s’éveille à l’identité de l’enfer et de la lumière sereine. (Réponse à la nonne veuve de Messire de Ueno).

Ainsi, si ceux qui ont la foi et la pratique correcte envers le Dai Gohonzon des trois grands Dharmas ésotériques augmentent en ce monde, ce monde de l’endurance aux nombreuses souffrances se transformera tel quel en terre du Bouddha.

A présent, lorsque l’on tourne les yeux vers le monde, on y voit des événements et des problèmes épouvantables. Dans ces moments la seule chose que nous pouvons faire est d’enseigner l’esprit de l’établissement de la sérénité par l’établissement de la rectitude en contant au plus grand nombre de personnes les œuvres et vertus du Dharma merveilleux.

Je souhaite qu’à travers l’extrait du Gosho lu aujourd’hui, nous promettions de nous efforcer encore davantage dans la pratique personnelle et la conversion d’autrui.

Je termine ce sermon à l’occasion de la cérémonie de Okô en priant pour votre énergie décuplée.

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