Sermon de Okô

Février 2011

Notes prises à l’écoute des cours

(Okô kikigaki) 御講聞書

 

Est appelé pratiquant semblable à de l’eau, celui qui a foi dans le Sutra du Lotus comme l’eau qui, sans régresser, coule jour et nuit sans jamais s’arrêter.

 

Je suis très heureux de la présence nombreuse des personnes venues assister à la cérémonie de Okô de ce mois et d’avoir pu, avec elles, exprimer notre gratitude envers la bienfaisance de notre fondateur Nichiren Daishônin.

Je voudrais pour commencer vous donner une information. J’ai projeté l’organisation d’une « assemblée générale des pratiquants du Shingyôji » destinée à tous les pratiquants du Shingyôji, qui aura lieu le dimanche 29 mai. Le but de cette assemblée générale est que tous les pratiquants puissent se rencontrer, raffermir le lien des corps différents animés d’un même esprit et, ensemble, polissent leur foi et leur pratique. De plus, l’approfondissement des relations et de l’amitié ainsi réalisé, facilitera le déploiement davantage d’énergie dans la perspective du 770ème anniversaire de Nikkô Shônin en 2015 et de la vaste propagation en France.

Le grand patriarche Nichinyo Shônin disait :

« Là où les gens se rassemblent, jaillit l’énergie ». (Dai Nichiren - octobre 2007 P. 18)

Je souhaite que cette assemblée générale soit la bonne occasion pour tous les pratiquants du Shingyôji, d’accumuler une grande force.

A présent, la planification et les préparatifs ont déjà commencé autour des responsables du TBNS et du Hokkekô, afin que cette assemblée soit utile et suscite chez tous les participants la joie d’y avoir assistée. En ce sens, je prendrai sous peu contact avec vous pour connaître votre présence ou votre absence lors de l’assemblée générale. En fonction du nombre de participants, nous envisageons de louer un autre lieu que le temple. Aussi, je vous saurai gré de répondre rapidement à la lettre que vous recevrez bientôt.

Par ailleurs, si des personnes habitant dans la région parisienne ont la possibilité d’héberger chez elles des pratiquants, je souhaite qu’elles se manifestent. Cette possibilité est envisagée pour permettre aux pratiquants de province d’alléger un tant soit peu leurs dépens. Vous pouvez par exemple préciser : « possibilité d’hébergement pour deux hommes » ou « possibilité d’hébergement pour une famille de 4 personnes ».

En outre, si des personnes souhaitent apporter leur aide à l’assemblée générale, elles sont priées de nous le faire savoir.

La chose la plus importante est de faire perdurer la joie issue du succès de l’assemblée générale et de l’exploiter dans notre dévotion à la pratique personnelle et à la conversion d’autrui. Or, la « continuité » n’est pas chose aisée pour nous, êtres ordinaires. La phrase de ce mois est extraite des Notes prises à l’écoute des cours et j’aimerais étudier avec vous l’importance de la continuité.

Dans l’en-tête des Notes prises à l’écoute des cours il est écrit :

J’ai pris en note tous les cours donnés continuellement depuis le dix-neuvième jour du troisième mois de la première année de Kôan, année du tigre, signe de terre ainée, jusqu’au vingt-huitième jour du cinquième mois de la troisième année de la même période. Moi, Nikô, a pris ces notes.

Du 19ème jour du 3ème mois de la 1ère année de Kôan (1278) jusqu’au 28ème jour du 5ème mois de la 3ème année de Kôan (1280), Nichiren Daishônin donna à tous ses disciples une suite de cours sur le Sutra du Lotus au mont Minobu. Les notes de ces cours prises par Minbu Nikô, l’un des six moines ainés, sont appelées Notes prises à l’écoute des cours Elles sont également appelées Notes de Nikô.

Il existe par ailleurs la Transmission orale de la doctrine de Nikkô Shônin. Il s’agit également des notes prises par ce dernier des cours sur le Sutra du Lotus. Nichiren Daishônin donna son accord sur ces textes après en avoir vérifié le contenu. Avec le Traité sur la merveille de la cause originelle et le Traité en cent six points, ces textes constituent d’importants écrits de transmission.

La comparaison de la Transmission orale de la doctrine et des Notes prises à l’écoute des cours montre que la Transmission orale est supérieure, tant du point de vue de la qualité que du volume. La compréhension de l’enseignement de Nichiren Daishônin acquise par Minbu Nikô étant insuffisante, le contenu des Notes prises à l’écoute des cours est peu profond.

Par exemple, la personnalité de Nichiren Daishônin présente trois facettes : le pratiquant du Sutra du Lotus, la manifestation du bodhisattva Pratique supérieure (Jôgyô), autrement dit la fonction extérieure de Nichiren Daishônin lui-même et le Bouddha originelle de la Fin du Dharma. Même si Minbu Nikô est parvenu à comprendre que Nichiren Daishônin était la manifestation du bodhisattva Pratique supérieure, il ne parvint pas à concevoir qu’il était le Bouddha originel de la Fin du Dharma. Par contre, la Transmission orale de la doctrine montre bien qu’il s’agissait de cours sur le Sutra du Lotus donnés du point de vue de l’enseignement de l’ensemencement au profond des phrases, autrement dit par Nichiren Daishônin en tant que Bouddha originel de la Fin du Dharma. C’est pourquoi, la Transmission orale de la doctrine est supérieure.

Ce n’est pas pour autant qu’il faille dédaigner les Notes prises à l’écoute des cours. Il s’agit en effet de notes prises des cours sur le Sutra du Lotus donnés par Nichiren Daishônin, qui comportent d’importantes doctrines. Elles représentent donc également un important écrit.

Nous allons à présent étudier la phrase de ce mois.

Est appelé pratiquant semblable à de l’eau, celui qui a foi dans le Sutra du Lotus comme l’eau qui, sans régresser, coule jour et nuit sans jamais s’arrêter.

Cette phrase souligne l’importance de la foi semblable à de l’eau. Une Réponse à Messire de Ueno datée de la 4ème année de Kenji (1278) indique la même chose :

Certes, dans la présente Fin du Dharma, des personnes ont foi dans le Sutra du Lotus. Certaines ont une foi semblable à du feu. D’autres ont une foi semblable à de l’eau. Bien que lorsqu’ils écoutent ils s’enflamment et brûlent, le sentiment d’abandonner naît en eux dès qu’ils s’éloignent. Ce qu’on appelle semblable a de l’eau, c’est croire sans jamais régresser.

C’est une phrase que vous avez entendue, lue à de nombreuses reprises.

Il existe donc une foi comme le feu, à l’opposée de la foi comme l’eau.

Dans la partie précédent la phrase de ce mois, il est également question de la foi comme le feu. Elle n’est pas mentionnée sur le calendrier, mais je vais parler à partir de ce point.

Les Notes prises à l’écoute des cours se divisent en quatre-vingt-douze articles. Chacun possède un titre : Au sujet du chapitre premier, Introduction, du Sutra du Lotus, Au sujet de Myôhô, …

Le titre de l’article dont fait partie la phrase de ce mois est : Au sujet du pratiquant du Sutra du Lotus, pouvant être un pratiquant comme l’eau ou comme le feu.

C’est alors que commence la phrase. Je vais ici en indiquer la signification.

En général, il existe une différence entre les personnes pratiquant le Sutra du Lotus : celles ayant une foi et une pratique semblables à l’eau et celles ayant une foi et une pratique semblables au feu.

C’est la même chose que dans la phrase de la Réponse à Messire de Ueno citée à l’instant.

Je continue.

Les personnes ayant une foi et une pratique semblables au feu sont nombreuses, tandis que celles s’efforçant dans une foi et une pratique semblables à l’eau sont rares.

Comme je l’ai dit tout à l’heure, la continuité est difficile. C’est pourquoi il est dit ainsi.

A partir de la phrase suivante, il est expliqué ce qu’est la « foi comme le feu ».

La foi comme le feu consiste à ressentir une grande émotion à l’écoute des paroles concernant le Sutra du Lotus et à s’enflammer comme un feu. On commence alors la pratique en pensant qu’il s’agit là d’un enseignement respectable, fantastique. Toutefois, [Incapable de continuité], on finit par arrêter la pratique, de la même manière qu’un feu s’éteint. Au début, on a l’impression d’une très grande foi, mais la lueur de cette foi s’éteint extrêmement facilement.

Certaines personnes sont profondément impressionnées après avoir participé à l’assemblée générale, ou ont ressenti une profonde émotion en allant à Tozan. Elles ont alors décidé de faire le maximum d’efforts dans la pratique. Toutefois, en raison de leur paresse, ou de difficultés ou d’obstacles, elles deviennent incapables de faire Gongyô tous les matins.

Je pense que l’on peut voir dans cette phrase l’enseignement de la difficulté à poursuivre la foi ».

Nichiren Daishônin lui-même écrivait :

Recevoir est facile, garder est difficile mais la bouddhéité réside dans le fait de garder. Ceux qui gardent ce sutra doivent s’attendre à rencontrer des difficultés (Réponse à Messire Shijô Kingo).

A partir du moment où l’on a décidé de pratiquer sérieusement, il est alors naturel que des fonctions apparaissent pour entraver cette décision. Il ne faut jamais l’oublier. Lorsque vous vous demandez « pourquoi tant de difficultés apparaissent-elles alors que je fais tant d’efforts », je vous encourage à vous rappeler de cette phrase et à graver dans votre cœur la phrase suivante de Nichiren Daishônin :

Lorsque la marée monte ou descend, lorsque la lune parait, aux limites de l’été et de l’automne, de l’hiver et du printemps, immanquablement des variations se produisent. Il en est de même lorsqu’un homme ordinaire devient Bouddha. Immanquablement, des obstacles appelés trois obstacles et quatre démons se manifestent. A ce moment, le sage se réjouit, alors que le sot recule". (Réponse à Messire Hyôe Sakan)

La suite est la phrase de ce mois.

L’eau d’une rivière coule sans cesse. Si le courant s’interrompt, l’eau finit par croupir. Nichiren Daishônin comparait souvent notre attitude dans la foi à l’eau. Je cite un exemple :

Que vos prières soient exaucées ou non dépend de votre foi. Ce n’est en rien la faute de Nichiren. Si l’eau est claire la lune s’y reflète. Lorsque le vent souffle, les arbres ondoient. De même, la foi de chacun est semblable à l’eau. Une foi faible est comparable à de l’eau trouble et une foi courageuse à de l’eau claire. Les arbres sont comme le principe et le vent qui les fait frémir est comme la lecture des phrases du sutra. Comprenez les choses en ce sens. (Réponse à la nonne Nichigon)

Ce passage nous enseigne qu’une pratique motivée par une foi profonde permet la réalisation des prières. Dans ce passage, nous lisons : Une foi faible est comparable à de l’eau trouble et une foi courageuse à de l’eau claire.

J’ai dit que lorsque le courant d’une eau s’interrompt, l’eau finit par croupir. L’interruption du courant symbolise l’arrêt de la foi. Dès lors, le croupissement de l’eau symbolise l’affaiblissement complet de la foi. Conserver chaque jour la continuité dans la pratique est semblable à conserver l’état de pureté de l’eau. Telle est la foi comme l’eau.

Le grand patriarche retiré Nikken Shônin donnait une définition concrète de la foi comme l’eau. Je cite :

« Il ne s’agit pas de faire beaucoup d’efforts pendant un certain temps, puis de s’arrêter. La "foi comme l’eau", consistant à faire régulièrement Gongyô, jour après jour, le matin et le soir est importante ».

Cette orientation souligne l’importance de pratiquer infailliblement, sans relâche Gongyô.

En outre, Nichiren Daishônin écrivait :

Si l'eau de la foi est claire, immanquablement, la lune des bienfaits aux êtres s'y reflète et les divinités accordent leur protection. (Lettre à l’épouse de Messire Shijô Kingo)

Cette phrase indique que les bienfaits du Dharma merveilleux se manifestent dans la vie quotidienne effective ainsi que la protection des divinités célestes.

Lorsqu’on pratique avec une telle détermination, comme je l’ai dit en citant la phrase des Notes prises à l’écoute des cours concernant la « foi comme le feu », les démons se manifestent. En effet, plus on s’efforce dans la pratique sans relâche, jour et nuit, plus la résistance tentant de gêner notre progression se renforce. Lorsque nous rencontrons ces obstacles et démons, lorsque des difficultés se manifestent, une vie forte, c’est-à-dire une foi comme le feu est alors nécessaire pour les surmonter. Dans une Réponse à Messire Shijô Kingo nous lisons :

« Lorsqu'on y ajoute des bûches, le feu augmente. Lorsque le vent violent souffle, le gura grandit. (…) Le pratiquant du Sutra du Lotus est comme le feu et le gura. Les bûches et le vent représentent les grandes difficultés. »

Lorsque des difficultés se produisent, il faut alors éveiller une foi forte, comme le feu décuple son énergie lorsqu’on y ajoute des bûches et comme le corps du petit insecte imaginaire appelé karagura enfle lorsqu’il reçoit le vent. Dans ces moments là, une foi à la force vitale vivace, une foi dynamique, semblable à des flammes qui explosent, autrement dit une « foi comme le feu » est nécessaire.

Lorsqu’on an surmonté les difficultés grâce à une foi riche et forte, déterminée et inébranlable, alors, notre conviction envers le Gohonzon, notre détermination à protéger le bon Dharma s’approfondissent. La « foi comme le feu » permet ainsi de raffermir la « foi comme l’eau » qui était la nôtre jusqu’alors.

Lorsque l’on considère les choses de cette manière, on comprend l’importance des deux éléments, la « foi comme l’eau », dotée de continuité comme un grand fleuve coulant tout au long de notre vie et la « foi comme le feu », semblable à un grand feu éclatant lorsque les difficultés apparaissent. Il s’agit donc d’alterner la décision « Bon ! J’y vais ! », source de la continuité dans la pratique quotidienne, comme le courant d’une rivière et, lorsque des difficultés apparaissent, une foi remplie de la grande conviction « Je vais absolument surmonter ça », semblable à un feu grandissant. Telle est la foi permettant d’obtenir le grand bienfait de devenir Bouddha. Ici, seule la « conviction » envers le Gohonzon est le facteur le plus fondamental pour conserver la continuité dans la pratique.

Déployons donc notre énergie ensemble, dès aujourd’hui en gravant ces éléments dans notre esprit. Je vous remercie de votre visite au temple.

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