Sermon de Okô

Février 2010

 

Préceptes testamentaires de Nikkô

                        Le 13ème jour du 1er mois de la 1ère année de Genkô (1333)

 

Après mure réflexion, le soleil de sagesse diffusée dans la Fin du Dharma éclaire l’obscurité des offenses au Dharma extrêmement mauvaises et le vent merveilleux de la durée de la vie du passé lointain souffle et emporte la doctrine provisoire de l’éveil premier à Gayâ.

Ah ! Rencontrer le Dharma du Bouddha est rare. Même les exemples de la fleur Udumbara ou du creux du bois flottant sont encore insuffisants.

Ici, en raison d’un lien résiduel profond, par bonheur, nous avons rencontré ce sutra. Aussi, si, pour les disciples à venir je teinte le bout de mon pinceau pour écrire ces articles, c’est uniquement par respect pour les paroles d’or de la vaste propagation.

 

(…)

-        Sans avoir auparavant assimilé la logique de la doctrine (de Nichiren Daishônin), il ne faut pas étudier le Tendai.

-        Dans ce courant, il convient d’imprégner son cœur du Gosho et d’en recevoir la transmission du principe ultime par le maître. S’il reste du temps, il faut écouter (ce qui concerne) le Tendai.

 

 

Bonjour Mesdames et Messieurs.

Je remercie les nombreuses personnes venues, malgré le froid, participer à la veillée (à la cérémonie de Okô) par laquelle nous avons ensemble exprimé notre gratitude envers la bienfaisance de notre fondateur Nichiren Daishônin, par le biais de la lecture du sutra et la récitation du Daimoku.

Aujourd’hui, outre Okô, a lieu la cérémonie de "Otanjô é" célébrant la naissance de Nichiren Daishônin le 16 février. Par ailleurs, le 16, une pratique de Daimoku à titre de reconnaissance aura lieu au temple. Je souhaite que les personnes pouvant venir participent à cette pratique et que celles qui ne peuvent pratiquent chez elles ce Daimoku de gratitude.

La phrase du mois sur le calendrier est extraite des « Préceptes testamentaires de Nikkô ».

Nikkô Shônin s’est éteint le 7 février 1333. Un mois plus tôt, le 13 janvier, il écrivit ces « Préceptes testamentaires de Nikkô ». Ils représentent ses dernières exhortations vis-à-vis de tous les disciples futurs, concernant la vaste propagation et la pérennité éternelle du Dharma. Autrement dit, ce sont les dernières volontés de Nikkô Shônin.

J’ai dit à l’instant que ces préceptes s’adressaient à "tous les disciples futurs". Toutefois, il convient de bien comprendre que Nikkô Shônin ayant écrit lui-même à la fin de ce texte : "je laisse vingt-six articles pour le salut et la protection à travers l’éternité", il s’agit donc d’éléments s’adressant non seulement aux moines, mais que doivent respecter strictement aussi bien les moines que tous les pratiquants de la Nichiren Shôshû tout au long de l’éternité du futur.

Evoquant en particulier l’importance des instructions de Nikkô Shônin, le soixante-sixième Grand Patriarche Nittatsu Shônin donnait la directive suivante :

"Le deuxième fondateur, Nikkô Shônin, a hérité de la transmission légitime de Nichiren Daishônin. Puis, en tant que grand guide, il a indiqué la direction à suivre après l’extinction de Nichiren Daishônin. Aussi, lorsque l’on considère Nichiren Daishônin et son enseignement, c’est uniquement à travers l’intégralité des instructions et actions de Nikkô Shônin que l’on peut comprendre le véritable Dharma du Bouddha".

Les « Préceptes testamentaires de Nikkô » sont constitués de vingt-six articles. Chacun d’eux est très important. Il conviendrait, dans la mesure du possible, de tous les traduire. Toutefois, aujourd’hui, je vous ai fait distribuer la partie du début, qui est en quelque sorte le préambule et, également l’article publié dans le calendrier ainsi que l’article précédent.

La semaine dernière, lors de la cérémonie de Kôshi é, je vous disais que l’on pourrait ramener la vie entière de Nikkô Shônin à l’expression "suivre et servir en permanence". J’ai également abordé succinctement l’importance de la foi dans la relation de maître à disciple. A la lecture des « Préceptes testamentaires de Nikkô », on réalise que Nikkô Shônin s’est véritablement évertué à "protéger sincèrement jusqu’au bout le Dharma de Nichiren Daishônin".

Je vais à présent aborder le préambule.

Après mure réflexion, le soleil de sagesse diffusée dans la Fin du Dharma éclaire l’obscurité des offenses au Dharma extrêmement mauvaises et le vent merveilleux de la durée de la vie du passé lointain souffle et emporte la doctrine provisoire de l’éveil premier à Gayâ.

Nous avons ici l’expression "soleil de sagesse". Le Dharma de Nichiren Daishônin est comparé à la lumière du soleil ou encore à la lueur de la sagesse du Bouddha, grande lumière éclairant la Fin du Dharma, ère mauvaise en proie aux cinq souillures.

Dans le chapitre de la « Porte universelle » du « Sutra du Lotus », nous lisons :

"Soleil de sagesse supprimant les ténèbres".

Nichiren Daishônin, lui-même, dans le « Transmission orale de la doctrine » disait :

"Le soleil de sagesse est Nam Myôhôrengekyô que Nichiren diffuse à présent dans la Fin du Dharma. Le soleil de sagesse se résume au Bouddha, se résume au Dharma".

Ensuite, le passage : "le vent merveilleux de la durée de la vie du passé lointain souffle et emporte la doctrine provisoire de l’éveil premier à Gayâ" signifie que Nam Myôhôrengekyô, Dharma véritable du passé hors le temps, surpasse tous les enseignements du vénéré Śākya, y compris la doctrine éphémère du « Sutra du Lotus ».

Le vénéré Śākya lui-même, dans le chapitre des « Pouvoirs transcendantaux » enseigne : "Comme la clarté du soleil et de la lune est capable d’éliminer les ténèbres, cette personne, parcourant le monde, pourra dissiper l’obscurité des êtres". Il prédit ainsi l’apparition dans la Fin du Dharma du Bouddha originel, ultime identique à un homme ordinaire. Conformément à cette phrase du sutra, Nichiren Daishônin est apparu, révéla Nam Myôhôrengekyô, gardé par le Bouddha originel du passé hors le temps et établit le Dai Gohonzon des trois grands Dharmas ésotériques pour le salut de tous les êtres de la Fin du Dharma.

Dans les « Difficultés du Saint », il définit la signification de son apparition au monde :

"Si je n’étais pas apparu dans la Fin du Dharma, le Bouddha aurait été un grand menteur et Nombreux Trésors, ainsi que les Bouddhas des dix directions auraient attesté d’un grand mensonge. Pendant plus de deux mille deux cent trente ans après l’extinction du Bouddha, je suis le seul dans le Janbudvipa à sauver sa parole"

Ah ! Rencontrer le Dharma du Bouddha est rare. Même les exemples de la fleur Udumbara ou du creux du bois flottant sont encore insuffisants.

Ce passage souligne la difficulté de rencontrer le Dharma du Bouddha. La fleur Udumbara est une plante imaginaire fleurissant une fois tous les trois mille ans. On dit que lorsque cette fleure s’épanouit, un Bouddha apparaît. Quant au "creux du bois flottant", il s’agit de la parabole de la tortue borgne.

Dans le « Dialogue du Saint et du sot », Nichiren Daishônin écrit :

"Ainsi, rencontrer ce sutra est comparable à la fleur Udumbara ne s’épanouissant qu’une fois tous les trois mille ans ou à la rencontre de la tortue borgne n’ayant lieu qu’une fois par infinités incommensurables d’éons. Plantez une aiguille dans la terre et lancez une graine de moutarde depuis le palais du roi Dai Bonten. Il est plus difficile de rencontrer le Daimoku du Sutra du Lotus que de parvenir à planter la graine de moutarde sur la pointe de l’aiguille. Plantez une aiguille au sommet d’un mont Suméru. Essayez de faire traverser un fil depuis un autre mont Suméru par grand vent. Il est plus difficile de rencontrer le Daimoku du Sutra du Lotus que de passer le fil à travers le chas de l’aiguille".

Ce passage souligne la difficulté de rencontrer le Daimoku du « Sutra du Lotus ». Nichiren Daishônin donne deux exemples supplémentaires. L’un d’entre eux vient d’être lu. C’est : "Plantez une aiguille au sommet d’un mont Suméru. Essayez de faire traverser un fil depuis un autre mont Suméru par grand vent. Il est plus difficile de rencontrer le Daimoku du Sutra du Lotus que de passer le fil à travers le chas de l’aiguille".

Le mont Suméru se dresse au centre de la conception bouddhiste de l’univers. C’est une montagne d’une hauteur incroyable de 56 yojana (environ 560 000 kilomètres). La montagne la plus haute d’Europe de l’ouest est le Mont Blanc, dont la hauteur est de 4808 mètres. Il ne supporte pas la comparaison avec le mont Suméru. Il est donc plus difficile de rencontrer le Daimoku du « Sutra du Lotus » que de faire pendre un fil depuis le sommet du mont Suméru un jour de grand vent et de le faire passer par le chas d’une aiguille se trouvant sur la terre. Cette orientation montre la difficulté de rencontrer le Daimoku du « Sutra du Lotus », autrement dit Nam Myôhôrengekyô des trois grands Dharmas ésotériques.

Le dernier recensement indique que la population de la France était de 63 600 000 personnes en 2007. Parmi elles, combien ont déjà entendu Nam Myôhôrengekyô ? Même s’il y en a qui l’ont entendu, seuls vous, pratiquants du Shingyôji avez reçu avec foi le Gohonzon et vous efforcez dans la foi et la pratique.

Nous ne devons pas oublier le sentiment de gratitude vis-à-vis du fait d’avoir rencontré le Gohonzon si difficile à rencontrer et de pratiquer. C’est ce que dit Nikkô Shônin dans la phrase suivante :

" Ici, en raison d’un lien résiduel profond, par bonheur, nous avons rencontré ce sutra".

Nous avons reçu avec foi le Gohonzon en raison d’un lien résiduel profond.

Dans le « Traité sur la protection de la Nation », Nichiren Daishônin écrit :

"Entendre le Daimoku de ce sutra et éveiller la foi, dépend du bien résiduel profond. Par exemple, même un mauvais homme ignare, entendra immanquablement le nom de ce sutra et parviendra à la foi en raison de l’existence du bien résiduel du passé. C’est pourquoi, il ne tombera pas dans les mauvaises voies".

Bien entendu, les êtres de la Fin du Dharma sont des hommes ordinaires à l’état brut, dénués du bien à l’origine. Dès lors, pourquoi Nichiren Daishônin ou Nikkô Shônin parlent-ils d’un "lien résiduel profond" ? Cette question s’écarte du thème d’aujourd’hui, aussi ne vais-je répondre qu’en partie. Ceux qui, dans une vie passée, ont reçu avec foi le bon Dharma ont souhaité d’eux-mêmes commettre les mêmes actes que les êtres dénués du bien à l’origine, afin de naître dans le Fin du Dharma et de pouvoir aider à la propagation du Dharma.

Par ailleurs, Nichiren Daishônin écrivait : "Ceux qui, dans la Fin du Dharma, propagent les cinq caractères de Myôhôrengekyô ne doivent pas être particularisés en hommes et femmes. S’ils n’étaient pas tous la manifestation des bodhisattvas jaillis de terre, il leur serait difficile de réciter le Daimoku". Ainsi, chacun de nous est un être dénué du bien à l’origine. Toutefois, Nichiren Daishônin nous encourage, en affirmant que, du point de vue de la réalité, puisque nous avons une foi correcte dans le Gohonzon et récitons Nam Myôhôrengekyô, nous sommes tous apparentés aux bodhisattvas jaillis de terre. Il est donc essentiel de faire davantage d’efforts dans la pratique personnelle et la conversion d’autrui, avec cette prise de conscience et le sentiment de gratitude.

Ensuite, la dernière phrase du préambule :

Aussi, si, pour les disciples à venir je teinte le bout de mon pinceau pour écrire ces articles, c’est uniquement par respect pour les paroles d’or de la vaste propagation.

Ce que Nikkô Shônin a écrit ici, a pour unique but la réalisation de "Kôsen Rufu", la vaste propagation, dernières volontés de Nichiren Daishônin. Il écrit ensuite les vingt-six articles.

Je vais à présent lire à la suite les deux articles en question :

  Sans avoir auparavant assimilé la logique de la doctrine (de Nichiren Daishônin), il ne faut pas étudier le Tendai.

  Dans ce courant, il convient d’imprégner son cœur du Gosho et d’en recevoir la transmission du principe ultime par le maître. S’il reste du temps, il faut écouter (ce qui concerne) le Tendai.

Ces deux phrases expriment des éléments similaires.

La première phrase est une instruction nous demandant avant tout de bien intégrer le Dharma de Nichiren Daishônin en suivant le maître. Si, avant d’avoir établi notre foi vis-à-vis du Dharma de Nichiren Daishônin, ou avant d’avoir compris sérieusement ses bases, nous étudions le Tendai, nous finirons par faire comme les cinq moines ainés qui, tout en étant disciples de Nichiren Daishônin, se qualifiaient de "moines du Tendai". De telles personnes existaient même à l’époque de Nikkô Shônin. C’est la raison pour laquelle il donna en particulier cette instruction.

Le « Sutra du Lotus » est le sutra de référence de l’école du Tendai. Toutefois, il s’agit là du « Sutra du Lotus » au niveau des phrases, prêché par le vénéré Śākya, différent du « Sutra du Lotus » du profond des phrases du chapitre « Durée de la vie », enseigné par Nichiren Daishônin.

De la même manière, de nombreux groupes religieux portent le nom de "Nichiren". Toutefois, aucun d’eux ne pratique correctement le Dharma de Nichiren Daishônin. Ils prennent le vénéré Śākya comme Honzon, certains enchâssent même Hārītī, c’est-à-dire Kishimojin, la mère ogresse. Lire les enseignements ou les livres de ces groupes religieux alors que notre pratique de la Nichiren Shôshû est immature et que dès lors, nous n’avons pas encore la capacité de jugement, il est possible de se laisser entrainer, un jour ou l’autre par ces enseignements. C’est pourquoi, il est important en premier lieu d’établir en nous l’enseignement de Nichiren Daishônin sur la base de la foi, de la pratique et de l’étude.

Pour ce faire, l’important est indiqué dans la phrase suivante.

"Dans ce courant, il convient d’imprégner son cœur du Gosho et d’en recevoir la transmission du principe ultime par le maître. S’il reste du temps, il faut écouter (ce qui concerne) le Tendai".

Puisque l’enseignement de Nichiren Daishônin est consigné dans le Gosho, il est naturel, dans la Nichiren Shôshû de lire le Gosho. Or, il faut le lire avec la foi correcte. Il n’est pas permis de le lire sur la base de nos propres interprétations ou conceptions.

Pour lire correctement le Gosho, il est donc essentiel d’en recevoir le "principe ultime" par le maître héritier de la transmission vitale. Ce "principe ultime" est la doctrine essentielle du profond des phrases de Nichiren Daishônin. Cette doctrine ne peut être transmise que par l’héritier de la transmission vitale à la personne unique.

Les autres courants Nichiren aussi, lisent le « Traité qui ouvre les yeux » ou le « Traité sur le Honzon de l’observation du cœur ». Or, ils ne peuvent absolument pas lire ces Gosho de la bonne manière. La raison est qu’ils ne possèdent pas la transmission.

Dans la Nichiren Shôshû, le « Traité qui ouvre les yeux » est considéré comme "l’écrit révélant le Honzon en tant que Personne". C’est un important Gosho dans lequel Nichiren Daishônin révèle qu’il est le Bouddha originel de la Fin du Dharma. Or, pour les autres courants le Bouddha originel est le vénéré Śākya et Nichiren Daishônin est un bodhisattva.

Bien entendu, il n’y a écrit nulle part dans le « Traité qui ouvre les yeux » que Nichiren Daishônin est le Bouddha originel. Finalement, c’est justement parce qu’il n’y a rien d’indiqué en ce sens à la surface, qu’il s’agit du "principe ultime", impossible à savoir sans bénéficier de la transmission du véritable maître ayant lui-même reçu la transmission.

Pour cette raison, Nichiren Daishônin écrivait :

"Ce Sutra est difficile à savoir sans la transmission".

Il dit encore :

"Sans la transmission vitale de la foi, garder même le Sutra du Lotus est inutile".

Il est donc essentiel que nous nous efforcions dans la foi, la pratique et l’étude en respectant le Grand Patriarche actuel Nichinyo Shônin comme le maître véritable, en nous rapprochant de lui et le suivant et, ainsi, héritions de la transmission vitale de la foi.

Nikkô Shônin nous dit ensuite que, si nous avons le temps, nous pouvons étudier le Tendai et les autres éléments d’étude.

Là encore, il est nécessaire d’avoir à l’esprit que cette étude a des fins de réfutations et doit avoir pour but de saisir la substance intérieure du Tendai ou du « Sutra du Lotus » pour mettre en valeur le Dharma de Nichiren Daishônin.

En fait, dans la Nichiren Shôshû, après avoir passé dix ans d’ascèse et été nommé maître enseignant, on entre dans l’école Fuji où l’on étudie pendant douze ans les trois œuvres majeures du Tendai. Moi-même, j’ai pu étudier et finir mes études sans encombre. Ceci est un exemple montrant que la Nichiren Shôshû existe conformément aux préceptes testamentaires de Nikkô Shônin, même après sept cents ans.

J’ai parlé assez longuement pour évoquer une partie de l’esprit de Nikkô Shônin à partir d’une phrase de ses préceptes testamentaires. Ce mois-ci est le mois de la naissance de Nichiren Daishônin et de l’extinction de Nikkô Shônin. Pensons à l’état de vie unique de Nichiren Daishônin et de Nikkô Shônin et efforçons-nous davantage dans la pratique personnelle et la conversion d’autrui en suivant le Souverain du Dharma Nichinyo Shônin.

Je termine le sermon de ce jour en priant pour votre énergie. Je vous remercie d’être venus.

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