Décembre 2013

Lettre adressée à Messire Soya entré dans la voie

『Soya nyûdô dono moto gosho - 曽谷入道殿許御書』

Dans le Sutra du Nirvana, il est dit : « à l’intérieur il y a des disciples comprenant les doctrines profondes. A l’extérieur, il y a des bienfaiteurs purs désirant la pérennité de l’enseignement du Bouddha ».

Je vous remercie d’être venus nombreux vous recueillir au temple pour exprimer ensemble notre gratitude envers la bienfaisance de notre fondateur, Nichiren Daishônin, par le biais de la dernière cérémonie de Okô de l’année.

Dimanche dernier, nous avons mené à bonne fin notre mission en réalisant notre objectif de l’année qui était de 23 personnes. Il s’agit là, bien entendu de la protection du Gohonzon, mais aussi du résultat de vos prières et de votre énergie, dont je vous félicite.

L’année prochaine sera la dernière année avant la réalisation de l’augmentation de 50% du nombre des membres du Hokkekô. Efforçons-nous sérieusement dans la foi et la pratique dès le premier jour de la nouvelle année en renouvelant notre résolution.

Par ailleurs, traditionnellement, le mois de janvier est le mois de la pratique du Daimoku au temple principal dirigée par le grand Patriarche Nichinyo Shônin. Aussi, au Shingyôji, tous les jours après le Gongyô du soir, une pratique d’une heure de Daimoku sera effectuée. Je compte vivement sur votre participation tant que votre emploi du temps le permet. J’invite les personnes ne pouvant pas venir au temple à pratiquer une heure de Daimoku chez elles.

Ce mois-ci, nous étudions un extrait d’une Lettre adressée à Messire Soya entré dans la voie.

Cette lettre est datée du 10ème jour du 3ème mois de la 12ème année de Bun’ei (1275). Nichiren Daishônin avait alors 54 ans et résidait désormais au mont Minobu. L’original de ce Gosho se trouverait au temple Hokkekyôji du courant Nakayama.

Cette lettre était adressée à Soya Kyôshin et Ôta Jômyô. Pour cette raison, elle est aussi bien appelée Lettre adressée à Soya Nyûdô que Lettre adressée à Ôta zenmon.

Le récipiendaire de cette lettre était Soya Jirô Hyôe no jô Kyôshin. Nichiren Daishônin l’appelait également « Soya Nyûdô » (Soya entré dans la voie) ou Kyôshin gobô » (le moine Kyôshin). Il lui attribua également le nom du Dharma « Hôren Nichirei ».

L’autre récipiendaire de la lettre était Ôta Gorô Saemon no jô Jômyô. Nichiren Daishônin l’appelait également « Jômyô Shônin » ou « Ôta Kingo ». Il lui attribua le nom du Dharma « Myônichi ».

Soya Kyôshin et Ôta Jômyô se convertirent à l’enseignement de Nichiren Daishônin tout de suite après la fondation de l’école. Tous deux étaient des pratiquants passionnés qui protégèrent Nichiren Daishônin qu’il se trouva à Kamakura, à Sado ou encore à Minobu. Ils auraient travaillé à la Commission d'enquête (qui correspond aujourd’hui au Palais de Justice) du gouvernement militaire de Kamakura. Parmi tous les Gosho que leur adressa Nichiren Daishônin, nombre d’entre eux sont en Chinois classique, ce qui laisse à supposer qu’ils étaient dotés d’une grande culture. En outre, ils occupaient un rôle central au sein de la communauté des pratiquants.

Je vais à présent parler succinctement du Gosho dans son ensemble.

Au tout début du texte, Nichiren Daishônin écrit : « Après mûres réflexions, il s’avère que pour guérir d’une grave maladie, il faut rechercher le bon remède et, afin de sauver ceux qui commettent les cinq fautes de rébellion ou l’offense au Dharma, il n’existe rien d’autre que le Dharma essentiel ».

L’aspect des êtres de la fin du Dharma souffrant du fait d’avoir commis l’offense au Dharma et les cinq fautes rébellion (tuer sa mère, tuer son père, tuer un arhat, Faire couler le sang du Bouddha et détruire l’harmonie de la congrégation) en raison des trois poisons que sont la cupidité, la colère et la stupidité est comparable à des malades atteints d’une grave affection. Seul le bon remède est capable de guérir cette maladie et c’est non pas l’enseignement de Śākyamuni, mais les trois grands Dharmas ésotériques érigés par Nichiren Daishônin, le Bouddha originel de la Fin du Dharma. Tel est le thème principal développé uniformément tout au long de ce Gosho.

Nichiren Daishônin souligne ensuite l’importance de connaître les cinq critères des religions (l’enseignement, les prédispositions, le temps, le pays et les enseignements propagés avant et devant être propagés après), les enseignements devant être propagés différents en fonction de l’enseignement, des prédispositions, du temps et du pays.

Au sein des prédispositions, il établit la différence entre posséder le bien à l’origine (hon i u zen) et ne pas posséder le bien à l’origine (hon mi u zen). Il démontre alors que seuls les cinq caractères de Myôhôrengekyô sont aptes à faire recevoir des bienfaits aux êtres dénués du bien à l’origine que sont les êtres de la Fin du Dharma.

Nichiren Daishônin enseigne ensuite qu’il existe trois périodes après l’extinction du Bouddha Śākyamuni : la Rectitude, la Semblance et la Fin du Dharma. Puis, il indique l’ordre de la diffusion de l’enseignement du point de vue des quatre doctrines du temps, de l’adaptation de la prédisposition et du Dharma. Il indique ensuite les quatre valeureux appuis (les grands maîtres Nányuè, Zhiyi, Miàolè et Saichô) qui, en fonction de leur rôle et de leur domaine, diffusèrent l’enseignement conformément à une logique.

Nichiren Daishônin ajoute que dans la Fin du Dharma, le grand Dharma ésotérique et non pas les enseignements développés dans les périodes de la Rectitude et de la Semblance du Dharma, apporte le bienfait aux êtres.

Nichiren Daishônin réfute ensuite les enseignements du Shingon enseignés par Kôbô et ceux du Nenbutsu comme étant des enseignements excessivement nuisibles, écrivant : « les paroles erronées du grand maître Kôbô (…) le "pas un entre mille" de Shantao et le "rejeter, refermer, ignorer et abandonner" de Hônen présentent une différence aussi grande qu’entre les nuages et la boue ».

Nichiren Daishônin écrit ensuite : « Afin de propager ce grand Dharma, il faut absolument avoir à porté de main les saints enseignements prodigués par le Bouddha au cours de sa vie et avoir étudié les écrits et commentaires des huit écoles ». Il souligne ici l’importance de juger l’enseignement du Bouddha Śākyamuni et de faire clairement la distinction entre ce qui est profond et superficiel, élevé et inférieur au sein de « l’aspect doctrinal » et de montrer la signification du Sutra du Lotus.

Il indique ensuite que son attitude consiste en tout état de cause à donner un enseignement conforme aux phrases du sutra.

Il poursuit en expliquant le rôle des moines et des pratiquants par le biais du passage de ce mois citant un extrait du Sutra du Nirvana :

À l’intérieur il y a des disciples comprenant les doctrines profondes. A l’extérieur, il y a des bienfaiteurs purs désirant la pérennité de l’enseignement du Bouddha ».

Il demande ensuite à Soya et à Ôta de collecter les sutras conservés dans les temples de la région de Etchû où se trouvent leurs fiefs et de les lui apporter.

Enfin, il termine cette lettre par des encouragements à la foi, disant que s’ils s’efforcent dans la pratique telle que l’enseigne Nichiren Daishônin, ils obtiendront de grands bienfaits.

Je vais à présent détailler l’extrait du Gosho.

Dans le Sutra du Nirvana, il est dit : « à l’intérieur il y a des disciples comprenant les doctrines profondes. A l’extérieur, il y a des bienfaiteurs purs désirant la pérennité de l’enseignement du Bouddha ».

Comme je l’ai dit dans mon explication de l’ensemble de ce Gosho, ce passage se situe à la fin de la lettre.

Au sein des cinq périodes, le Sutra du Nirvana se situe dans la dernière période appelée « Lotus-Nirvana ». Il fut prêché après le Sutra du Lotus, dont il réitère les enseignements.

Ce passage enseigne la « protection du Dharma ». Au sein de cette protection du Dharma, il y a la « protection intérieure » qui s’opère par la délégation à transmettre et la « protection extérieure » qui s’opère par la délégation à protéger.

En ce qui concerne la « protection intérieure », comme l’énonce la phrase « à l’intérieur il y a des disciples comprenant les doctrines profondes, ce rôle incombe aux moines qui ont pour mission de protéger le Dharma correct.

La délégation à transmettre, telle qu’elle s’opère dans la Nichiren Shôshû, désigne la transmission du corps du Dharma et de la doctrine depuis Nichiren Daishônin aux grands patriarches successifs, par le biais de la transmission vitale à la personne unique, par laquelle s’écoule l’eau du Dharma versée d’un récipient à l’autre, assurant ainsi la transmission ininterrompue du Dharma.

C’est également l’attitude de la foi dans la non dualité du maître et des disciples envers le Souverain du Dharma, à travers laquelle les moines de la Nichiren Shôshû, tout en étudiant la signification ultime du Dharma et de la profonde doctrine correcte, transmettent l’enseignement. Obéir avec foi au Grand Patriarche du moment, héritier de la transmission vitale à la personne unique, recevoir le pouvoir du Dharma absolu et incomparable avec une foi ferme, étudier et s’entrainer dans l’étude des enseignements et travailler à la pérennité éternelle du Dharma correct par des paroles et des écrits, telle est la signification de la protection intérieure.

Quant à la « protection extérieure », comme l’indique la phrase « à l’extérieur, il y a des bienfaiteurs purs désirant la pérennité de l’enseignement du Bouddha », elle désigne le rôle des fidèles protégeant le Dharma correct de l’extérieur.

Autrement dit, ils se situent à l’extérieur de la congrégation des moines et protègent l’enseignement du Bouddha par leur capacité financière et leur influence, permettent la pérennité éternelle du Dharma en éliminant les obstacles et ont pour ambition de faciliter la transmission.

Vous-mêmes en plus de votre travail, de votre vie familiale, vous vous efforcez dans shakubuku, la récitation du Daimoku et les offrandes, par une foi pure, basée sur le Dai Gohonzon du Kaidan de la doctrine originelle et les directives du Souverain du Dharma. Cette attitude tentant de développer la vaste propagation est ce qu’on appelle la « protection extérieure ».

Le fait que ces deux éléments la « protection intérieure » et la « protection extérieure » soient cités ici, signifie que si un seul des deux venait à manquer, il ne pourrait alors y avoir de pérennité éternelle du Dharma.

En effet, c’est par la confiance et le respect mutuels entre les moines et les pratiquants, dont les rôles sont différents et en accomplissant leur propre devoir, que le but de protéger le Dharma sera atteint. Là réside la raison de l’importance de l’unité harmonieuse entre les moines et les pratiquants.

Par ailleurs, il faut savoir que de grandes œuvres et vertus sont inhérentes à cette protection.

En effet, dans la Lettre de Sado, Nichiren Daishônin écrit par exemple :

De plus, les hommes peuvent recevoir en tant que rétribution des souffrances variées de manière légère en cette vie. Ceci en raison du pouvoir des œuvres et vertus d’avoir protégé le Dharma.

Citant cette phrase du Sutra de la grande extinction, Nichiren Daishônin explique le principe par lequel les œuvres et vertus inhérentes au fait d’avoir reçu et de protéger le Dharma correct permettent de transformer le karma accumulé d’offenses au Dharma et d’en recevoir les rétributions de manière légère et d’échapper ainsi aux souffrances de cette vie et d’effacer ces graves fautes.

Nichiren Daishônin écrit également :

Sachez que si Nichiren et les siens sont des corps différents animés du même cœur, même s’ils ne sont pas nombreux, ils pourront réaliser de grandes œuvres et il est certain que le Sutra du Lotus sera propagé ».

Il dit également

« Lorsque le bon maître, les bons disciples et le bon Dharma sont tous trois réunis, les prières sont exaucées ».

Comme l’indiquent ces directives, nous, moines et pratiquants, devons œuvrer à la pérennité éternelle du Dharma et à la vaste propagation dans l’unité des corps différents animés du même cœur en protégeant le Dharma de l’intérieur et de l’extérieur en nous conformant aux orientations du Souverain du Dharma, héritier de la transmission vitale à la personne unique.

Ce qui est nécessaire à la réalisation de Kôsen Rufu est shakubuku. Pour réaliser ce grand vœu de la vaste propagation, il faut progresser avec énergie dans la pratique personnelle qu’est le Gongyô et la pratique de la conversion d’autrui qu’est shakubuku.

Je termine ce sermon de gratitude de ce mois envers la bienfaisance de Nichiren Daishônin en priant pour votre énergie, afin que vous preniez soin de votre santé et n’ayez pas de regrets en cette fin d’année et pour que vous preniez le départ de la nouvelle année en pleine forme dès le premier jour.

Merci de votre visite au temple.

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