Sermon de Okô

Décembre 2010

Réponse à Messire Shijô Kingo

 

Quelles que soient les choses déplaisantes pouvant survenir parmi les disciples de cette doctrine, ils doivent ne rien voir, ne rien entendre et ne rien dire.

 

Il ne reste plus que 2 semaines d’ici la fin de cette année. Il y a un an, j’ai été nommé ici et le temps est passé en un clin d’œil. Il reste beaucoup de points sur lesquels je ne suis pas encore habitué. Je vous demande votre coopération et votre soutien pour ensemble participer au développement de la vaste propagation en France.

A l’origine, il existait deux Gosho : un tout petit, constituant le début d’une lettre dont la fin avait disparu et un plus grand, auquel il manquait le début. Ils portent sur la non-piété filiale d’une part et d’autre part sur les vertus cachées et les rétributions visibles. Personne ne savait à qui ils étaient adressés ni leur date d’écriture. Nichiren Daishônin écrivait sur une feuille de papier qu’il pliait et sur laquelle il apposait le nom du destinataire. Il la transmettait ensuite à un messager. A la longue des lectures, la pliure s’affaiblit et se déchire, même en conservant la lettre avec la plus grande attention. La qualité du papier également s’altère et finalement, une partie peut disparaître.

L’expression et la forme d’écriture de Nichiren Daishônin ont évolué en dix ans. Lors des recherches effectuées par la Nichiren Shôshû, il a pu être découvert une similitude dans l’écriture, les expressions utilisées et un contenu lié dans ces deux Gosho. On a déduit qu’ils formaient un seul et unique Gosho. Le Gosho de ce mois, intitulé jadis « sur les vertus cachées et les rétributions visibles » a donc été renommé Réponse à Messire Shijô Kingo.

Nous existons grâce à nos parents et ancêtres. La bouddhéité est donc liée à nos parents et ancêtres. Rejeter l’enseignement du sutra du Lotus revient à brûler la graine de bouddhéité présente en nous et empêche nos parents et ancêtres eux-mêmes de devenir Bouddha. Cela représente alors de la non-piété filiale.

Le 12 septembre 1271, Nichiren Daishônin fut arrêté en pleine nuit et emmené sur le lieu d’exécution de Tatsunokuchi. Sur le chemin, il fit une remontrance au boddhisattva Hachiman. La demeure de Shijô Kingo (désormais un temple) était aussi située dans les environs du chemin emprunté. Nichiren Daishônin demanda de s’arrêter, pour envoyer quelqu’un prévenir Shijô Kingo, ce qui fut accepté. Shijô Kingo et ses deux frères arrivèrent en toute hâte et purent accompagner Nichiren Daishônin sur son lieu d’exécution. Huit ans plus tard (1279), les frères de Shijô Kingo avaient cessé de pratiquer.

Au retour de Sado de Nichiren Daishônin, Shijô Kingo avait raffermi sa foi en lui et en sa qualité de Bouddha originel. Comme cela a déjà été évoqué, Shijô Kingo rencontra de nombreuses difficultés lorsqu’il a voulu faire shakubuku à son Seigneur. Pour un samouraï, perdre sa terre c’est perdre sa vie. Or, le Seigneur alla jusqu’à confisquer les terres de Shijô Kingo, ce qui le priva de moyens de subsistance. Bien que sans domaine, Shijô Kingo eut toujours le souhait de sauver son Seigneur. Il continua donc sa pratique. Ses collègues samouraïs, qui le détestaient depuis longtemps, intriguèrent contre lui. Shijô Kingo était de nature colérique et se laissait facilement emporter. Cependant, grâce aux directives de Nichiren Daishônin, l’encourageant à continuer sa pratique avec sa femme et de ne pas sortir de chez lui, il put éviter d’aggraver sa situation. Personne n’a jamais vu Shijô Kingo pratiquer chez lui. Personne ne connaissait le respect qu’il avait pour son Seigneur. Il continua cependant honnêtement et sincèrement sa pratique. Cette attitude est ce qu’on appelle les vertus cachées. La rétribution visible pour Shijô Kingo fut de recevoir un domaine trois fois plus grand.

Accumuler des vertus cachées est très respectable. Nous ne faisons pas Daimoku car quelqu’un nous regarde mais parce que nous avons foi dans le Gohonzon. Il existe différentes sortes de Daimoku : pour devenir Bouddha, pour résoudre nos difficultés, … Nous sommes toujours seuls devant le Gohonzon. Lorsque nous sommes sincères dans la pratique, le Gohonzon le ressent. Si par contre, nous faisons n’importe quoi, le Gohonzon le ressent aussi.

Nichiren Daishônin dit à Shijô Kingo que recevoir ce domaine trois fois plus grand n’était qu’un petit bienfait. Il ajouta qu’un plus grand bienfait allait apparaître (le fait de devenir bouddha). Une belle maison, une belle voiture, de l’argent sont des bienfaits matériels et, à ce titre, provisoires. Une fois morts, nous ne les emportons pas avec nous. Nous ne pouvons emporter que notre foi. Nous emmenons également notre karma, même celui dont nous préférerions nous débarrasser. Pratiquer sérieusement tous les jours est la seule chose que nous pouvons faire. Nous pratiquons pour devenir bouddha mais aussi pour effacer un à un les « mauvais karmas » accumulés. C’est ce qu’on appelle la purification des six racines. Par notre pratique, nous accumulons du bon karma. L’enseignement de Nichiren Daishônin vise à nous faire devenir bouddha dès ce corps, au cours de cette vie.

Il existe deux sortes de bienfaits : les bienfaits apparents et inapparents. Nous aimerions que les bienfaits soient apparents.

Lorsque je voyage en Europe, on me pose beaucoup de questions. L’une d’entre elles dit en substance : « on m’a dit qu’en pratiquant, je deviendrais heureux mais il ne se passe rien. ». Comment y répondre ? Le bouddhisme nous enseigne les trois phases : passé, présent et futur. Personne ne peut savoir ce que nous avons fait dans nos vies passées. Peut-être avons-nous accumulé un très lourd karma négatif ou alors un karma plutôt léger. Si nous ne lavons pas les vêtements à fond, ils ne deviennent pas propres. Le Daimoku est comme la lessive de notre vie. Lorsque le linge est lavé, la saleté sort. Même sans être visibles, les bienfaits cachés s’accumulent au fond de notre vie lorsque nous pratiquons. Quand au bout d’un certain temps, nous ressentons de la joie à réciter Daimoku, les bienfaits apparaissent. Il n’y a rien de magique dans cette pratique. Il est possible qu’un Daimoku puisse avoir de grands bienfaits mais c’est superficiel.

Recevoir est facile, garder est difficile mais la bouddhéité réside dans le fait de garder. Quoiqu’il arrive, si nous continuons à réciter Daimoku, les vertus cachées se transformeront en rétributions visibles.

La phrase de ce mois est à la fin du Gosho.

A la lecture de celle-ci, nous pouvons penser qu’il y a eu une dispute entre Shijô Kingo et ses frères. Par sa nature colérique, Shijô Kingo dut s’énerver contre ses frères lorsqu’ils commencèrent à arrêter la pratique. Ses frères ont dû lui rétorquer : « pourquoi nous parles-tu ainsi puisque tu es frère cadet ? ».

On peut entendre : « qu’est-ce que tu parles de ma foi, toi qui commences à pratiquer ? ». Il n’est pas nécessaire de s’attacher au nombre d’années de pratique. L’important est la profondeur de la foi dans le Gohonzon. Il est naturel d’avoir du respect pour les pratiquants de longue date. Si tous, les uns envers les autres, devenons des parents éduquant les enfants, alors le Hokkekô deviendra idéal.

Nous sommes des êtres ordinaires et si nous entendons des critiques, nous ne sommes pas contents. Nous nous laissons aller à l’émotion et le faisons savoir à la personne qui nous a critiqués. Lorsque les états de vie des ashuras se confrontent, il n’y a que le monde des ashuras qui apparaît.

Nichiren Daishônin parlait de « neuf pensées, une parole ». Avant de prononcer une parole, il est nécessaire de penser neuf fois. Si nous nous laissons aller à nos impulsions alors le mal est fait. Si vous êtes en colère, récitez Nam Myôhôrengekyô. Même en disant la même chose, la manière de le dire et de le recevoir sera différente car tout sera dit calmement.

Entre les pratiquants, nous voyons certaines choses qui nous déplaisent. Toutefois, il faut ne rien voir, ne rien entendre et ne rien dire, pour être en bons termes. Le fait d’appliquer cette directive et de continuer à pratiquer fait partie des vertus cachées. Toutes ces choses sont clairement vues par le Gohonzon. Les rétributions deviendront alors visibles.

Il faut savoir dire ce qui ne va pas. L’attitude pour les dire, la façon de s’exprimer sont également déterminantes. La fierté et l’arrogance ne mènent à rien. Il faut savoir être souple et plaisant. Entre nous, lorsque nous entendons des médisances, il faut penser de cette personne « le pauvre » et pratiquer pour lui car « Le malheur sort de la bouche et détruit le corps » (Mushi Mochi Gosho).

Ce qui est écrit dans ce Gosho est la synthèse faite par Nichiren Daishônin des écrits bouddhiques et non bouddhiques. Posséder cet esprit est essentiel à notre progression. Ces directives sont importantes, tout comme avoir du respect mutuel les uns pour les autres car nous sommes tous apparentés aux bodhisattvas jaillis de terre. Il est essentiel de nous encourager mutuellement.

Je termine ces mots en abordant le thème de mes déplacements. A la demande du Temple Principal, le Shingyôji de Montreuil devient le temple central de l’Europe. Je visiterai les pays sans temple accompagné d’un moine du département d’Outremer trois fois par an et m’y rendrai seul plusieurs autres fois. Pendant mes absences, je vous demande de protéger le temple et de protéger le Gohonzon. Je suis conscient de la gêne occasionnée par mes déplacements mais c’est aussi une aide pour les pays d’Europe et les personnes pratiquantes de la même école.

Je vous remercie

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