Avril 2014

Au sujet de Rājaghra

『Oshajô ji - 王舎城事』

Le fait que ses prières n’aient pas été exaucées est comme un puissant arc doté d’une corde faible ou comme un sabre long ou à double tranchant manié par un poltron. Ce n’est en aucun cas la faute du Sutra du Lotus.

Je suis très heureux de votre visite au temple, depuis la France et les pays étrangers pour participer à la cérémonie d’expression de notre gratitude envers la bienfaisance de notre fondateur Nichiren Daishônin et d’avoir pu, ensemble, lui manifester cette gratitude.

Le Gosho lu aujourd’hui s’intitule Au sujet de Rājaghra ou Oshajô-ji en Japonais. Nichiren Daishônin l’a écrit à Minobu, le 12ème jour du 4ème mois de la 2ème année de Kenji (1276).

Ce Gosho est la réponse à une offrande de cinq cents pièces de monnaie, ainsi que l’information du grand incendie qui avait éclaté à Kamakura, faites par Messire Shijô Kingo, qui habitait à cette époque à Kamakura.

Je vais à présent expliquer le Gosho dans son ensemble.

J’ai dit qu’il s’agissait d’une « réponse quant à l’information faite par Shijô Kingo du grand incendie de Kamakura ». En ce qui concerne la destruction par le feu du Palais (résidence de l’homme au pouvoir », Nichiren Daishônin révèle que du point de vue du bouddhisme, il s’agit du présage de l’accomplissement de la rétribution dans tout le Japon des offenses au Dharma commises par des hommes tels Ryôkan.

Nichiren Daishônin précise ensuite que sa sévère admonestation au sujet de l’invasion des Mongols, affirmant qu’il s’agit de la « punition infligée par les divinités célestes au souverain du Japon et à ses ministres devenus ennemis du Sutra du Lotus » n’est nullement une menace de sa part, provoquée par une haine quelconque envers le souverain ou le peuple. Il s’agit au contraire du reflet de sa grande compassion de vouloir les sauver des grandes souffrances de l’enfer aux souffrances sans intermittence.

Nichiren Daishônin évoque ensuite l’histoire de Rājaghra (Oshajô en Japonais), légende d’une cité de l’Inde. Afin d’éviter les incendies à répétition que subissait la ville, son roi, doté de bonne fortune, donna le nom de sa propre demeure Rājaghra (palais royal), à toutes les habitations, les appelant toutes « palais royal », ce qui eut pour effet d’arrêter les incendies. Nichiren Daishônin cite cet exemple pour montrer que les saints et les sages, qui ont de bonnes rétributions, ne subissent pas d’incendies.

Il explique qu’à l’inverse, le fait que le palais de Kamakura ait brûlé indique que la bonne fortune du Japon s’est épuisée et que la cause de la destruction du pays réside dans les offenses au Dharma, faisant un jeu de mot en citant le moine Ryôkan (Ryôkan bô), l’appelant « Ryôka bô », ce qui signifie « moine au double incendie ».

En fait, puisque le nom révèle la substance, le grand offenseur du Dharma qu’était Ryôkan était la cause de deux incendies. Le premier fut celui de son propre temple, le Gokurakuji, l’autre celui du Palais. Dans un autre sens, le premier incendie est celui de la vie présente au cours duquel le Palais et le pays sont dévastés par le feu, le second incendie étant celui de la vie future au cours de laquelle le maître et ses disciples brûleront dans le feu de l’enfer aux souffrances sans intermittence, indiquant le caractère horrible des deux incendies.

Nichiren Daishônin admoneste ensuite l’épouse de Shijô Kingo, lui disant que si ses prières ne sont pas exaucées, ce n’est en rien la faute du Sutra du Lotus. La satisfaction ou non d’une prière réside dans la foi même de celui qui prie. Cela dépend de l’existence ou non d’une foi résolue interdisant sévèrement les offenses au Dharma.

La phrase de ce mois se situe à cet endroit du texte.

Nichiren Daishônin indique ensuite que pour un être humain, s’opposer à ses parents ou au souverain du pays relève d’un manque de piété filiale ou de loyauté. Par contre, ne pas obéir à ses parents ou au suzerain qui s’opposent au Sutra du Lotus représente la véritable piété filiale et le paiement de sa dette de gratitude.

Evoquant alors sa propre attitude, Nichiren Daishônin indique qu’il n’a ni cédé aux paroles de ses parents et de son maître, tentant de faire obstacle à la voie vers la boddhéité, ni n’a eu peur des deux exils infligés par le Souverain et qu’il a poursuivi don ascèse de pratiquant du Sutra du Lotus. Il affirme alors haut et fort qu’il est le seul au Japon à avoir, éveillé la protection des divinités célestes, en tant que rétribution de cette attitude.

Il termine cette lettre en montrant qu’en cette période où l’attaque des Mongols plonge la nation dans une crise qui est une question de vie ou de mort, s’il réprimande les offenses au Dharma du souverain et du peuple ce n’est en rien pour les menacer. Au contraire, c’est par compassion, pour les sauver, en tant que parent du souverain et maître de tous les êtres, c’est une réprimande faite du point de vue des trois vertus de souverain, maître et parents.

Je vais à présent commenter le passage de ce mois.

Le fait que ses prières n’aient pas été exaucées est comme un puissant arc doté d’une corde faible ou comme un sabre long ou à double tranchant manié par un poltron. Ce n’est en aucun cas la faute du Sutra du Lotus.

Lorsqu’on récite le Daimoku envers le Gohonzon et que l’on prie, si la prière n’est pas exaucée, c’est comme un arc qui, malgré sa bonne facture et sa grande souplesse, aurait une corde pendant faiblement sans tension. L’utiliser ne permettrait à aucune flèche de s’envoler.

Où bien, aussi affuté soit un sabre, si celui qui le manipule est un poltron, qu’en outre il ne sait pas s’en servir et n’a pas d’entrainement, cet excellent sabre ne lui sera d’aucune utilité.

Aussi, si une prière n’est pas exaucée, ce n’est en aucun cas parce que l’enseignement du Sutra du Lotus n’a pas de pouvoir. Tout dépend uniquement de l’état de la pratique de celui qui prie.

Ce Gohonzon est un arc doté d’une grande flexibilité. Ensuite si l’on pose une  corde bien tendue symbolisant notre forte foi et notre récitation de Daimoku et qu’on utilise une flèche, si l’on tire de toutes ses forces, visant la cible et qu’on lâche les doigts, l’arc joue alors pleinement son rôle.

Par ailleurs, il est dit que ce Gohonzon est le sabre affuté capable de couper l’obscurité des mauvaises passions. Il nous permet d’éliminer l’un après l’autre tous les obstacles se dressant devant nous pour entraver notre passage. C’est le meilleur sabre, la meilleure épée.

Si celui qui a foi en ce Gohonzon est un poltron ou que sa foi est dénuée de conviction, il ne peut pas recevoir les œuvres et vertus du Gohonzon.

Dans la Réponse à la nonne Nichigon, Nichiren Daishônin écrit :

« Que [votre prière] soit exaucée ou non dépend de votre foi. Ce n’est nullement ma faute ».

Si une prière ne trouve pas de réponse, il est alors important de ne pas penser que la cause est ailleurs et de réviser notre propre attitude dans la pratique.

En même temps, il est essentiel de ne pas se limiter à la pratique personnelle et de pratiquer également avec ferveur la conversion d’autrui.

Afin de pouvoir montrer avec dignité au Dai Gohonzon et au Grand Patriarche Nichinyo Shônin la foi des membres du Hokkekô du Shingyôji et des membres des Hokkekô des pays d’Europe, pratiquons chaque jour le Daimoku et efforçons-nous dans shakubuku dans la perspective de la réalisation de notre mission.

C’est par ces mots que j’achève mon sermon de reconnaissance. Merci de votre visite au temple.

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