Sermon de Okô

Avril 2010

 

Réponse à Messire Matsuno

Dans le quatrième volume de ce sutra, il est dit : qu'il soit laïc ou qu'il soit moine, critiquer ne serait-ce que d'un mot celui qui garde le Sutra du Lotus est un crime grave, plus grave que de critiquer directement le vénéré Shakya pendant un éon. Le sutra rajoute "que ce soit à tort ou à raison". Lisant cela, je me fais cette réflexion : même s'ils l'ont oublié, ceux qui gardent le Sutra du Lotus ne doivent pas se critiquer mutuellement. La raison est que tous ceux qui gardent le Sutra du Lotus sont immanquablement Bouddha. Critiquer un Bouddha est un crime.

 

Nichiren Daishônin a écrit ce traité le 9 décembre de la 2e année de Kenji (1276) à l’âge de 55 ans. Il était alors retiré au mont Minobu. En fonction du contenu, ce Gosho est également intitulé « Traité sur les quatorze offenses ».

Le nom complet de Messire Matsuno était Matsuno Rokurô Saemon no jô. Par la suite, il devint Nyûdô, ou "entré dans la voie". Il était le suzerain du district de Matsuno, dans la région de Ihara, du pays de Suruga. Il aurait eu trois enfants. L’un d’eux, l’aîné, prit la succession de son père dont il reprit le nom de Rokurô Saemon. La seconde, se maria avec un des membres de la famille Ueno et devint plus tard la veuve de Ueno, mère de Messire Tokimitsu. Le troisième, entra jeune dans les ordres au temple Shijûku-in où, il rencontra Nikkô Shônin dont il devint le disciple. En la 7e année de Bun’nei, il devint disciple direct de Nichiren Daishônin dont il devint, par la suite, l’un des six disciples majeurs sous le nom de Nichiji.

Le 17 février de la même année, Nichiren Daishônin avait écrit la « Missive à Messire Matsuno » dans laquelle il disait :

"Tout en étant un laïc, alors que tous me détestent et bien que vous ne m’ayez pas encore rencontré, pourquoi m’accordez-vous ainsi votre confiance" ?

Selon cette lettre on comprend que Messire Matsuno a commencé la pratique au début de la 2e année de Kenji. Le processus ayant entrainé sa conversion n’est pas précis, car diverses thèses existent. Toutefois, l’une d’entre elles établit que Shimotsuke kô Nichigen, dont le nom est cité dans cette lettre était devenu disciple de Nichiren Daishônin, converti par Nikkô Shônin. Ce serait Nichigen qui aurait converti à son tour Messire Matsuno. Dans tous les cas, ses enfants ayant tous un lien profond avec Nikkô Shônin, il est hors de doute que Nikkô Shônin, Nichiji et les gens de la famille Nanjô lui ont fait shakubuku.

Par ailleurs, au moment de sa conversion, il était déjà d’un grand âge et il ne put rendre visite à Nichiren Daishônin au mont Minobu. Toutefois, il fit sans cesse des offrandes sincères et fit des efforts quotidiens dans le Gongyô et la récitation de Daimoku pour sa propre boddhéité. Il quitta ce monde en novembre de la 1ère année de Kôan (1278).

Comme d’habitude, je vais résumer ce Gosho dans son ensemble.

Au début, Nichiren Daishônin fait l’éloge de l’attitude dans la foi de Messire Matsuno vis-à-vis de l’offrande qu’il lui a faite et explique sa condition au mont Minobu, disant "alors que peu de gens viennent me voir, il est très étrange que vous m’écriviez souvent".

Il loue ensuite maître Nichigen qui, rejetant les honneurs et la renommée, convertit de nombreuses personnes, dont Messire Matsuno.

Nichiren Daishônin répond ensuite à la question posée par Messire Matsuno : "Y a-t-il une différence au sein des œuvres et vertus de la récitation du Daimoku", en exposant les raisons pour lesquelles il n’existe pas de différence d’œuvres et vertus entre les Daimoku récités par un sage ou un sot. Par contre, il met en garde contre les "quatorze offenses" dans le cadre de la pratique du « Sutra du Lotus », offenses auxquelles doivent faire attention les moines comme les laïcs.

La partie étudiée aujourd’hui concerne justement ce point.

Nichiren Daishônin enseigne ensuite l’attitude spirituelle que doivent avoir les moines et les laïcs par le biais de l’exemple de la recherche du Dharma au péril de sa vie, faite par le Garçon des monts enneigés (Sessen Dôji) qui, par esprit de recherche jeta son corps en pâture à un ogre.

Ensuite, citant le sutra, il dénonce l’attitude des moines se livrant aux plaisirs et aux débats inutiles, les qualifiant d’animaux, de voleurs ayant revêtu la peau des maitres du Dharma et exhorte à l’ascèse en rejetant son corps et sa vie et à la propagation par shakubuku.

Nichiren Daishônin conclut ensuite cette lettre par l’importance pour les laïques de la récitation du Daimoku et de l’offrande. En outre, il préconise la diffusion par shakubuku et explique l’état de vie de la boddhéité suprême en décuplant sa foi.

Je passe à présent aux commentaires de la phrase.

Dans le quatrième volume de ce sutra, il est dit : qu'il soit laïc ou qu'il soit moine, critiquer ne serait-ce que d'un mot celui qui garde le Sutra du Lotus est un crime grave, plus grave que de critiquer directement le vénéré Shakya pendant un éon. Le sutra rajoute "que ce soit à tort ou à raison".

Comme je l’ai déjà dit, cette lettre est une réponse à une question posée par Messire Matsuno : "y a-t-il une différence dans les œuvres et vertus dans la récitation du Daimoku". ? Nichiren Daishônin répond qu’il n’y a pas de différence entre le Daimoku récité par un sage et celui récité par un sot. Il précise toutefois que "Toutefois, si l’on s’oppose au cœur de ce sutra, il y a alors une différence". Il existe une différence dans le Daimoku récité par celui qui commet les quatorze offenses et qui critique le pratiquant du « Sutra du Lotus ».

Tous les êtres possèdent la nature du Bouddha. Tout le monde garde la graine permettant de devenir Bouddha. Aussi, si l’on a foi et pratique correctement le « Sutra du Lotus », tout le monde peut recevoir la grande œuvre et vertu de devenir Bouddha.

En d’autres termes, celui qui garde le « Sutra du Lotus » est proche du Bouddha. Dès lors, critiquer cette personne constitue un crime "plus grave que de critiquer directement le vénéré Shakya", comme cela est écrit dans le « Sutra du Lotus ».

En fait, ceux qui gardent le Gohonzon et pratiquent l’ascèse de la foi cultivent leur nature du Bouddha. Aussi, les critiquer, revient à critiquer le Bouddha, ce qui est un crime grave.

Ou encore, par exemple, une personne venant juste de commencer la pratique est critiquée par une autre. Ayant encore une foi superficielle et n’ayant pas encore établi une pratique solide, elle risque d’être ébranlée par les médisances et concevoir des doutes, ayant pour effet de lui faire arrêter la pratique. L’incroyance étant une offense au Dharma, faire commettre l’offense au Dharma aux autres par la médisance détruit la graine de Boddhéité. C’est pourquoi, ce crime est plus grave que d’offenser le Bouddha lui-même.

En même temps, ceci montre la grandeur des œuvres et vertus de la foi dans le « Sutra du Lotus ».

La cohésion des corps différents animés d’un cœur unique est importante dans la pratique de la Nichiren Shôshû. Nichiren Daishônin écrivait :

"Avec des corps différents animés d’un cœur unique tout pourra être réalisé. Un corps unique doté de cœurs partagés ne réaliseront rien". (Sur les corps différents animés d’un cœur unique)

Si des gens progressant vers la vaste propagation dans la cohésion des corps différents animés d’un cœur unique se montrent mutuellement les dents ou se critiquent, c’est, comme le souligne la phrase lue à l’instant, un grave crime, entrainant finalement la chute dans l’enfer aux souffrances sans intermittence.

"Que ce soit à tort ou à raison".

Prenons l’exemple d’une personne appelée A. Admettons que monsieur A ait dit du mal d’un pratiquant. De plus, Monsieur B, qui a entendu les médisances répand autour de lui que "Monsieur A dit du mal d’untel". Dans de telles conditions, on ne peut pas construire une organisation où règne l’esprit des corps différents animés d’un cœur unique. C’est ce à quoi Nichiren Daishônin met en garde.

Que Monsieur A ait dit du mal de quelqu’un d’autre est peut-être vrai. Ou bien, en raison d’une méprise, il a peut-être seulement eut l’air de dire du mal. Toutefois, que ce soit vrai ou non, il ne faut pas l’utiliser pour critiquer cette personne.

Que faut-il faire en de telles circonstances ? Ce n’est pas par l’intermédiaire d’une tierce personne, mais c’est à Monsieur A qu’il faut parler directement. S’il l’a vraiment dit, on peut alors lui parler de manière à ce qu’il se corrige. Par contre, s’il s’agit d’un malentendu, on le comprend en parlant directement avec l’intéressé. Le dire à d’autres sans agir ainsi rompt le lien des corps différents animés d’un cœur unique. Nous devons tous faire attention.

Lorsqu’on a la pensée de "détester l’autre", même si en surface, on a l’air d’avoir une foi remarquable, on ne peut cependant pas dire que c’est la foi de la Nichiren Shôshû, en particulier la foi des gens du Hokkekô. C’est en fait la une pensée fondée sur la vie des asuras, qui devient cause modifiant l’aspect, le caractère, déterminant la chute future en enfer.

Lisant cela, je me fais cette réflexion : même s'ils l'ont oublié, ceux qui gardent le Sutra du Lotus ne doivent pas se critiquer mutuellement. La raison est que tous ceux qui gardent le Sutra du Lotus sont immanquablement Bouddha. Critiquer un Bouddha est un crime.

C’est pourquoi, il ne faut pas qu’au sein du Hokkekô, on se querelle ou se déteste mutuellement.

L’environnement dans lequel nous avons été éduqué, notre caractère, sont différents de l’un à l’autre. Et puis, nous sommes tous des êtres ordinaires dotés de nombreux défauts. C’est parce qu’on ne tient pas compte de ces éléments et que l’on réfléchit de manière égoïste, que l’on profère des médisances.

Si l’on pensait plus tôt : "puisque cette personne a le Gohonzon, elle va devenir Bouddha", on ne pourrait plus dire du mal d’elle.

Egalement, si l’on amène au temple une personne à qui on a fait shakubuku et qu’à ce moment, les uns disent du mal des autres, on donnera à cette personne l’impression que "tu dis que c’est la religion correcte, mais il n’y a rien de différent". Cette attitude constitue alors un frein à la marche de la vaste propagation.

A présent, tous les moines et laïcs s’efforcent dans la foi de la pratique personnelle et de la conversion d’autrui, tournés vers la mission qui leur a été conférée pour 2015. Je souhaite qu’afin de ne pas nous mettre mutuellement des bâtons dans les roues, nous devons progresser dans l’unité autour du Gohonzon.

Je souhaite que chacun grave ce passage du Gosho dans sa vie et, dans la perspective de la vaste propagation, nous puissions construire un Hokkekô avec des corps différents animés d’un cœur unique. C’est par ces mots que j’achève mon sermon de ce mois.

Je vous remercie.

 

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