Sermon de Okô

Août 2012

 

Réponse à la nonne Sennichi

(Sennichi ama goze gohenji - 千日尼御前御返事)


Du pays de Sado jusqu’à ce pays, il faut [parcourir] mille lieues et traverser des montagnes et la mer. En tant que femme, en raison de votre dévotion envers le Sutra du Lotus, vous avez chaque année envoyé votre époux me rendre visite. Il est certain que le Sutra du Lotus, Shakyamuni, Nombreux trésors et les bouddhas des dix directions connaissent votre dévouement. Comme la lune située dans le ciel à quarante mille yojana se reflète instantanément dans un étang sur la terre, comme le tambour de la porte du tonnerre, bien qu’éloigné de dix millions de lieues est entendu instantanément lorsqu’il est frappé, bien que votre corps demeure au pays de Sado, votre cœur parvient jusqu’à ce pays. Il en est de même pour la voie menant à la bouddhéité. Bien que nous demeurions sur la terre souillée, notre cœur demeure sur la montagne sacrée.

Je vous remercie d’être venus vous recueillir au temple pour participer à la cérémonie de Okô exprimant notre gratitude envers la bienfaisance du fondateur de notre école Nichiren Daishônin.

Ce mois-ci, nous lisons un extrait de la Réponse à la nonne Sennichi.

Ce Gosho est une lettre adressée à la nonne Sennichi, épouse d’Abutsubô. Il existe deux Gosho intitulés Réponse à la nonne Sennichi. L’original de l’un d’entre eux existe toujours. Il est daté du 28 du 7ème mois de la 1ère année de Kôan (1278). L’autre a disparu, mais il est considéré comme avoir été écrit le 19 du 10ème mois de la même année.

Le Gosho lu aujourd’hui est cette dernière lettre. Nichiren daishônin l’écrivit à l’attention de la nonne Sennichi et la confia à Abutsubô, au moment où celui-ci, venu à Minobu apporter des offrandes d’argent et de riz bouilli séché allait repartir pour l’île de Sado.

Je vais à présent parler du Gosho dans son ensemble.

Au début, parlant des offrandes, Nichiren daishônin indique que le grand roi Aśoka ou le Bouddha pour soi étaient parvenus à leur état de vie grâce aux offrandes sincères que l’un comme l’autre avaient faites au Bouddha dans leur vie passée.

Ensuite, il révèle que le sutra du Lotus est le maître de tous les bouddhas et que tous les bouddhas et bodhisattvas sont nés du caractère Myô du sutra du Lotus. Il définit ensuite clairement que le sutra du Lotus est le seul et unique sutra du grand véhicule. Enfin, il affirme que faire les œuvres et vertus de l’offrande au sutra du Lotus sont identiques à celles de faire l’offrande aux bouddhas et bodhisattvas des dix directions.

En outre, Nichiren daishônin révèle que les femmes qui gardent le sutra du Lotus, roi lion de tous les sutras, non seulement peuvent effacer instantanément leurs diverses fautes, de plus, ces fautes se manifestent sous formes d’œuvres et vertus. Il donne également un enseignement sur « l’aspect au moment de l’instant final ».

Puis, Nichiren daishônin explique que le fait que la nonne Sennichi vienne le visiter par l’intermédiaire de son mari, en ce mont Minobu, éloigné de mille lieues fait que, même en étant restée à Sado, son cœur est à Minobu, accompagnant Abutsubô. Egalement, il assure que les Bouddhas des dix directions observent l’esprit de recherche de Sennnichi. Le passage de ce jour est situé dans cette partie.

Enfin, Nichiren daishônin conclut sa lettre en encourageant encore Sennnichi, lui soulignant « l’importance du comportement dans la foi ».

Avant d’entrer dans le passage de ce jour, je voudrais parler d’une autre partie du même Gosho.

Je viens d’expliquer les grandes lignes de ce Gosho. Au cours de cette explication, j’ai dit : « non seulement peuvent effacer instantanément leurs diverses fautes, de plus, ces fautes se manifestent sous formes d’œuvres et vertus ».

Cette phrase explique le principe de « transformations du poison en élixir », enseigné uniquement dans le sutra du Lotus. Elle provient du Traité de grande sagesse, du bodhisattva Indien Nāgārjuna, dans lequel il est dit : « tel un grand maître des remèdes, capable de transformer le poison en élixir ».

Ce au sujet duquel, Nichiren Daishônin écrit :

« Que signifie donc "transformer le poison en élixir" ? C’est uniquement transformer les trois voies en trois vertus ».

Pour lui, transformer les mauvaises passions, l’accumulation du Karma et la souffrance en véritable état de vie de bonheur qu’est l’obtention de la bouddhéité dès ce corps est la véritable valeur des immenses œuvres et vertus de la transformation du poison en remède.

Toutefois, seul Nam Myôhôrengekyô des trois grands Dharmas ésotériques révélé par Nichiren daishônin permet de transformer les trois voies en trois vertus. Il déclare sans détour ce processus, en disant : « ces fautes se manifestent sous formes d’œuvres et vertus ». Autrement dit, grâce au fait de garder le bon Dharma, non seulement toutes les fautes sont immédiatement effacées, en outre, elles se transforment en d’infinis bienfaits. Ce faisant, il affirme les immenses et inconcevables œuvres et vertus du Dharma merveilleux.

Bien entendu, face à un malheur ou a de la souffrance, chacun souhaiterait les éviter. Toutefois, c’est justement dans ces moments que, grâce à la foi et à la pratique correctes et sincères du Dharma merveilleux, le malheur et la souffrance, que l’on peut qualifier de poisons, sont transformés en bonnes causes pour notre propre bonheur. Telle est la manière de vivre forte que nous enseigne Nichiren daishônin.

Dans les sutras antérieurs au sutra du Lotus, les trois voies (mauvaises passions, actes et souffrance) étaient des éléments détestables que l’on finissait par effacer par des ascèses pratiquées en renaissant à maintes reprises, au cours d’innombrables éons.

Or, le sutra du Lotus enseigne l’obtention de la bouddhéité dès ce corps. Il enseigne que n’importe qui peut manifester l’état de vie de la bouddhéité tel quel, sans changer d’apparence.

Nous-mêmes, rencontrons toutes sortes de difficultés et de souffrances. Cependant, nous devons avoir la conviction que si nous nous efforçons dans la pratique personnelle et la conversion d’autrui en gravant en nous cet enseignement de Nichiren daishônin, nous ne serons alors pas influencés par ces difficultés et souffrances et réaliserons tant physiquement que spirituellement un état de puissante force vitale et nous pourrons les transformer en bienfait de la bouddhéité.

Voyons à présent le passage de ce mois.

Du pays de Sado jusqu’à ce pays, il faut [parcourir] mille lieues et traverser des montagnes et la mer. En tant que femme, en raison de votre dévotion envers le Sutra du Lotus, vous avez chaque année envoyé votre époux me rendre visite. Il est certain que le Sutra du Lotus, Shakyamuni, Nombreux trésors et les bouddhas des dix directions connaissent votre dévouement.

Abutsubô visita par trois fois Nichiren daishônin, depuis Sado jusqu’à Minobu. Ceux qui ont visité Sado le savent bien, puisqu’il s’agit d’une île, il faut voyager en bateau pour se rendre jusqu’au Japon proprement dit. A l’époque, il n’y avait pas de grands bateaux surs comme il en existe aujourd’hui. Aussi, lorsqu’un vent violent soufflait, il fallait parfois attendre plusieurs jours jusqu’à ce que qu’il cesse. Même après la traversée, il n’y avait ni autocars ni chemins de fer. Il fallait donc marcher jusqu’à Minobu. Il y avait certainement des jours de pluie, des jours de vent et aussi le danger de rencontrer des brigands. C’est ainsi qu’après avoir traversé la mer, franchi des montagnes qu’Abutsubô se rendait à Minobu.

Sennichi ne put accompagner son mari, mais elle priait matin et soir le Gohonzon pour sa sécurité sur le chemin. Dans sa foi envers le Gohonzon, elle puisait la joie de la visite à Minobu de son mari et la force de le soutenir de loin. Nichiren daishônin loue son attitude en lui disant que, certainement, le sutra du Lotus, le vénéré Shakyamuni et tous les bouddhas connaissent son esprit.

« Comme la lune située dans le ciel à quarante mille yojana se reflète instantanément dans un étang sur la terre, comme le tambour de la porte du tonnerre, bien qu’éloigné de dix millions de lieues est entendu instantanément lorsqu’il est frappé, bien que votre corps demeure au pays de Sado, votre cœur parvient jusqu’à ce pays. Il en est de même pour la voie menant à la bouddhéité. Bien que nous demeurions sur la terre souillée, notre cœur demeure sur la montagne sacrée ».

Ici, Nichiren daishônin dit que, de même que le soleil et la lune, situés haut dans le ciel se reflètent instantanément dans un étang, comme le tambour de la porte du tonnerre s’entend de loin, l’esprit de Sennnichi est arrivé à Minobu. La porte du tonnerre est un portail cité dans les livres anciens de Chine. Il y avait en ce lieu un grand tambour.

Lorsqu’Abutsubô rentra à Sado portant cette lettre, il raconta sans doute à Sennnichi la situation de Minobu et l’état dans lequel se trouvait Nichiren daishônin. Il n’est pas difficile de supposer qu’à ce moment, lisant cette lettre, Sennnichi dut ressentir une vive émotion et, unissant encore plus ses forces, le couple raffermit sa détermination à réaliser la vaste propagation à Sado et sa propre bouddhéité.

Nous lisons la suite :

« Il en est de même pour la voie menant à la bouddhéité. Bien que nous demeurions sur la terre souillée, notre cœur demeure sur la montagne sacrée ».

Nichiren daishônin nous dit ici que si l’on a foi dans le sutra du Lotus et que l’on récite Nam Myôhôrengekyô, instantanément on réalise la bouddhéité. C’est tel que l’exprime l’exemple de la phrase précédente « comme la lune apparaissant dans le ciel se reflète instantanément dans un étang ». Aussi, bien que nés dans l’ère polluée des cinq souillures de la Fin du Dharma, le mont sacré apparaît tel quel dans nos cœurs ayant foi dans le Gohonzon. Autrement dit, la nature du Bouddha, présente dans notre cœur s’ouvre et nous devenons Bouddha dès ce corps. Telle est la signification de l’identité du monde de l’endurance et de la terre de la lumière sereine.

On dit que la dernière fois qu’Abutsubô se rendit à Minobu, il avait 90 ans. Il fit ce voyage, traversant la mer, franchissant les montagnes, malgré son grand âge, se disant à maintes reprises, « cette fois, c’est sans doute la dernière », avec l’unique pensée de rencontrer le Bouddha originel Nichiren daishônin. De son côté, son épouse, la nonne Sennnichi envoya son mari avec le même esprit, gardant la maison en accumulant la récitation du Daimoku.

Bien que l’époque ait changé, efforçons-nous dans la pratique personnelle et la conversion d’autrui avec le même esprit qu’Abutsubô et Sennichi ama.

C’est par ces mots que je termine mon sermon de ce mois. Merci de votre visite au temple.

Nouvelles publications

Depuis le 18/09/2014